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Vers de nouvelles collaborations

" Une nouvelle réalité incontournable : les pouvoirs publics, le secteur privé et la société civile doivent imaginer des modes de collaboration pour régler les problèmes les plus complexes et les plus confondants. Aussi insolites que ces partenariats tripartites d'un nouveau genre paraissent au départ - ils exigent une attitude complètement différente de celle qui prévaut aujourd'hui -, tout laisse penser qu'ils vont se multiplier au cours des 20 prochaines années, et ce à tous les niveaux, aussi bien mondial que régional ou local ". Cette citation est issue d'un ouvrage écrit par Jean-François Rischard, haut fonctionnaire de la Banque mondiale et intitulé " 20 défis pour la planète, 20 ans pour y faire face "*.

Parmi ces défis, qui appellent à un nouveau mode de collaboration, figure celui de la santé, et en particulier de la vaccination qui comporte indéniablement un haut niveau de complexité et qui s'inscrit dans un cadre international. Les acteurs de ce problème sont le secteur privé, les pouvoirs publics et la société civile qui peut être ici associée à l'université, notamment pour son rôle dans la recherche fondamentale. Jusqu'il y a peu, ces trois acteurs jouaient soit de manière relativement indépendante, soit via des relations bilatérales. Depuis une dizaine d'années émerge l'idée que ce type de fonctionnement ne permet plus de répondre avec efficacité à des enjeux dont la complexité n'a fait que croître.

Le sens de la recherche

Les institutions, comme les universités, sont souvent riches d'un savoir impressionnant qu'elles ont parfois des difficultés, d'une part, à maintenir en termes de recherche fondamentale, d'autre part, à traduire en termes " utilisables " pour la société. Le secteur privé dispose de moyens financiers importants mais il doit assurer sa rentabilité économique et ne peut assumer certains types de recherche fondamentale. Les pouvoirs publics, et en particulier régionaux, doivent veiller au développement de la société que ce soit au travers de réalisations sociales, culturelles, technologiques ou économiques. Mais l'internationalisation et la complexité croissante font qu'ils n'ont plus la maîtrise totale sur l'ensemble du système.

La triple mission de l'IMI

C'est dans ce contexte qu'est né l'Institut d'immunologie médicale qui préfigure les modèles du futur en ce qui concerne les relations universités - entreprises - pouvoirs publics. L'IMI réunit en effet trois acteurs-clés : l'Université libre de Bruxelles, GlaxoSmithkline biologicals, leader mondial sur le marché du vaccin, et la Région wallonne. Il remplit une triple mission de recherche, de formation et de valorisation autour de deux domaines majeurs de l'immunologie médicale : les vaccins et les greffes. Ses actions seront évaluées annuellement par un Conseil scientifique composé d'experts indépendants de réputation internationale, issus du monde académique et du secteur industriel. Quant à sa mission spécifique de valorisation, elle sera réalisée préférentiellement en Région wallonne, grâce à un accord de coopération entre l'ULB et GSK. L'IMI s'installera cet été sur l'Aéropole de Charleroi.

L'IMI est sans conteste un projet visionnaire, en ce sens qu'il anticipe et prépare à un certain nombre d'évolutions. Il s'inscrit dans une évolution au sein même des universités. La plupart d'entre elles intègrent aujourd'hui dans leur 3e mission, l'interaction avec les entreprises et même la création d'emplois. Un mouvement en ce sens est enclenché depuis une dizaine d'années de sorte qu'aujourd'hui, chercheurs et pouvoirs publics dialoguent mieux.

L'ULB, en particulier, est de plus en plus présente dans les programmes de recherche financés par la Région wallonne où sont pris en compte à la fois la qualité scientifique et technologique du projet et le potentiel de valorisation des résultats générés par la recherche. Cette présence croissante montre aussi que nos chercheurs intègrent dans leurs missions d'enseignement et de recherche, le souci de transmettre vers la société le résultat de leurs recherches, que ce soit sous forme de valorisation économique, sociale ou culturelle.

Véronique Cabiaux
Vice-rectrice à la recherche et à la coopération au développement

Recherche et Région sont étroitement liées. Les nombreux appels à projet, les actions en faveur du dépôt de brevets ou encore le développement de pôles d'excellence en attestent. La création de l'Institut d'immunologie médicale ouvre sans doute de nouveaux horizons à ces relations universités - pouvoirs publics - entreprises.



* Actes Sud/Solin éditions

 
  ESPRIT LIBRE > MARS 2004 [ n°20 ]
Université libre de Bruxelles