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[à l'université]
 
 
 
DHC : des personnalités honorées, des valeurs à défendre

Avec les insignes de docteur honoris causa, l'Université entend, selon une tradition ancienne, honorer des personnalités qui ont, par leur pensée, leurs travaux ou leurs actions, marqué leur époque notamment dans les domaines des sciences, des arts ou de la politique. Chaque DHC reçoit l'épitoge de l'ULB, un diplôme rédigé en latin et une médaille argentée frappée à l'effigie du sceau au flambeau. Lors de cette séance, les autorités académiques membres du Conseil d'administration revêtent une tenue vestimentaire composée d'une toge, d'une toque - et dans le cas du recteur d'une épitoge - selon le portrait d'Erasme par Holbein le Jeune. L'ULB rend ainsi hommage à l'humaniste dont l'esprit encyclopédique et la liberté de pensée et d'expression s'accordent avec les principes fondamentaux de l'Université du libre examen.

Jean-Louis Vanherweghem, président du Conseil d'administration, a ouvert la séance en rendant hommage à Arthur Haulot et Simon Wiesenthal, deux DHC de l'Université disparus cette année. Les facultés et instituts ont ensuite décoré leurs invités.

Les DHC de l'Université

Après un intermède musical, le recteur Pierre de Maret a prononcé l'éloge des DHC de l'Université, devant un Janson où avaient notamment pris place Marie Arena, Armand De Decker, Françoise Dupuis, Fadila Laanan et Anne-Marie Lizin.

Première des personnalités à recevoir ses insignes, Fadela Amara a fondé et préside " Ni putes, ni soumises " depuis 2003. Ce mouvement pour la laïcité, la mixité et l'égalité, lutte contre la régression du statut des femmes, le machisme, le racisme, l'homophobie, l'antisémitisme et regroupe en 2005 une centaine de comités et des milliers d'adhérents. Ce mouvement prend racine aujourd'hui en Belgique.

Vint ensuite le tour de Baltasar Garzon, le juge espagnol mondialement célèbre pour sa lutte contre la fraude, la corruption, le blanchiment d'argent, le terrorisme, le trafic d'armes et de stupéfiants, l'impunité, les crimes contre les droits de l'Homme, la criminalité transnationale, l'instruction du dossier des violations au Chili...

Pierre Goldschmidt, ingénieur et docteur électromécanicien de l'ULB est l'ancien directeur général adjoint de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Prix Nobel de la paix 2005) ayant en charge la responsabilité de la non-prolifération nucléaire dans le monde. Il a oeuvré pour la préservation de l'environnement et la paix dans le monde.

Ancien président démocrate du Mali, Alpha Oumar Konaré (qui s'était fait représenter), élu président de la commission de l'Union africaine en 2003, prône le développement endogène de son pays et de son continent et s'est notamment engagé pour l'amélioration des conditions de vie, la pacification et le désarmement en Afrique.

Ancien étudiant de l'ULB et membre du groupe G depuis 1942, Robert Maistriau a, le 19 avril 1943, participé à l'un des faits d'armes les plus téméraires de la résistance en arrêtant le XXe convoi de déportés, sauvant ainsi des dizaines de Juifs. " Juste parmi les Nations ", symbole de l'humanisme, du courage, de la liberté et du refus de l'inéluctable, il a connu l'enfer des camps de concentration.

Enfin dernière décorée, l'avocate tunisienne Radhia Nasraoui, qui consacre sa vie à la défense des droits de l'homme, des libertés et de la démocratie, et se bat pour l'émancipation de la femme tunisienne. Malgré les harcèlements incessants sur sa personne et sa famille, elle continue à dénoncer les excès du régime tunisien.

Pour clôturer cette séance académique, Fadela Amara a pris la parole au nom des DHC de l'Université. La voix emprunte d'émotion, elle a six fois remercié l'ULB pour les égards personnels qu'elle venait de rendre. Courageux petit bout de femme, elle a également souligné qu'a travers ces distinctions, la communauté universitaire témoignait avant tout de sa reconnaissance envers les victimes des maux combattus par les DHC. Cet hommage solennel honore le courage dont ils font ou ont fait preuve.

Laurent Cortvrindt


Lors d'une séance académique prestigieuse et émouvante, le 16 novembre, l'ULB a remis 6 insignes de docteur honoris causa. Le choix s'est porté sur Fadela Amara, Baltasar Garzon, Pierre Goldschmidt, Alpha Oumar Konare, Robert Maistriau et Radhia Nasraoui pour avoir défendu les valeurs de l'Université avec courage ou imagination. Les facultés et instituts ont quant à eux remis 8 DHC.



Les DHC des facultés et instituts
Philosophie et lettres : Jean-Noël Jeanneney, professeur à l'Institut d'études politiques de Paris.
Droit : Philippe Jestaz, professeur émérite de l'Université de Paris XII.
Sciences : Cheryl Elisabeth Praeger, professeur au Département de mathématiques et statistiques de l'University of Western Australia.
Sciences appliquées : Sébastien Candel, professeur à l'École centrale de Paris.
Médecine : Joël Bockaert, professeur à l'Université de Montpellier.
Sciences sociales, politiques et économiques : Michael Herzfeld, professeur d'anthropologie à l'Université d'Harvard.
Sciences psychologiques et de l'éducation : James L. McClelland, professeur en psychologie et neurosciences cognitives à l'Université de Pittsburgh.
Institut des sciences du travail : Alan B. Krueger, professeur en économie, politiques et affaires publiques à l'Université de Princeton.
Au nom des DHC des facultés, Alan Krueger a partagé son sentiment de fierté d'avoir reçu ces prestigieux insignes en compagnie de sommités de disciplines très diverses.

Revivez la cérémonie en couverture arrière de ce magazine et découvrez les discours d'hommage prononcés le 16 novembre sur : http://www.ulb.ac.be/docs/ulb-prestige/dhc.html

 
  ESPRIT LIBRE > JANVIER 2006 [ n°35 ]
Université libre de Bruxelles