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HANS VAN GINKEL À l'assaut des problèmes mondiaux

Esprit libre : L'Université des Nations unies a fêté ses 30 ans l'année dernière. Quel rôle une telle université doit-elle encore jouer aujourd'hui ? L'objectif a-t-il changé ?
Hans Van Ginkel : L'initiative a été lancée en 1969 par U Thant, à l'époque secrétaire général des Nations unies. Il s'agissait alors de créer un nouveau type d'université, centrée sur la recherche et sur la promotion de la coopération internationale entre les chercheurs : aujourd'hui encore, nous faisons office de pont entre la communauté universitaire et les besoins des Nations unies. L'intitulé " université " porte un peu à confusion dans le cas de l'UNU car elle ne poursuit pas de mission d'enseignement. Il s'agit plutôt d'un think tank (cercle de réflexion) qui s'articule autour des préoccupations de l'ONU, à savoir la paix et la gestion, la sécurité, l'environnement, le développement et les sciences et technologies. L'UNU est donc étroitement liée à l'ONU, tout en gardant une certaine distance. Nous formons une communauté internationale de chercheurs qui regroupe des experts du monde entier et en particulier des pays en voie de développement. L'objectif général - trouver des solutions par la recherche fondamentale et le renforcement des capacités - est toujours le même mais les problèmes inscrits à l'agenda des Nations unies se multiplient.

Esprit libre : Qui sont les étudiants de l'UNU ?
Hans Van Ginkel : L'UNU propose de courts programmes de formation liés aux problématiques de l'ONU via son réseau de centres et de programmes de recherche et de formation mais pas de programmes d'études universitaires à proprement parler : elle s'adresse aux diplômés de toutes les universités, leur offrant la possibilité de mettre en pratique ce qu'ils ont étudié. Nous accueillons ainsi des doctorants qui suivent leur programme du 3e cycle dans leur propre université mais qui effectuent des recherches sur les thèmes qui nous préoccupent. De plus, de jeunes chercheurs issus de pays en voie de développement reçoivent, grâce à l'UNU, une formation supérieure en tant que boursiers de l'UNU. Ce sont eux qui forment la communauté " étudiante ".

Esprit libre : Qu'est-ce que l'UNU et l'ULB peuvent avoir en commun ?
Hans Van Ginkel : La première chose qui me vient à l'esprit est la quête du savoir - pas seulement au sens strictement scientifique du terme, mais également au sens large - ce qui englobe la responsabilité que nous avons envers la société et le fait de se consacrer aux enjeux qui la concerne. Ces enjeux recouvrent des questions complexes qui elles-mêmes donnent lieu à des réponses complexes. Et, bien que ces réponses puissent être expliquées avec un vocabulaire simple, en aucun cas les questions ne peuvent être simplifiées. Les activités organisées à l'ULB et la façon dont Françoise Thys-Clément (ancien recteur et responsable du Centre de l'économie de l'éducation) oeuvre au développement de l'ULB représentent bien cette prise de conscience que l'avenir du monde ressort de notre responsabilité.

Esprit libre : Vous avez été le recteur de l'Université d'Utrecht. La gestion universitaire est-elle une de vos passions ?
Hans Van Ginkel : En fait non, c'est plutôt un concours de circonstances. Après mon mandat de recteur de l'Université d'Utrecht, j'aurais pu reprendre mon travail au sein de la Faculté des sciences géographiques mais l'UNU m'a attiré de part les sujets qui y sont traités et le travail qui pouvait y être accompli. C'est donc bien l'agenda de l'UNU qui m'a donné envie d'y être recteur, et non une réelle passion pour la gestion.

Esprit libre : L'UNU est située à Tokyo, vous devez donc passez beaucoup de temps au Japon. Vous êtes vous facilement adapté au mode de vie japonais ?
Hans Van Ginkel : Je suis né en Indonésie et j'ai toujours aimé l'Asie. Je m'y sens chez moi. Tokyo est une ville très cosmopolite, encore plus que la plupart des villes européennes. Il faut bien sûr s'adapter au mode de vie japonais, mais avec beaucoup moins de difficultés que l'on ne pourrait l'imaginer.

Esprit libre : Le développement urbanistique compte parmi vos nombreux centres d'intérêt. Que pensez-vous d'une ville comme Bruxelles ?
Hans Van Ginkel : Je me rappelle les propos que le directeur belge d'une brasserie hollandaise a tenus lors d'une interview : lorsque l'on traverse la frontière belgo-hollandaise, aux Pays-Bas, on voit immédiatement les résultats d'un plan d'urbanisme original alors qu'en Belgique... il n'y en a pas. Cette observation vaut également pour Bruxelles : il suffit de voir les gratte-ciels qui défigurent le centre historique. La capitale belge aurait pu se développer de façon beaucoup plus harmonieuse sans pour autant perdre de sa fonctionnalité, en tenant compte à la fois de la dimension économique et de la dimension humaine.

Amélie Dogot


Recteur de l'Université des Nations unies (UNU) depuis 1997, Hans Van Ginkel était l'invité d'honneur d'une conférence organisée les 30 novembre et 1er décembre 2006 à l'ULB et consacrée aux Objectifs du millénaire pour le développement . Ces objectifs adoptés par les pays membre de l'ONU en 2000 illustrent parfaitement le combat que le professeur Van Ginkel mène à la tête d'une université pas comme les autres.



 
  ESPRIT LIBRE > DECEMBRE 2006 [ n°45 ]
Université libre de Bruxelles