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esprit libre

[coup de projecteur]
 
 
 
Les étudiants en colère

Esprit Libre : Vous saviez ce qui vous attendait en vous inscrivant en médecine ?
Lionel Haentjens : En partie seulement. Les cartes n'ont pas arrêté d'être rebattues durant mon parcours universitaire. En première année, nous savions qu'il y aurait des mesures de limitation mais nous ne savions pas combien d'étudiants pourraient être sauvés.

Esprit Libre : Quand l'avez-vous appris ?
Lionel Haentjens : En début de 3e année. Nous étions une soixantaine à passer pour l'ULB. Personne n'est resté sur le carreau cette année-là … il faut dire que les dégoûtés du système avaient déjà disparus durant les années précédentes. Arrivés en premier doctorat, nous étions si heureux d'avoir le visa donnant accès à une spécialisation (y compris pour la médecine générale) et voilà que l'année qui suit on nous apprend qu'une nouvelle mesure est en route : celle des sous-quotas.

Esprit Libre : De quoi s'agit-il ?
Lionel Haentjens : L'accès aux spécialisations sera limité. Sur 100 étudiants, il veulent 60 spécialistes et 40 généralistes. Et pourquoi ? Parce que tout à coup, on nous annonce qu'il n'y aura pas assez de généralistes ! De qui se moque-t-on ? On a limité l'accès il y a six ans parce qu'il y en avait trop sur le marché et aujourd'hui on nous dit le contraire. Bref, toute notre promotion a décidé d'entamer une action en justice. De manière très solidaire, nous nous sommes cotisés et avons reçu l'appui de la FEF et des étudiants de Liège et de l'UCL.

Esprit Libre : Vous espérez avoir gain de cause ?
Lionel Haentjens : Ce numerus clausus est ingérable et je pense que tout le monde est en train de s'en rendre compte. Si la mesure des sous-quotas n'est pas annulée, on va se retrouver avec des candidats spécialistes qu'on va obliger à se diriger vers la médecine générale. En outre, avec un nombre réduit de PG (NDLR : post-gradués), et une réduction de plus de 30 % dans les spécialités, les hôpitaux rencontreront des problèmes d'effectifs qui se répercuteront sur la qualité des soins. Ce n'est pas notre conception d'une politique de soins de santé responsable.

Isabelle Pollet

Lionel Haentjens est étudiant en 3e doctorat médecine. Il appartient à la toute première vague du numerus clausus puisqu'il est entré en 1ère candidature en 1997. Il raconte le ras-le-bol des étudiants en médecine et leur mobilisation pour que les choses changent.



 
  ESPRIT LIBRE > MARS 2003 [ n°10 ]
Université libre de Bruxelles