L'Europe en quête de constitution
Ce procédé nouveau constitue, par lui-même, une rupture dans l'histoire de l'intégration européenne. Jusqu'ici, les Etats
membres ont soigneusement entretenu le flou sur les " finalités " de l'entreprise européenne. Peut-être cette logique a-t-elle
désormais atteint ses limites. Les débats suscités par la ratification du traité de Maastricht ont montré que les citoyens
étaient désarçonnés par le projet européen, en l'absence de consensus sur sa signification. Depuis lors, deux conférences
intergouvernementales ont abouti à de nouveaux traités sans pour autant trancher la question existentielle : à quoi sert l'Union
européenne ? Que fait-elle et que laisse-t-elle aux Etats, comment agit-elle ? La première tâche de la Convention est de tenter
d'apporter, après cinquante ans d'intégration européenne expérimentale, une réponse à cette interrogation cardinale.
La nouveauté de l'exercice réside aussi dans la méthode. Depuis le moment fondateur, la voie traditionnelle de réforme des
politiques et institutions de l'Union est la conférence intergouvernementale où les représentants des gouvernements débattent
longuement à huis clos. Les citoyens ne perçoivent que le résultat final, coulé en un traité complexe et technique. La Convention
doit, au contraire, débattre en public.
Paul Magnette Institut d'études européennes de l'ULB
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Depuis le printemps dernier, la " Convention européenne " réfléchit à l'avenir de l'Union européenne. Cent cinq membres, venus
des parlements et gouvernements nationaux, du Parlement européen et de la Commission, des pays candidats à l'adhésion, débattent
de ce que devraient être les missions et les institutions de l'Union au XXIe siècle. Si le débat n'en est qu'aux prémices,
ses vertus et ses limites commencent à se dégager.
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