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Outils pédagogiques en ligne : qu'en font-ils ? qu'en pensent-ils ?

Au cours de deux années académiques (2001-2003) nous avons effectué des mesures précises d'accès et de temps d'utilisation de logiciels et de didacticiels par les étudiants de deuxième candidature en Sciences de l'ULB dans le cadre du cours d'informatique des professeurs E. Kestemont et J. Lièvin. Nous avons ensuite appliqué cette même méthodologie pour cinq cours hébergés par l'Université Virtuelle développée par le CTE (Centre des Technologies au service de l'Enseignement) de l'ULB. Nous avons enfin mené une enquête sous forme de questionnaire auprès des étudiants ayant réussi leur année académique, afin de déterminer leur niveau " d'alphabétisation " informatique et la perception qu'ils avaient de ces outils .

Des étudiants plutôt branchés

L'enquête révèle que 40% des étudiants ont été initiés à l'informatique à l'école et 92% disposaient d'un ordinateur avant leur arrivée à l'ULB. Lors de l'enquête, 100% d'entre eux disposent d'une machine en dehors de l'Université, en moyenne depuis 7 ans et 96% ont un accès à Internet (dont 56% ADSL). Près de 70% d'entre eux disent se connecter plus de 3 fois par semaine et près de la moitié reste connectée moins d'une heure. 75% déclarent utiliser leur ordinateur plus d'une heure par semaine en relation avec leur cours. Dans cette activité, 90% utilisent le traitement de texte Word, 58% le tableur Excel et seuls 9% font de la programmation.

Paradoxe

Quand on leur demande quel est l'outil qui leur a semblé le plus utile à l'apprentissage de la programmation (chapitre important du cours d'informatique), 92% déclarent que c'est la collaboration entre étudiants, suivie de l'aide apportée par les assistants et de la consultation du syllabus. Plus de 80% n'ont pas trouvé d'utilité au cours en ligne ni aux didacticiels d'apprentissage pour la préparation des travaux et près de 90% sont de cet avis pour ce qui est de la préparation de l'examen. Pourtant 72% des étudiants interrogés estiment qu'il faudrait étendre à d'autres cours que le cours d'informatique ces outils d'apprentissage. Mais 77% disent ne pas vouloir remplacer le syllabus par des cours en ligne. Si la charge totale d'heures de cours était plus réduite, la moitié des étudiants déclare qu'ils utiliseraient les cours en ligne plus souvent que maintenant. Enfin, 42% estiment que l'information fournie par le corps enseignant sur ces outils pédagogiques est inexistante ou pas assez importante.

Ainsi, les mesures effectuées et l'enquête montrent que même si les étudiants souhaitent un développement des TICE liées à l'enseignement, l'utilisation qui en est faite reste faible et très variable d'un individu à l'autre. Ils préfèrent les moyens d'apprentissage " traditionnels " : questions aux assistants, échanges d'informations entre eux et syllabus. Les ressources informatiques sont utilisées quand les autres supports ne sont pas disponibles. Ceci ne peut s'expliquer par le niveau d'informatisation de cette population qui est très élevé. Il faut sans doute tenir compte de nombreux facteurs : ces didacticiels et manuels en ligne sont peut-être mal adaptés ou ne correspondent pas aux besoins des étudiants qui se contentent de les utiliser comme outils de référence plutôt que comme moyen de formation.
Mais la charge horaire de cours fait que le temps disponible pour les activités personnelles d'apprentissage et de formation se voit fortement réduit. La réduction des heures de cours et le développement des travaux personnels dans le cadre de la réforme de Bologne ne devraient pas, à notre avis, modifier sensiblement le comportement des étudiants. Les réductions prévues sont très limitées (de l'ordre de 10%) et nous avons montré que le temps disponible était le facteur le plus déterminant.

Jesus Millor
Centre des technologies de l'enseignement

Edouard Kestemont
Professeur à la faculté des Sciences

Les technologies de l'information et de la communication (TICE) ont pris une place de plus en plus importante comme aide à l'enseignement. Ces outils informatiques en ligne servent généralement de support au cours ex cathedra. Paradoxalement, on dispose de peu d'informations sur les mesures d'utilisation réelle de ceux-ci. Une étude réalisée auprès d'étudiants en Sciences apporte quelques éléments de réponses... et aussi des questions.



Pour en savoir plus :
- Centre des Technologies au service de l'Enseignement (CTE) : www.ulb.ac.be/ulb/cte
- Université Virtuelle de l'ULB (UV) : http://uv.ulb.ac.be
- Coordination des Actions Pédagogiques (CAP) : www.ulb.ac.be/enseignements/cap/
- Thot - un excellent portail sur les technologies éducatives et l'enseignement à distance : http://thot.cursus.edu/
- Programme e-Learning de la Commission Européenne : www.elearningeuropa.info/

 
  ESPRIT LIBRE > FEVRIER 2004 [ n°19 ]
Université libre de Bruxelles