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L'Union européenne et la gouvernance globale

Les trois sections, juridique, économique et politique, comportent des cours et des projets de recherche sur les relations extérieures de l'UE. En ce qui concerne notamment les études politiques, nous assistons à l'accroissement du nombre des étudiants choisissant l'option " Relations externes " prévue par le programme du DES, de mémoires de fin d'études - et aussi de thèses dans le cadre de l'Ecole doctorale- portant sur les enjeux des relations internationales, tant au niveau du Continent (l'élargissement oriental, la Méditerranée etc) que de la gouvernance et de la sécurité internationale. Des unités de recherche travaillent sur l'apport de l'UE à la gouvernance globale, sur la PESC, les organisations régionales existant ailleurs dans le monde, la coopération au développement, les pays de l'Europe centrale et orientale, souvent en collaboration avec l'Institut de Sociologie et d'autres Facultés et Centres de l'ULB. Cette floraison s'accompagne de la multiplication des relations de collaboration universitaires à l'échelle internationale, notamment avec les USA, le Canada, la Chine, le Japon et l'Amérique Latine.

Cette dynamique s'explique largement vu l'actualité brûlante des enjeux internationaux et le retour des questions de la sécurité, de la paix et de la guerre au centre de l'agenda international. En effet, en ce début du XXIe siècle, l'UE s'impose comme le deuxième acteur global. Force est de constater, que l'option pour le multilatéralisme comme forme la meilleure de gouvernance globale, contre l'unilatéralisme et au-delà du bilatéralisme, est en voie de devenir progressivement l'élément essentiel de l'identité internationale de l'Union européenne. D'ailleurs, les relations multilatérales internes, entre les Etats de l'Europe occidentale mêmes, sont à l'origine des succès de la construction européenne après la deuxième guerre mondiale, de la paix entre anciens ennemis et de la stabilisation de la démocratie. L'Europe est la partie du monde où le multilatéralisme s'est tout particulièrement bien enraciné et propagé. L'existence même de l'UE est un exemple relativement réussi de maîtrise de la globalisation et de prévention des conflits par la méthode du multilatéralisme. Ce qui est nouveau, c'est que, depuis 1989, l'UE prône activement l'application, tant à l'échelle continentale que globale, de ce qui constitue son expérience pratique multilatérale pluri-décennale.

A l'échelle du continent, il s'agit à la fois de réussir le défi de l'élargissement oriental dans le cadre d'une architecture de paix au niveau pan-européen, dans les domaines de la culture, de la prévention des conflits, des droits de l'homme, de la coopération économique et de surmonter les graves lacunes des politiques européennes vis-à-vis des voisins méditerranéens et orientaux.

Sur le plan global, l'UE a montré une détermination nouvelle et est devenue le principal défenseur du renforcement des régimes internationaux multilatéraux : le passage du GATT à l'OMC, l'engagement au sein des conférences de l'ONU de Durban, de Monterrey, de Johannesburg, l'identification politique aux principes de la sécurité collective et du monopole de l'autorisation au recours à la force, et également le soutien du système de l'ONU dans son ensemble. L'UE est à l'origine de la création de nouvelles formes de gouvernance multilatérale globale (la Cour pénale internationale, le Protocole de Kyoto et sa relance à Marrakech, malgré le refus américain…) et soutient activement les accords régionaux : MERCOSUR, Communauté andine, ASEAN, ECOWAS, SADC, etc ; elle affiche la volonté de canaliser les demandes des mouvements sociaux anti-globalisation et exprime sa vision civile et non purement militaire de la lutte anti-terroriste. Même si on assiste aux oscillations de plusieurs Etats ouest-européens, les convergences sur les défis internationaux se sont multipliées. Ce processus d'identification de l'UE au multilatéralisme économique, politique, commercial, environnemental, etc. mérite d'être ultérieurement développé, jusqu'à devenir un projet plus conscient et plus cohérent, mobilisateur des Etats et de l'opinion publique. Mais, si on veut avancer sérieusement dans cette direction, il faut que la Convention débouche sur un bond en avant vers l'Union politique et sur plus de cohérence de l'action externe en tant qu'acteur politique global, puissance civile multilatérale.

Mario  Telo
Institut d'études européennes de l'ULB

L'Institut d'études européennes de l'ULB est au centre d'une véritable percée de l'intérêt pour le rôle de l'Europe dans le cadre de l'évolution de la gouvernance globale.



 
  ESPRIT LIBRE > NOVEMBRE 2002 [ n°8 ]
Université libre de Bruxelles