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esprit libre

[coup de projecteur]
 
 
 
Dépensons sans compter... pour trouver des solutions durables

Nouveau pour nous, citadins immergés dans une culture qui a longtemps regardé la nature en prédateur. Notre société, du fait de son succès technique et socio-économique, est la plus dépensière et la plus polluante de toutes celles qui se développent sur notre planète. Mais elle est aussi la plus convoitée et considérée par beaucoup de populations de pays moins développés comme un modèle à atteindre.

450 millions d'européens, 10 millions de belges...

Notre dépendance vis-à-vis des sources d'énergie est particulièrement élevée et nous crée un problème de conscience de plus en plus aigu : comment économiser les énergies fossiles pour les générations futures et réduire la production de gaz à effet de serre, sans pour autant renoncer au confort que notre technologie nous procure ? Plus encore : comment atteindre les objectifs cités, qui engagent l'avenir, en maintenant le niveau d'activité économique nécessaire, aujourd'hui, à l'emploi du plus grand nombre ?
Consterné, voire traumatisé par les catastrophes climatiques qui se succèdent, le citoyen européen, vous et moi pour être plus précis, se dit prêt à (presque) tout pour enrayer le processus ; prêt à s'informer, à passer à l'action et même à envisager de modifier certains de ses comportements. Un stress sournois s'immisce dans nos coeurs. Bref, nous sommes devenus des riches qui ont " peur de manquer ".
Parés d'une bonne volonté manifeste dans tous les sondages d'opinion, nous voilà confrontés au concret : maintenant, que faire ? Il y a bien sûr les grands choix stratégiques, qui concernent l'ensemble de la société, comme celui de sortir ou non du nucléaire, favoriser le rail ou valoriser le réseau d'autoroutes ... et la liste est longue. Dans nos régimes démocratiques, ces choix essentiels sont portés par nos élus. Reconnaissons que les questions de développement durable figurent à présent dans les programmes de tous les partis. Mais le débat politique est rarement centré sur ces questions, au profit de considérations plus immédiates pour l'élu, mais aussi pour l'électeur.

...et moi et moi et moi !

À l'autre bout de l'échelle, chaque individu est confronté à la responsabilité de ses actes. Comment je m'éclaire, je me chauffe, je me déplace et quels produits je consomme : autant de choix que les plus motivés essayent de faire de façon éclairée. La difficulté est que chacun, individuellement, n'est pas en position de maîtriser les paramètres du problème qu'il veut résoudre. Très logiquement le citoyen - belge en particulier - formule une demande claire de réglementations et d'encouragements, fiscaux ou autres. Et les réponses se multiplient dans une joyeuse confusion, accentuée en Belgique par l'éparpillement des compétences entre les différents niveaux de pouvoir. Néanmoins, depuis que le souci du particulier d'épargner l'énergie a créé une demande dans le marché, les industriels se sont mis à produire des machines beaucoup plus performantes qu'avant. Les voitures, les chaudières ou autres lessiveuses accomplissent les fonctions pour lesquelles elles ont été conçues beaucoup plus efficacement que par le passé. La recherche se poursuit pour améliorer encore les rendements, mais cette voie a forcément une limite.

Écologie-économie

Il ne faut pas se leurrer : pour faire plus avec moins de moyens, il n'y a pas de solution toute faite. Tant au niveau privé qu'au niveau des collectivités, l'utilisation rationnelle de l'énergie - la plus avantageuse sur les plans écologique et économique - demande une évaluation rigoureuse des besoins et des réponses possibles, très exigeante sur le plan des connaissances scientifiques et techniques. Atteindre l'objectif d'efficacité énergétique implique de tenir compte des spécifiques locales et se joue dès lors à une échelle où le rôle du citoyen est déterminant, que se soit par la pression directe exercée sur les élus que par sa participation aux prises de décision. Dépensons sans compter notre énergie dans la recherche des solutions durables pour le développement. Nous en serons les premiers bénéficiaires, surtout si nous agrémentons notre démarche de chaleur humaine, de toutes les sources d'énergie, la moins coûteuse et la moins polluante.

Marie José Gama
ActuSciences, InforSciences

Trop lentement et avec d'infinies réticences, nous commençons à accepter l'idée que notre planète est un système fini, pour lequel le seul apport extérieur est le rayonnement solaire et cosmique. Nous considérons, enfin, la contamination de notre environnement et la gestion des ressources naturelles d'un oeil nouveau.



L'URE, vous connaissez ?

L'URE, ou 'Utilisation rationnelle de l'énergie', fait le choix des solutions qui privilégient la dépense énergétique la plus petite (analyse de l'opportunité et sobriété, chasse aux gaspillages, efficacité énergétique, faible contenu énergétique). La dépense énergétique comprend l'énergie consommée pour le travail voulu et l'énergie contenue dans les objets, matériaux ou services utilisés c'est à dire l'énergie qui a été utilisée dans leur cycle de vie. Il est important d'insister sur le fait que l'URE ne se limite pas à la manière d'utiliser l'énergie, mais aussi à l'opportunité de son utilisation.

M.H.

Le nouveau dossier d'ActuSciences est consacré à l'Utilisation rationnelle de l'énergie. À découvrir sur : http://www.ulb.ac.be/inforsciences/actusciences/

 
  ESPRIT LIBRE > FEVRIER 2006 [ n°36 ]
Université libre de Bruxelles