Rentrée académique 2005
Chaque année, aux alentours de la mi-septembre, les autorités convient les professeurs, les chercheurs, les personnels de
l'ULB, les étudiants et de nombreuses personnalités à l'auditoire Paul-Émile Janson pour la séance de rentrée académique,
la 172e cette année.
Parmi les politiques présents, on reconnaissait, entre autres, Benoît Cerexhe, Armand De Decker, Isabelle Durant, Olivier
Maingain, Michèle Nahum-Hasquin, Jean-Marc Nollet ainsi que l'habituée Françoise Dupuis et Marie-Dominique Simonet, ministre
de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des relations extérieures.
Du côté des étudiants...
Après les hommages et la minute de silence en l'honneur des membres disparus de la communauté universitaire, Cédric Libert
s'est exprimé au nom des étudiants administrateurs, ouvrant par la même occasion le bal des discours du jour. Ou plutôt, a-t-il
ouvert le feu...
Trempé dans le vitriol, son discours tirait à boulets rouges tous azimuts. Première cible : le processus de Bologne et les
métamorphoses " collatérales " prochaines de l'enseignement supérieur face au sous-fiancement chronique dont il continue à
souffrir. Cette année fut d'ailleurs marquée par un taux d'échec important en première BA, en partie attribué à l'absence
de moyens nécessaires à l'encadrement des étudiants. Victime suivante : le Conseil d'administration, et plus particulièrement
certaines de ses décisions. L'ire des étudiants administrateurs s'est d'abord abattue sur les proclamations new look " en
toges " et leur financement, avant de frapper de plein fouet la collaboration avec la Fondation 9 retenue pour le " plan langues
" (que les étudiants administrateurs ont pourtant validé). La gestion du patrimoine social, le manque de moyens de la délégation
étudiante et le numerus clausus ont ensuite été criblés de chevrotine.
Cédric Libert a, en conclusion, réclamé un large débat interne pour les prises de décisions et demandé à Marie-Dominique Simonet,
arrivée juste à temps pour l'entendre, de prendre ses responsabilités pour le financement et le bon fonctionnement de l'enseignement
supérieur.
...et du PATGS et du corps scientifique
Michèle Loijens, représentante du corps scientifique et du PATGS réunis, a constaté à travers la publication du plan Marshall
à quel point l'enseignement et la recherche demeurent indispensables au progrès social et économique ainsi qu'au développement
technologique et culturel. Malheureusement, elle aussi observe le manque de moyens financiers et humains. Résultats : le discours
relatif à la complémentarité recherche/enseignement se concrétise de plus en plus difficilement, l'allocation de base est
devenue insuffisante, le manque de personnel nuit gravement à la réussite des étudiants tandis que le nombre de chercheurs
hors cadre explose.
Or, il y a quinze ans à cette même tribune, elle avait déjà stigmatisé le statut du personnel hors-cadre ne bénéficiant pas
des mêmes droits en matière de pension ou d'avantages sociaux identiques à ses collègues salariés. Au rayon des avantages
sociaux, elle épinglera d'ailleurs les négociations pour le financement d'une assurance groupe généralisée destinée aux personnels
de la recherche.
À l'aube d'une année académique de changement au sein des structures directoriales de l'Hôpital Erasme et de l'ULB, Michèle
Loijens a assuré que le PATG dans son ensemble serait attentif à ce que ces renouvellements se déroulent dans le respect des
deux institutions et de leurs personnels. Enfin, la représentante du corps scientifique et du PATGS réunis s'est réjouie de
voir la mise en application du parallélisme des carrières du PATGS, corrigeant enfin certaines inégalités présentes... en
attendant un rattrapage des inégalités passées.
Vie et changement
Jean-Louis Vanherweghem, président du Conseil d'administration de l'ULB, a entamé son discours par un aperçu des nouveaux
cursus lancés et des découvertes ou innovations apportées par les chercheurs de l'institution. Il a ensuite cité les moments
forts qui ont émaillé la vie de l'Université : l'inauguration de l'hôpital de jour d'Erasme, la convention de coopération
entre les Instituts internationaux de physique et de chimie Ernest Solvay et la VUB et l'ULB, l'accréditation Equis de la
Solvay Business School, la visite royale au Biopôle ULB-Charleroi et la réussite de ce site qui accueillera bientôt un incubateur
d'entreprises et devrait jouer un rôle prépondérant dans le futur pôle de compétitivité " des sciences du vivant, de la santé
et de la pharmacie ".
Éternel nerf de la guerre, l'argent manque aussi au président du Conseil d'administration. L'équilibre financier de l'ULB
reste aujourd'hui une source de tracas. Immédiatement absorbé par l'augmentation des barèmes des personnels fixés... par la
Communauté française, le (trop) modeste refinancement des universités n'a pu avoir un effet spectaculaire. Les ressources
humaines constituant pourtant, selon Jean-Louis Vanherweghem, les seules richesses de l'institution, celle-ci se doit de les
protéger par tous les moyens.
Si 2005 a vu la Cité Héger se refaire une beauté, 2006 sera également placée sous le signe de la construction. La nouvelle
crèche de 120 places et une cité étudiante de 93 chambres verront le jour avenue Depage tandis que la bibliothèque des sciences
humaines devra subir un lifting. Mais l'Université voit déjà plus loin, et Jean-Louis Vanherweghem d'annoncer la stratégie
immobilière des campus pour les années à venir : Erasme s'affirmera comme le pôle de la santé, les espaces dégagés au Solbosch
et à la Plaine devraient permettre des regroupements fonctionnels pour la Faculté des sciences et l'expansion des surfaces
dédiées aux sciences humaines, et la Faculté des sciences devra être remise en état.
Dans son discours, le président s'interrogera également sur la pertinence des critères pour les classements des universités,
pourtant très à la mode depuis quelques mois, et reviendra sur la future pénurie de médecins, sur le plan langues et ses modules
gratuits de 30 h de néerlandais ou d'anglais pour 3500 étudiants, sur les activités de l'Académie et du Pôle, sur la réorganisation
du réseau hospitalier Erasme-IRIS et enfin, sur le taux d'échec des étudiants de première année.
Prévoir...
Dernier orateur de la journée, Pierre de Maret, nous a annoncé que demain, " il fera beau ".
Depuis la nuit des temps, l'homme a en effet essayé de prévoir l'avenir. Et le tableau du futur de notre Terre brossé par
le recteur n'est guère rassurant. Entre pression démographique, tarissement des énergies, paupérisation des populations...
la crise gangrène la planète et plus particulièrement l'Europe. Celle-ci finira d'ailleurs par ne plus peser bien lourd dans
la balance mondiale. Comment, dans de telles circonstances, peut-on dès lors espérer une éclaircie ? Tout dépend de l'état
d'esprit dans lequel nous nous trouvons ! Souhaitons-nous être spectateurs ou désirons-nous être acteurs du siècle à venir
et donner ainsi un sens à nos vies ?
Face à ces incertitudes, le recteur s'interroge et questionne l'ULB : que peut l'Université face à ces défis ? L'institution
est en prise directe avec l'avenir : elle accueille les jeunes générations, futur de notre société, et abrite la recherche
qui contribue à des innovations permettant de transformer l'avenir. L'Université doit également s'impliquer dans le débat
démocratique et contribuer à construire l'avenir. Elle constitue en effet un lieu propice à une réflexion sur nos sociétés,
nos valeurs et leur devenir : nous devons tenter de donner un sens à notre vie par nos pratiques et nos valeurs tout en faisant
émerger un nouvel humanisme européen.
En attendant, à défaut de pouvoir prévoir l'avenir avec certitude, il reste à l'inventer en développant la créativité. L'Université
peut être un élément fondamental du réenchantement de nos sociétés, d'un renouveau de nos démocraties et d'une reformulation
de notre rapport à l'avenir. Elle peut aussi incarner le moteur de la relance si toutefois on lui donne les moyens d'assurer
ces fonctions. Aux nouveaux étudiants, le recteur rappellera à cet effet la période de changements que vit actuellement l'Université.
Un vaste chantier auquel ils doivent participer afin de se préparer un avenir chantant.
Pour sa dernière leçon inaugurale, Pierre de Maret aura également rappelé la vision du rôle de l'Université qu'il a partagé
au cours de ses six années de mandat : " le pouvoir et le savoir doivent se combiner pour nourrir notre volonté de promouvoir
l'avenir ; il faut y croire, car c'est un devoir de prévoir ".
Comme le veut la tradition, pour clôturer la séance, les étudiants vêtus de leurs habits folkloriques ont descendu les marches
du Janson pour se mêler à l'assistance, et entonner en communion avec le Janson un " Semeur " dont les paroles étaient projetées
sur un écran géant par les techniciens du Centre des technologies au service de l'enseignement (CTE). L'après-midi s'est ensuite
achevé par un verre de l'amitié offert au Grand hall, permettant à tous, orateurs et spectateurs, de se désaltérer en commentant
dans un joyeux brouhaha l'année écoulée mais surtout l'année à venir.
Laurent Cortvrindt
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Constat de saison : les institutions universitaires sont grippées. À travers les discours de leurs représentants, les étudiants,
le corps scientifique et le PATGS ainsi que les autorités académiques n'ont pas manqué de le faire savoir au monde politique.
Tout en mettant en avant les réussites de l'année écoulée, le président du Conseil d'administration a rappelé ce diagnostic
tandis que le recteur prévoit l'arrivée d'un vaccin.
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Les textes des discours sont disponibles sur le site Web de l'ULB : www.ulb.ac.be/institution/zoom/index.html
Un sceau, six DHC de l'Université
Depuis le 21 mars, le sceau aux flambeaux, réservé au recteur depuis 1945, est devenu celui de l'ULB. Le symbole est clair
: les références de l'Université restent les flambeaux de la liberté et les lumières de la raison. Dans ce cadre, le 16 novembre,
l'ULB remettra les insignes de docteur honoris causa à six personnalités qui, par leur courage ou l'imagination, ont défendu
et illustré ses valeurs : Fadela Amara, Baltasar Garzon, Pierre Goldschmidt, Alpha Oumar Konaré, Albert Maistriau et Radhia
Nasraoui.
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