BioWin : la Wallonie mise sur les pôles de compétitivité
Esprit Libre : Le plan Marshall de la Région wallonne prévoit la création de pôles de compétitivité dotés d'un budget de 280 Mio d'euros
en quatre ans. Parmi ces cinq pôles, le pôle BioWin. Qu'entend-t-on par " pôle de compétitivité " ?
Michel Goldman : Le pôle de compétitivité ou " cluster " est un regroupement d'entreprises, d'institutions universitaires et de centres de
recherche, engagés dans une démarche commune visant à dégager des synergies autour de projets ciblés. Le partenariat permet
de créer la masse critique et le maillage de compétences nécessaires pour promouvoir le développement de nouveaux produits
diagnostiques ou thérapeutiques en Région wallonne.
Esprit Libre : Pour convertir découverte en innovation, universités et entreprises sont donc appelées à travailler ensemble ?
Michel Goldman : Effectivement, ce partenariat est plus nécessaire que jamais, comme le reconnaissent tant de grands scientifiques du monde
académique que les responsables de la recherche-développement dans l'industrie. En particulier, l'université a un rôle important
à jouer pour la mise en évidence de nouveaux marqueurs biologiques ou génétiques qui permettent d'accélérer le développement
des nouveaux médicaments. Il s'agit de ce que l'on appelle les " biomarqueurs ", thématique choisie pour le premier appel
à projets de BioWin.
BioWin devrait contribuer à combler la faille qui existe encore chez nous entre la recherche académique dévolue à la découverte
et la recherche industrielle tournée vers l'innovation.
À travers les pôles de compétitivité, nos universités doivent rapidement relever de nouveaux défis : intégrer les ressources
scientifiques et technologiques dans les domaines prioritaires des pôles et anticiper l'évolution des disciplines concernées
en mettant en oeuvre des programmes de formation novateurs.
Esprit Libre : On connaît les inquiétudes de nombreux scientifiques quant au financement de la recherche fondamentale en Communauté française.
Quel rôle BioWin pourrait-il jouer ?
Michel Goldman : BioWin n'est pas un guichet de plus pour le financement de la recherche académique traditionnelle : il faut donc continuer
à se battre pour améliorer en Communauté française le financement de la recherche fondamentale qui s'appuie sur la liberté
d'agir, la reconnaissance par les pairs et l'évaluation par les publications scientifiques. BioWin n'est pas là non plus pour
transformer nos laboratoires en sous-traitants des départements de recherche-développement industriels. La mission des partenaires
académiques dans BioWin est de contribuer à l'assemblage d'une masse critique compétitive dans un secteur d'importance majeure,
puisqu'il s'agit au bout du compte de notre santé à tous.
Esprit Libre : Plus concrètement, en quelles actions cette mission va-t-elle se traduire ?
Michel Goldman : BioWin a défini trois domaines prioritaires : le cancer, l'inflammation, et les maladies du cerveau. Pour l'ensemble de ces
thématiques, nous avons identifié des besoins " génériques " tels que le développement de nouveaux biomarqueurs et de modèles
prédictifs de l'efficacité et de la toxicité éventuelle de nouveaux médicaments. Ces trois domaines prioritaires et ces technologies
génériques constituent la matrice-thématique à partir de laquelle les appels à propositions seront lancés.
Esprit Libre : Le pôle BioWin travaille vite - création en quelques jours d'un logo, d'un site Web et d'une séance d'information - premier
appel à proposition dès novembre dernier, mise sur pied des comités de pilotage et d'appui stratégique dans les semaines qui
ont suivi, etc. Quelles sont les prochaines échéances ?
Michel Goldman : La labellisation du pôle par le gouvernement wallon est prévue pour le 31 mars 2006. Le premier projet " biomarqueurs " sélectionné
devrait être financé à partir de mai 2006. Un deuxième appel à projets autour de la matrice-thématique sera lancé en mars
2006 sur la base de lettres d'intention à remettre pour fin février. Les prochains mois s'annoncent donc très chargés.
Esprit Libre : Qui orchestre le tout ?
Michel Goldman : Au démarrage, un comité de pilotage dans lequel je représentais les universités a élaboré le projet BioWin. Ensuite, un conseil
de gouvernance a été mis en place : composé de représentants des entreprises (grandes et PME), du monde scientifique et d'observateurs
du gouvernement, ce conseil est l'instance décisionnelle du pôle de compétitivité. Il est aidé par un comité international
d'appui stratégique présidé par Philippe Busquin et comprenant des personnalités du monde scientifique et industriel. Enfin
une cellule opérationnelle permanente sera prochainement installée : elle se chargera de l'animation et de la gestion du pôle.
Nathalie Gobbe
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Axes forts du " Plan Marshall " lancé cet été par le gouvernement wallon : les pôles de compétitivité dotés de 280 Mio d'euros
en quatre ans. Parmi ces pôles wallons, le BioCluster BioWin dédié à la santé et aux sciences du vivant. Explications avec
Michel Goldman, coordinateur des universités francophones pour BioWin.
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En savoir plus : http://www.biowin.org
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