Chaque mois, l'ULB et son Union des anciens étudiants éditent un magazine intitulé "Esprit libre". Pour permettre au plus grand nombre de le lire, notamment nos diplômés séjournant à l'étranger, nous vous proposons ici une version "Web" du magazine. Pour des raisons de simplicité et pour vous éviter le chargement de fichiers trop lourds, cette version a sa mise en page propre dans laquelle nous avons choisi de ne garder que les textes et de ne pas reprendre les illustrations.


éditorial

Sciences : je t'aime, moi non plus ?

" La science vaincra les ténèbres ". Cette fière devise qui figure sur nos sceaux a longtemps constitué le credo des libres-penseurs et de ce qu'il convenait d'appeler le camp du progrès. Dans le sillage de la Fée Électricité, la science allait éclairer l'humanité, et remiser à jamais les obscurantismes dans les caves du Musée Spitzner. Mais après les abominables expériences nazies, la bombe d'Hiroshima, les catastrophes de Bhopal, Three Miles Island, Seveso et Tchernobyl, un doute croissant s'est installé dans les esprits. Un doute basé sur des peurs fondées, mais aussi sur des craintes irrationnelles, sur des croyances et ce qu'il convient d'appeler aujourd'hui des " hoaxes ", c'est-à-dire des rumeurs fausses mais incontrôlables… elles-mêmes propagées par les moyens de communication mis au point par les scientifiques.

C'est ainsi que nous avons vu se développer progressivement de puissants débats contradictoires - pas toujours très objectifs, hélas - sur les OGM, la vaccination, les cellules souches, l'énergie nucléaire, le clonage ou les conséquences possibles de nos technologies productivistes sur le climat, cependant que la doctrine du " New Age " ouvrait le champ à des pratiques hétérodoxes dont toutes - c'est une litote - ne reposaient pas sur le doute méthodique et l'observation scientifique. Récemment, on a même entendu des prédicateurs nous révéler que le SIDA, les catastrophes météorologiques et les tremblements de terre représentaient autant de châtiments que le Très Haut faisait pleuvoir sur nos têtes mécréantes et pécheresses. Selon l'un d'eux la preuve est que, sur les images satellitaires, Katarina ressemblait à un fœtus ! Surtout, ne jurez pas : vous risquez de réveiller le Krakatoa.
Plus sérieusement, et a contrario, nos contemporains s'enthousiasment des progrès de la recherche contre le cancer et les maladies génétiques, de l'Internet, la téléphonie mobile, les techniques médicales non invasives, les traitements antidouleur, le GPS, la télévision par satellite, les TGV, les fours à micro-ondes et toutes ces inventions qui rendent la vie plus douce, la vie plus facile.

Il existe donc vis-à-vis de la science - des sciences -, un rapport d'attirance-répulsion qui n'est pas sans rapport non plus avec la manière dont elles sont enseignées et utilisées depuis l'école primaire. Trop souvent encore, cet enseignement fait figure d'épouvantail servant plus pour sélectionner que pour passionner, produisant ainsi des générations d'élèves épouvantés par le sérieux impavide de Saint-Maths ou les angles trop aigus des " sciences dures ". Qui sait combien d'esprits imaginatifs, créatifs, curieux, heureux d'apprendre, de découvrir les côtés fascinants des sciences, l'immensité de leurs univers, n'ont pas été définitivement découragés par la façon mécanique, sinistre, dont on les leur présentait ! Or, il suffit de voir comme au sein de nos Facultés ce sont l'enthousiasme, la créativité, le non conformisme et la joie d'inventer qui mobilisent nombre de nos étudiants et de nos chercheurs : pour eux, la science n'est pas coupée de la vie, elle est la vie même, avec ses passions, ses mystères.

Ce rapport ambivalent entre les sciences et nos contemporains mérite de faire l'objet d'un large débat et d'une réflexion de fond. Redéfinir la place de la science et réfléchir à ce qu'elle représente, comment elle est promue, exploitée, enseignée, expliquée et sur quelles valeurs fondamentales elle repose : voilà autant de tâches que le génie joyeux d'Einstein nous invite plus que jamais à accomplir au sein de nos Universités. Cette joie créatrice, je vous la souhaite pour toute l'année à venir.

Pierre de Maret
Recteur de l'ULB



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JANVIER 2006 [ n°35 ]

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>  Attention : un Einstein peut en cacher un autre...
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Université libre de Bruxelles