Chaque mois, l'ULB et son Union des anciens étudiants éditent un magazine intitulé "Esprit libre". Pour permettre au plus grand nombre de le lire, notamment nos diplômés séjournant à l'étranger, nous vous proposons ici une version "Web" du magazine. Pour des raisons de simplicité et pour vous éviter le chargement de fichiers trop lourds, cette version a sa mise en page propre dans laquelle nous avons choisi de ne garder que les textes et de ne pas reprendre les illustrations.

Dans les trente années à venir les besoins mondiaux en énergie vont s'accroître de 60 %.
Ce seul chiffre démontre bien qu'il conviendra d'avoir recours à toutes les sources d'énergie techniquement disponibles et économiquement viables pour répondre aux besoins. Encourager les économies d'énergie et promouvoir le développement des énergies renouvelables sont certainement des mesures nécessaires mais pas suffisantes. Les combustibles fossiles et l'énergie nucléaire resteront indispensables pour faire face à la croissance de la demande.

Les ressources disponibles actuelles sont nombreuses.

Les développements technologiques de ces dernières années ont permis de contredire les prévisions de certains visionnaires catastrophistes d'il y a trente ans. Les réserves en énergie fossiles ont largement été revues à la hausse par rapport aux prévisions de 1970 grâce aux techniques d'extraction toujours plus performantes et aux découvertes de nouveaux gisements gaziers et pétroliers.

D'autre part, l'énergie nucléaire permet d'offrir actuellement plus de 10 % de la production d'énergie primaire mondiale (sans produire de gaz à effet de serre!). Particulièrement, l'intérêt de la Chine et de l'Inde pour l'énergie nucléaire est évident pour les années à venir. Bien sûr, il reste la problématique des déchets. Mais les technologies d'enfouissement se sont modernisées. Par ailleurs, très récemment, la mise en chantier du projet ITER - réacteur expérimental de production d'énergie par fusion des atomes - sur le site de Cadarache en France devrait ouvrir la voie vers une nouvelle solution nucléaire propre et fiable avant la fin de ce siècle.

Le développement des technologies en faveur des énergies renouvelables permet aujourd'hui de répondre à plus de 10 % de la demande dans le monde (essentiellement par les contributions de la biomasse et l'hydroélectricité). L'offre sera nettement revue à la hausse avant 2030 (par le recours à d'autres alternatives : énergie éolienne, énergie solaire).

Enfin, on reconnaît chez nous une nouvelle citoyenneté en faveur d'une utilisation rationnelle de l'énergie. L'énergie la moins coûteuse et la plus propre reste évidemment celle que l'on ne consomme pas !

Cependant les risques encourus sont réels.

Actuellement et pour les trente années à venir, nous resterons largement dépendants des ressources énergétiques d'origine fossile. Les gisements pétrolifères (66 % des réserves mondiales) et les gisements gaziers (36 % des réserves mondiales) sont essentiellement concentrés dans les pays du Moyen-Orient, peu reconnus pour leur transparence ou leur stabilité politique.

De nombreuses questions restent ouvertes concernant la sécurité de l'énergie nucléaire. Son utilisation croissante dans les pays émergents demande des mécanismes renforcés de contrôle de qualité internationale de même que son utilisation à des fins non pacifistes représente encore de lourdes menaces.

Par ailleurs, le réchauffement planétaire est un des problèmes les plus importants de ce début de siècle et les politiques énergétiques doivent en tenir compte dès à présent afin de tenter de stabiliser la concentration en gaz carbonique de l'atmosphère.

Prométhée vola le feu aux dieux et le donna aux hommes. La légende indique le sort funeste qui lui fut réservé. Quant aux hommes, l'avenir leur dira. Plus exactement, c'est eux qui en décideront.

Albert Van Wetter
Président de l'UAE