Didier Houvenaghel
Business et spiritualité conjugués
Pourtant tout est ouvert. Même mon esprit. Surtout mon esprit. Mais que vais-je écrire ? Que veulent-ils entendre ? Mon parcours
business outre-mer ou le cheminement spirituel conséquent à celui-ci ? Dire avec tristesse à ce milieu de laïques convaincus,
que certains champions autoproclamés de la tolérance devraient sortir découvrir le Monde ? Ou leur dire que le libre examen
- lorsque franc - donne un outil redoutable dans la vie ? Faire un article de questions ? Raconter le blanc, le noir, le
gris ?
Assoiffé de découvertes bien avant de quitter l'Univ', je me suis tourné vers le monde. Tôt, l'Amérique latine attira mon
attention. Elle semblait se démarquer par ses dictatures sanguinaires, ses révolutions sulfureuses, sa profonde histoire,
sa musique et ses diverses beautés. Ayant voyagé avec un oeil politique, philosophique, social ou économique, dans des social-
démocraties européennes, des libéralismes anglo-saxons, des républiques dites bananières, des post-dictatures, un pays socialiste
et dernièrement dans la diversité asiatique, un foyer insoupçonnable de réflexions me fut livré brut, tour à tour emballant
et répugnant. Nul n'est parfait. Nul n'est meilleur. Nul n'est moins bien. Le monde et les hommes se révèlent paradoxaux.
Et lorsque tombe la question " Mais où allons-nous ? ", tout se complique d'une dimension.
Bousculé, l'esprit - trop sensible - tente à paniquer, crier, vouloir réagir et se libérer de cette frustration de ne pas
se sentir en mesure d'agir contre ce que l'on dénonce. Car, que faire ? Comment améliorer notre environnement ? Qui à la prétention
de savoir ?... Comment apporter une pierre, un petit élément... Une molécule, juste un atome ou moins que cela, mais au moins
quelque chose, à l'extraordinaire chose qu'est notre humanité ? Car la vie est belle et mérite d'être vécue entièrement sans
compromis et parce que le monde est extraordinaire et mérite d'être parcouru et laissé en héritage intact à nos descendances.
L'Université libre de Bruxelles m'a donné des outils - progressistes et progressifs - encourageant une évolution et dès lors
la continuation ce qu'elle ne peut enseigner directement : le chemin personnel vers la compréhension du sens de la vie et
des valeurs humanistes. Depuis les débuts des temps, le bien et le mal s'affrontent... ouvertement sur des terrains explicites
ou plus secrètement dans le coeur de chacun. Et lorsque la confrontation s'engage, une spirale nous absorbe et mène vers un
meilleur ou vers un pire. Depuis que j'ai laissé notre Alma Mater, souvent j'ai vécu ces confrontations, souvent je me suis
demandé ou me mènerait cette spirale... Jusqu'au moment ou je pense avoir compris un des sens de la vie : vivre avec son coeur,
simplement, avec minimalisme même. Peut-être à ce moment nous aurons sereinement... l'esprit libre.
Avec cette force, vivrons-nous alors la liberté en toute sagesse ?... Mieux, nous la protègerons, la défendrons et l'enrichirons
naturellement de la beauté qu'elle mérite. Peut-être seulement alors, une puissante influence sera naturelle sur notre entourage,
sur la cité... et sur le monde. Le secret de l'efficacité tellement recherchée sera peut-être trouvé : en travaillant sur
soi-même nous travaillons à notre prochain.
" Frères, faites que nous ne soyons pas morts pour rien ", taillé dans le marbre du Grand Hall. Ayant parcouru monts et vallées,
rencontré sages et moins sages, fait beaucoup d'erreurs, je commence à comprendre ce qui m'était écrit sous le nez... C'est
ainsi que travaillant pour les cigares au Nicaragua, développant des softwares pour les services financiers à Singapore, cherchant
des fonds pour une académie de violons au Brésil, ou vagabondant à Houtsiploux... chaque 20 novembre, fidèle au rendez-vous
symbolique à 17:00PM, heure du Sablon, je lève mon verre à la santé de la femme qui m'est chère et à celles et ceux qui travaillèrent,
travaillent et travailleront modestement au bien de l'humanité.
Car ce symbole est bien concret, Caramba ! Mais ces valeurs resteront-elles toute la vie si concrètes en mon sein ? Et notre
Université fournira-elle toujours ces outils si précieux aux générations d'étudiants à venir ?
Parcours
Diplômé de la Section interfacultaire d'agronomie (promotion 1999). Un troisième cycle en gestion d'énergies, des cours libres
à l'Université de Pinard del Rio à Cuba, un stage à la Commission européenne (DG Recherche). Passe par un cabinet en conseil
en stratégie à Paris. Écrit un livre sur les cigares (Le Cigare, de la Culture à l'Art, 2005). En 2002, création d'une nouvelle
marque de cigares. En septembre 2005, découvre l'Asie en s'établissant à Singapour. Reste quelques mois dans le sud-est asiatique
avant de revenir en Europe... puis repart à Singapour, pour développer une société de développement de softwares de planification
et de gestion financière. Sa dernière grande réalisation : le lancement d'une académie de violons pour enfants déshérités
au Brésil (www.violonsdelespoir.org).
Didier Houvenaghel
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Étendu sur le sofa dans l'obscurité, les yeux au ciel, l'esprit vague... La fumée du cigare s'épand, s'élève et croise mon
regard... Puis, mêlée aux parfums exquis du plateau de thé, cette volute aromatique est emmenée par le souffle de l'air singapourien.
L'ambiance est moite, presque suffocante. Ce courant d'air, chaud, tel un liquide velouté, caresse le corps en rendant la
peau halitueuse. C'est sensuel et dérangeant à la fois. Le ventilateur à grandes palles et les portes vitrées béantes n'arrivent
que timidement à aérer l'atmosphère.
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