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[Accueillir l'étudiant, ici et là-bas...]
 
 
 
Accueillir l'étudiant, ici et là-bas...

Les 1er et 2 décembre dernier, un séminaire s'est tenu à Rabat, au Maroc, auquel ont pris part plusieurs intervenants de l'ULB. Ce séminaire était organisé dans le cadre d'un projet de coopération coordonné par Paul Jacobs, chargé de mission pour la Coopération au développement à l'ULB et financé par la Région wallonne, le CGRI, et le Ministère de l'enseignement supérieur marocain. Ce projet intitulé " Appui à la réforme de l'enseignement supérieur " comporte quatre volets : pédagogie, information-orientation des étudiants, gouvernance, et techniques d'expression et de communication. La réforme dont il est question consiste à donner plus d'autonomie au système éducatif marocain, jusque-là très centralisé (il a été conçu sur le modèle français).

Plusieurs membres de notre alma mater ont été invités à participer à la réflexion autour des différents axes de cette réforme : Véronique Cabiaux, vice-rectrice à la recherche et à la coopération, pour l'aspect " gouvernance " ; Françoise D'Hautcourt (Centre des technologies de l'enseignement) pour le volet " pédagogie ". L'aspect " accueil et information des étudiants " en est un autre. Le séminaire de Rabat accueillait donc, pour l'occasion, Paul Jacobs, Ghislaine Viré (conseillère du recteur pour les relations avec l'enseignement hors université), Corinne Duckstein (Relations avec l'enseignement secondaire), Luc Chomé (Info-Études) et Marie-Christine Pollet (Centre de méthodologie universitaire).

En matière d'accueil, d'information et d'orientation des étudiants, le système marocain apparaît assez différent du nôtre. Jusque-là prérogatives du ministère de l'Enseignement marocain, ces matières devront être assurées demain par les universités, ce qui ne manque pas de susciter une certaine appréhension parmi les personnes qui devront mettre en application le changement. Une soixantaine de professeurs et de membres de l'administration universitaire participaient donc avec attention à ces deux jours de colloque.

"Notre but était non pas de fournir des recettes à nos collègues marocains, mais plutôt de témoigner de notre expérience, de parler de nos méthodes de travail, de nos structures et de notre vécu, des moyens que l'on met en oeuvre, mais aussi des difficultés que nous rencontrons " explique Corinne Duckstein. Par ailleurs, l'Université de Mons était aussi présente, par l'intermédiaire de Pascale Dubois et Chantal Scoubeau. " Il nous semblait important de montrer deux éclairages de la réalité universitaire en Communauté française : celle d'une université complète, bruxelloise, et celle d'une université de plus petite taille, avec moins d'étudiants et dont l'offre de formations est plus limitée ", poursuit Corinne Duckstein.

Différences et valeurs

Les échanges ont également permis de mettre en évidence les différences qui caractérisent l'enseignement marocain : " au Maroc, on compte quelque 500.000 étudiants universitaires pour 14 universités. Pour un jeune Marocain, l'université est un second choix après celui des grandes écoles qui sélectionnent sur concours... " explique Luc Chomé. Les partenaires marocains ont d'ailleurs relevé ce paradoxe : " Vous nous dites comment faire pour recruter, mais nous avons déjà pléthore d'étudiants... ". Et Corinne Duckstein de souligner que l'objectif était de recruter des étudiants motivés, non sur base de facteurs sociaux mais par rapport à un choix personnel, réfléchi.

La question des valeurs portées par l'université et celle de la formation d'étudiants-citoyens (quel type de citoyens veut-on former par notre enseignement universitaire?) a également été abordée, notamment lors de la conférence introductive de Ghislaine Viré, provoquant un réel intérêt.

Des discussions poursuivies avec les partenaires marocains, il est apparu que ceux-ci ont parfois une vision idyllique de notre système, notamment au niveau des moyens matériels et financiers mis en oeuvre. " Il était utile d'expliquer que notre travail repose aussi sur une grande interaction entre les forces vives de l'université : on fait d'abord appel, en interne, à nos professeurs, à nos chercheurs, à notre richesse ".

" Je craignais que ce voyage ne soit qu'un autre voyage de coopération du Nord vers le Sud, conclut Luc Chomé. Mais les Marocains nous ont d'abord permis de porter un regard sur nous-même et, par ailleurs, comme le soulignait en introduction des débats le représentant du ministère de l'Enseignement, ils prendront ce qui leur semble le plus judicieux dans ce que nous leur avons apporté ". Prochaine étape : la venue probable d'une délégation marocaine en Belgique à l'occasion de moments-clés : les journées portes ouvertes, les salons étudiants, etc.

ALain Dauchot


Si la Belgique s'apprête à vivre une rentrée 2004 sous le signe du décret " Bologne ", le Maroc, quant à lui, vivra bientôt une réorganisation de ses structures visant à donner plus d'autonomie aux universités. Début décembre, une délégation de l'ULB s'est rendue à Rabat pour participer à un colloque et faire état de la manière dont l'accueil, l'information et l'orientation des étudiants se fait chez nous. Corinne Duckstein et Luc Chomé étaient du voyage ; nous les avons rencontrés.



 
  ESPRIT LIBRE > FEVRIER 2004 [ n°19 ]
Université libre de Bruxelles