Les énergies consommées demain se préparent aujourd'hui
L'actualité(2) nous rappelle sans cesse la fragilité et le prix à payer pour le maintien de nos approvisionnements en énergie
fossile, les impacts du changement climatique du à la combustion des ressources fossiles, sans compter les risques de pollution
catastrophique pour les écosystèmes lors de l'extraction, le traitement et le transport des combustibles. Quant à l'énergie
nucléaire, la fission consomme un combustible aux réserves elles aussi limitées, et elle s'accompagne de la nécessité de gérer
des déchets dangereux sur de très longues périodes. D'autre part, la maîtrise de la fusion repose sur un tel défi technologique
qu'il est risqué de miser uniquement sur cette hypothétique solution.
Renouvelables... et compétitives ?
Bien que les sources d'énergie renouvelables dépassent largement les besoins énergétiques, une grande partie n'est pas valorisée
car leur conversion n'est pas économiquement compétitive dans un marché libéralisé qui n'intègre ni les externalités de la
production énergétique classique - c'est-à-dire le coût des effets indirects sur l'environnement et la santé (gaz à effet
de serre, marées noires, déchets dangereux) -, ni les aides indirectes accordées au secteur de l'énergie (recherche et développement,
infrastructures, remise en état de sites), ni les bénéfices indirects pour la société (indépendance énergétique, renforcement
économique local, emplois). Raison pour laquelle les pouvoirs publics mettent en place des mécanismes de soutien tels que
le marché des certificats verts, les primes à l'installation, les services de " facilitateurs ", une fiscalité avantageuse...
S'adapter
Les énergies renouvelables couplées à une utilisation rationnelle de l'énergie démontrent aujourd'hui leur capacité à contribuer
efficacement à un service énergétique qui s'inscrit dans un développement soutenable pour l'ensemble de l'humanité. La diversité
des sources renouvelables et des manières de consommer va de pair avec la diversité des solutions mises en oeuvre ou à développer.
Dans ce contexte, le rôle de l'ingénieur est primordial, mais au-delà de la technique, c'est à un nouveau rapport à l'énergie
à laquelle la société est confrontée et tout changement culturel nécessite un long travail d'adaptation. Ainsi pour des raisons
principalement technico-économiques et culturelles ce changement ne peut s'envisager que progressivement et il s'agit de préparer
aujourd'hui le terrain pour les énergies qui seront consommées demain.
Pour une politique ambitieuse
L'Union européenne inscrit les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique parmi ses priorités en matière de politique
énergétique et de politique de recherche. Des programmes de soutien sont ainsi proposés à l'échelle européenne, mais la maîtrise
de l'énergie (3) a-t-elle la reconnaissance du monde politique, scientifique et du citoyen belge ? De manière plus générale,
il s'agit d'amener le consommateur à prendre conscience de la nécessité de redéfinir sa manière de recourir à l'énergie et
surtout de lui donner des outils pour y arriver. Mais alors pourquoi en Europe les énergies renouvelables n'ont-elles bénéficié
que de 12 % des budgets de recherche alloués à l'énergie sur la période 1984-2002 (4) ?
La politique scientifique, qu'elle soit européenne, nationale ou régionale, doit encourager les entreprises et les centres
de recherche dans leurs activités de recherche et de démonstration pour le développement ou l'adaptation de technologies appropriées
au potentiel local et la gestion des réseaux de transport et de distribution de l'énergie. Il faut porter un regard ambitieux
aux énergies renouvelables et à l'utilisation rationnelle de l'énergie.
Michel Huart
Maître de conférences à l'ULB
Cours ENER002 " Énergies non conventionnelles " - Faculté des Sciences appliquées
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Notre confort énergétique est actuellement assuré quasi exclusivement par la conversion d'énergie non renouvelable importée(1).
Mais qu'en sera-t-il demain ? Est-ce que notre soif énergétique sera toujours satisfaite comme elle l'est aujourd'hui ?
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Aménagement du territoire et énergie
La ressource énergétique primaire de l'ensemble des sources renouvelables dépasse largement les besoins de notre société.
Cependant, leur exploitation à grande échelle requiert de l'espace là où la source est disponible. De ce point de vue, la
Belgique est tributaire d'une densité de population importante et d'un habitat dispersé , deux éléments contraignants qui
limitent le potentiel de valorisation. Une " bonne " gestion de l'aménagement du territoire est le paramètre clé pour exploiter
au mieux la ressource énergétique renouvelable locale.
Mais au delà de l'exploitation des ressources énergétiques, un " bon " aménagement du territoire tient aussi compte des besoins
énergétiques qu'il engendrera par ses occupants et ce d'autant plus qu'il concerne une longue période . Par exemple, un habitat
dispersé augmente les besoins en déplacement des habitants tout en rendant inefficace les transports en commun. D'autre part,
il augmente les infrastructures et leur frais de fonctionnement.
Liens internet utiles
www.erec-renewables.org : EREC : European Renewable Energy Council, rassemble les 8 fédérations européennes de la recherche
et de l'industrie des énergies renouvelables
www.apere.org : APERe, association pour la promotion des énergies renouvelables Wallonie-Bruxelles qui édite la revue trimestrielle
" Renouvelle " (ndlr : Michel Huart est secrétaire général de l'APERe).
www.ode.be : association pour la promotion des énergies renouvelables en région flamande
mineco.fgov.be/energy : portail Énergie de l'Administration fédérale de l'énergie
energie.wallonie.be : portail Énergie de la Région wallonne
www.ibgebim.be/francais/contenu/content.asp?ref=1226 : portail Énergie de la Région de Bruxelles-Capitale
www.energiesparen.be : portail URE de la Communauté flamande
www.negawatt.be : association pour une société énergétiquement sobre
(1)En Wallonie (2000), 97% de la consommation finale provient des produits pétroliers (42%), du gaz naturel (23%), du charbon
(15%) et de l'électricité (9% uranium-235, 3% gaz naturel, 2% charbon, 1% autres). Les énergies renouvelables couvraient 2,4%.
(2) Guerre en Irak, Tempête tropicale dans le Golfe du Mexique, Instabilité politique au Moyen-Orient et en Asie centrale,
émeutes au Nigeria...
(3) Maintien de régimes forts dans les pays disposant de ressources (Arabie, Lybie, Birmanie...) ; interventions militaires...
(4) La maîtrise de l'énergie associe l'efficacité énergétique à la production et à la consommation et recours aux énergies
renouvelables.
(5) EURENDEL " Energy R and D spending report " octobre 2004
(6) "Les énergies renouvelables, des technologies en pleine évolution ", Michel Huart, lors du colloque de l'AIrBr du 8 décembre
2005 ; Texte téléchargeable sur www.apere.org
(7) Un habitat dispersé est doublement pénalisant : d'une part, il augmente les besoins d'énergie (déplacements et infrastructure)
et d'autre part, il réduit l'espace disponible pour l'exploitation des sources renouvelables.
(8) Quelques idées de durées : Le choix d'un équipement individuel de type électroménager ou chaudière concerne une période
de 5 à 15 ans, une habitation 30 à 100 ans et l'aménagement du territoire d'une région concerne plus de 100 ans.
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