Quarante étoiles dans le ciel de l'Institut d'études européennes
Esprit Libre : Madame Thys-Clément, vous avez récemment accepté la présidence de l'IEE, quelle a été votre motivation ?
Françoise Thys-Clément : L'Institut est un endroit particulièrement intéressant de l'Université dans la mesure où s'y conjuguent trois disciplines.
L'Université y envisage les problèmes européens de façon multidisciplinaire, l'Institut focalisant son attention sur le droit,
l'économique et le politique, ce qui m'a amené à accepter... C'est sans doute un des lieux de l'Université les plus moteurs.
La construction européenne constitue un défi de tous les jours et l'éclairage de la recherche scientifique y est essentielle
pour comprendre et anticiper la solution des problèmes que l'Union européenne connaît. L'enseignement y reste primordial,
car il concerne des acteurs extrêmement importants de cette construction européenne. Qu'ils soient d'ailleurs membres des
services publics belges et européens ou du secteur privé. Et fêter les quarante ans de l'Institut confirme des choix qui ont
été arrêtés antérieurement.
Esprit Libre : Qui sont les étudiants qui suivent vos cours ?
Paul Magnette : Ces étudiants ont fait un deuxième cycle dans leur pays, 80 % au moins ne sont pas Belges. Ils viennent d'un peu partout en
Europe, avec une dominante latine ; il y a un peu moins d'Allemands et de Britanniques, mais on commence à accueillir des
étudiants nordiques et surtout des étudiants d'Europe centrale, ce qui nous réjouit, vu l'élargissement de l'Union. Un concours
nous permet de retenir 200 étudiants par année.
Esprit Libre : Quels sont les atouts actuels de l'Institut ?
Paul Magnette : Le premier c'est évidemment d'être à Bruxelles, ce qui nous permet d'avoir des intervenants qui sont des professionnels actifs
de la Commission, etc. L'interaction est forte en termes de recherche et de débat public avec les institutions européennes.
Le deuxième atout, c'est d'être un institut de 40 ans d'âge et qui a donc accompagné le développement de l'intégration européenne.
Par ailleurs, nous sommes au coeur de l'ULB, une université moderne, ouverte et assez créative. Bref, nous bénéficions d'un
contexte qui nous pousse à l'innovation.
Françoise Thys-Clément : Je dirais pour ma part : la qualité de la recherche scientifique de l'IEE dans ses trois domaines de prédilection, mais aussi
sa capacité à mener des recherches multidisciplinaires qui ont été reconnues par l'attribution d'un Prix Francqui, lors de
la présidence de Madame Ginette Kurgan.
Esprit Libre : Quels sont les projets pour fêter les 40 ans ?
Paul Magnette : Nous organisons un colloque, le 12 février, sur la question de l'Union européenne dans un contexte global. Depuis quelque
temps, l'Europe est entrée dans une phase introspective. Nous avons préféré mettre en avant les aspects internationaux que
remplit d'ores et déjà l'Europe ou auxquels elle aspire. On oublie trop vite que l'Europe est la première puissance commerciale
mondiale, qu'elle s'affiche comme pourvoyeur d'aide au développement, qu'elle est la plus présente dans les opérations de
maintien de la paix. Nous avons choisi de débattre d'une Europe qui affirme ses valeurs et ses ambitions.
Par ailleurs, de nombreuses activités se poursuivront toute l'année, liées à l'actualité (l'élargissement, les élections européennes,
les aides d'États...). Notons aussi la renaissance, due à une nouvelle génération très dynamique d'étudiants, de notre association
des anciens. Une série d'activités seront inaugurées par notre plus prestigieux diplômé, à savoir Pedro Solbes Mira, lors
de l'inauguration de l'exposition de photographies qui marquera de manière très conviviale, les quarante ans, le 16 février.
Esprit Libre : Des anciens qui comptent également lancer un journal...
Françoise Thys-Clément : Plusieurs hauts responsables européens sont diplômés de notre Institut. On sent pour le moment, une volonté très ferme de
la part des étudiants de donner plus de visibilité à l'Union des anciens. Les jeunes étudiants actuels ont donc effectivement
l'intention de lancer un journal pour mettre l'institut en évidence et accroître les échanges.
Paul Magnette : C'est un journal international, en français et en anglais, qui se fera en collaboration avec des Britanniques d'Oxford, des
Italiens de Pise, etc. et qui sera axé sur l'international.
Françoise Thys-Clément : Mais si un anniversaire est important, ce qui est essentiel, ce sont les nouveaux programmes que nous proposons...
Esprit Libre : Quels sont ces nouveaux programmes ?
Paul Magnette : Nous nous sommes récemment lancés dans des masters à temps partiels, donnés entièrement en anglais, le soir, pour un public
déjà actif professionnellement. Cette année, nous proposons le " Master on the international dimension of the EU ". L'an prochain,
nous en lancerons un autre sur le thème du droit économique européen.
Esprit Libre : Que peut-on dire de l'avenir de l'Institut dans le contexte de Bologne ?
Françoise Thys-Clément : Il est extrêmement porteur puisque Bologne veut assurer la transparence et la mobilité des étudiants dans toute l'Europe.
Petit bémol quand même : toutes les universités connaissent des problèmes de refinancement, et cela pourrait tempérer les
projets de l'Institut, qui sont nombreux.
Alain Dauchot
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L'Institut d'études européennes souffle ses quarante bougies ; quatre décénnies qui ont accompagné l'éclosion européenne.
Enseignement, recherche, expertise, publications, centre de documentation : l'IEE a su trouver ses marques et devenir un outil
incontournable permettant, entre autres, la formation de spécialistes de l'Union. Pour en parler, nous avons rencontré la
présidente de l'IEE, Françoise Thys-Clément, et son directeur, Paul Magnette.
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Programme du 40e anniversaire disponible sur : www.ulb.ac.be/iee/5_activites.html
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