Solvay, c'est du champagne ... centenaire !
Esprit Libre : L'Ecole a mis le turbo pour son centenaire. Pourquoi cette volonté ?
Philippe Biltiau : Les décisions prises à Bologne introduisent une concurrence au sein du secteur de l'enseignement universitaire. La circulation
des étudiants au sein de l'Europe va s'intensifier : le système 3+2 va en effet permettre aux étudiants détenteurs d'un baccalauréat,
après 3 ans, d'aller suivre une Maîtrise de deux ans dans n'importe quelle université européenne.
Alors pour nous, le calcul est simple : nous devons rester suffisamment attractifs pour que le nombre d'étudiants entrant
en 4e année pour un Master excède le nombre de ceux qui nous quitteront pour poursuivre leur formation à l'étranger.
Esprit Libre : Vous avez donc lancé une réforme des programmes
Philippe Biltiau : Absolument, depuis un an, nous remettons à plat les programmes de nos cinq années. Cette réforme sera prête à passer en faculté
au printemps de cette année.
Afin de renforcer notre compétitivité sur le marché européen des écoles de commerce, nous avons également souhaité offrir
à nos étudiants une large palette de cours à option donnée par de prestigieux professeurs étrangers. Les étudiants de 4e et
e 5e Ingénieur Gestion de cette année ont cours avec plusieurs sommités internationales : Fons Trompenaars (Visiting Professorship
Van Rossum en Multiculturalité) est un économiste réputé de la Free University of Amsterdam ; Herwig Langohr (Chaire Goldschmidt
de Corporate Governance) dispense les enseignements de Finance et Banking à l'INSEAD depuis 1976 et Scott Meadow (Chaire Berheim
d'Entrepreneurship) enseigne l'Entrepreneurship à la Graduate School of Business de l'Université de Chicago.
Esprit Libre : On voit la nécessité d'appuyer cette démarche par le développement de chaires privées ?
Philippe Biltiau : Nous faisons appel au mécénat pour développer cette nouvelle infrastructure pédagogique et nous avons des projets pour près
de 10 chaires.
Comme la qualité et l'intensification des activités de recherche constituent aussi l'une de nos priorités, nous proposons
également aux mécènes d'appuyer le développement de centres de recherche ou de certains projets.
Esprit Libre : Vous avez les moyens de vos ambitions ?
Philippe Biltiau : Les conséquences directes de notre croissance exigeront des locaux.
A l'occasion du centenaire de l'Ecole, nous allons lancer une grande campagne de fund-raising auprès des anciens afin de financer
un nouveau bâtiment. La campagne silencieuse que nous avons menée depuis plusieurs mois, avec les conseils d'un professionnel
du fund-raising universitaire, a donné une série de résultats encourageants, qui je l'espère, auront un effet boule de neige.
Esprit Libre : Et vous avez l'encadrement suffisant pour ce programme ambitieux ?
Philippe Biltiau : Cette stratégie de croissance ne peut se faire sans une série de personnes travaillant à temps plein au marketing et au développement
de l'Ecole. La structure de gestion s'étoffe. Six personnes travaillent plein temps à ces développements. Et cela grâce à
la nouvelle participation des 3e cycles en Executive Education à un budget de développement de l'Ecole. C'est très révélateur
: la mentalité a changé
Nous avons maintenant l'ambition d'être une business school complète. A côté du programme d'ingénieur
de gestion, il existait une série de formations satellites organisées par des asbl sur lesquelles l'Ecole avait somme toute
fort peu d'autorité. Aujourdhui, nous changeons de perspective : l'Ecole regroupe aujourd'hui 1000 étudiants dans le programme
d'ingénieur de gestion ainsi que 800 étudiants inscrits dans les 18 cycles de MBA et d'Executive Education.
Esprit Libre : Dans ce domaine, vous créez beaucoup
Philippe Biltiau : Nous avons lancé, en septembre dernier, un Part time MBA, dirigé par Bruno Van Pottelsberghe. ; 28 cadres sont inscrits à
ce programme en anglais sur deux ans. Trois nouveaux programmes d'Executive Education (un Master in ICT Security and audit,
un Master en immobilier d'entreprise et l'Euromarketing Master Class) démarrent maintenant et nous en avons trois autres en
chantier pour la rentrée prochaine. Cela fera 7 cycles en douze mois
Esprit Libre : La croissance par le développement de nouveaux programmes donc mais aussi par une politique d'alliances
Philippe Biltiau : C'est vrai. Nous avons un projet de partenariat avec la VUB qui portera sur des échanges d'enseignants et une coordination
pour nos programmes de MBA et d'Executive Education afin d'éviter les concurrences stériles.
Toujours dans le cadre de l'internationalisation, nous avons une bonne politique d'alliance avec toute une série de business
school européennes. Parallèlement à cela, Bruno Van Pottelsberghe poursuit le développement du programme d'échange international,
qui est un de nos fleurons et qui fait de nous un des meilleurs élèves de la classe universitaire en terme de mobilité. Nous
offrons aujourd'hui à nos étudiants 47 destinations dans le cadre de ce programme d'échange, obligatoire chez nous. Tout étudiant
sorti de Solvay a passé un semestre à l'étranger et a partagé des cours dans un auditoire fréquenté à Bruxelles par des étudiants
issus de ces 47 destinations. Nous commençons donc à avoir des auditoires très multiculturels en 4e et 5e années où 25 % des
cours se donnent désormais en anglais.
Toujours dans cette optique internationale, nous avons édité une brochure en anglais présentant l'ensemble des programmes
de la SBS.
Esprit Libre : L'Ecole a fait de réels efforts en matière de communication ces derniers mois.
Philippe Biltiau : Nous devons communiquer davantage à l'avenir tant en Belgique qu'à l'étranger. Il faut renforcer notre image et doter l'Ecole
d'outils de visibilité.
En septembre 2001, nous avons lancé le " From Solvay to Business ", qui est devenu un véritable magazine de qualité professionnelle
et qui est pour nous un vecteur d'image essentiel.
Esprit Libre : Le centenaire sera également l'occasion d'accroître votre visibilité
Philippe Biltiau : Oui, les occasions d'organiser des relations publiques autour des activités que nous organisons pour fêter le centenaire de
l'Ecole ne manqueront pas.
Tout d'abord, c'est le mercredi 26 mars que sera célébré à l'auditoire Paul-Emile Janson, le premier siècle de l'Ecole, avec
une conférence internationale dont l'ambition est de rappeler celles organisées au début du siècle dernier par Ernest Solvay.
Son thème ? " Global Governance and Human Well-Being : Which Partnership for business, Government and Civil Society ? ". Il
y sera question de globalisation avec ses composantes économiques et politiques, en mettant en avant le rôle des ONG, de l'OMC,
des institutions internationales, tout en abordant des thèmes plus spécifiquement business : corporate governance, pratiques
du management, liens entre business et éthique, entre autres.
Parmi les orateurs les plus prestigieux, citons : Bengt Holmstrom (MIT, Human Ressources Management and Finance), Stewart
Myers (MIT Finance) et Pierre Morin (Sociologue des Organisations). C'est Mathias Dewatripont qui a accepté de diriger le
comité scientifique chargé d'élaborer le programme de cette journée. Jean-Claude Ettinger et son équipe organisent le tout.
Esprit Libre : Toujours dans le contexte académique, il y a aussi l'ouvrage consacré au centenaire.
Philippe Biltiau : Ce livre du centenaire retrace l'histoire de l'Ecole. C'est un superbe ouvrage. Pour les bédéphiles et les collectionneurs,
je me fais aussi une joie d'annoncer la sortie d'une BD de Jean Van Hamme, un ancien de l'école qui a imaginé pour nous la
jeunesse de Largo Winch à l'ULB.
Un timbre spécial centenaire sera également édité et nous prévoyons une séance spéciale pour les philatélistes le 15 mars.
Enfin, il est une autre date à bloquer impérativement dans les agendas : le vendredi 28 mars sera la date du Gala du Centième
organisé par et pour les Anciens.
Qu'on se le dise !
Esprit Libre : Vous sentez l'Ecole prête à affronter ses défis ?
Philippe Biltiau : Je suis convaincu que nous allons atteindre nos objectifs et nous donner les moyens de renforcer fondamentalement la qualité
et la réputation des enseignements de notre Ecole.
Isabelle Pollet
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En mars prochain, l'Ecole de Commerce Solvay - appelez la désormais Solvay Business School - fêtera son centenaire. Un anniversaire
qui ne passera pas inaperçu dans le contexte du processus de réflexion stratégique lancé par l'Ecole il y a plus d'un an.
Car pour Philippe Biltiau, son président, la SBS est à un tournant de son histoire.
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