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esprit libre

[à l'université]
 
 
 
Hâtons-nous lentement !

L'objectif de ce colloque organisé à l'initiative de Françoise Thys-Clément, patron du centre et ancien recteur de l'ULB, était de débattre des enjeux de la double évolution de l'enseignement en Europe et en Communauté française de Belgique.
Quatre thèmes, publiés récemment par la revue " Reflets et perspectives " y ont été abordés et mis en perspective : l'étudiant face au déterminisme socioculturel, la gestion universitaire, les politiques éducatives en Europe et la problématique du financement de l'enseignement en communauté française.
Une journée qui s'inscrivait donc adéquatement dans le cadre du " processus Bologne-Prague ". Un processus pour lequel, selon la ministre de l'enseignement supérieur, " nous sommes dans les délais européens ", en ayant évité la " guerre " qui se déroule actuellement en Flandres dans le secteur de l'enseignement supérieur.
Et Françoise Dupuis de se féliciter de la politique des pôles mise en place au départ des institutions d'enseignement elles-mêmes, évitant ainsi les regroupements forcés comme de l'autre côté de la frontière linguistique.

" Les pôles, je suis pour ! "

Dans un système d'enseignement supérieur très éparpillé, 30 hautes écoles et 9 universités pour 135 000 étudiants, Françoise Dupuis a rappelé son soutien aux pôles constitués " sur des bases géographiques et utilement pluralistes ", permettant une offre claire et diversifiée aux étudiants ainsi que la mise en commun d'infrastructures et de ressources humaines. En somme, les pôles apportent enfin, aux yeux de la ministre, une réponse pragmatique à la perplexité que peuvent ressentir les étudiants face à notre système " binaire ", universités - hautes écoles.
Rappelons que la première structure de ce type s'est concrétisée en février dernier en coalisant l'ULB avec cinq hautes écoles du réseau officiel au sein du Pôle universitaire européen de Bruxelles-Wallonie. Ce premier regroupement a été ensuite suivi par d'autres autour de l'Université Mons-Hainaut, puis de l'UCL et enfin de l'ULg. Les collaborations, la ministre les voit aussi bien entendu au niveau interuniversitaire où elle souhaite développer des départements transversaux.
Si Françoise Dupuis se déclare satisfaite des liens établis au niveau des écoles doctorales, elle l'est moins au niveau du second cycle où elle attend avec une certaine impatience les propositions des recteurs.

Réfléchir au système des crédits

La signature des accords de Bologne et de Prague sur l'enseignement supérieur soulève chez nous bien des questions car le modèle d'enseignement supérieur proposé à l'échelle européenne, diffère sensiblement de la structure actuelle de nos formations universitaires : un premier cycle de 3 ans au terme duquel les étudiants recevraient un titre de bachelor, suivi d'un autre cycle de deux ans qui aboutirait au titre de master.
Pour se conformer au modèle de Bologne, nos institutions d'enseignement supérieur sont aussi en train de mettre en place le système des crédits ECTS (European Credit Tranfer System). A terme, les étudiants du supérieur pourront décrocher leurs titres de bachelor et de master en accumulant des crédits ECTS obtenus dans différentes institutions à travers l'Europe entière.
Pour la ministre Françoise Dupuis, on ne peut passer à un système d'accumulation de crédits sans réfléchir. " Pour avoir un système d'unités capitalisables performant ", souligne la ministre, " il faudrait quasiment fonctionner à la carte ce qui est impayable et ingérable dans le contexte de notre pays ".
Tant il est vrai que l'on trouve aussi chez la ministre une réelle préoccupation sociale liée à l'accès aux études supérieures. Pour Françoise Dupuis, l'enseignement reste trop une " machine à reproduire les clivages sociaux ". Après l'augmentation des plafonds de revenus qui a permis d'élargir le nombre d'étudiants boursiers, la ministre vient de proposer de nouvelles mesures pour améliorer les conditions d'existence des étudiants boursiers. De la même manière, il faudrait également soutenir les programmes d'échanges de mobilité qui ne s'adressent aujourd'hui qu'à une minorité d'étudiants. Pour la ministre on est encore loin du compte : sur 135 000 étudiants dans le supérieur francophone, seuls 3000 d'entre eux (dont 1800 boursiers) partent en Erasmus.
Il reste donc de réels efforts à faire pour favoriser la circulation des étudiants en Europe.

Isabelle  Pollet


Reprenant l'adage " Hâte-toi lentement " à son propre compte, Françoise Dupuis, confirmant que nous serons prêts pour Bologne, a effectué sa rentrée politique à l'ULB, fin septembre, lors d'une journée d'études du centre de l'économie de l'éducation.



 
  ESPRIT LIBRE > NOVEMBRE 2002 [ n°8 ]
Université libre de Bruxelles