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Nanotechnologies L'ULB coordonne un projet-phare au niveau européen

Inforsciences : Qu'est ce que le projet NAIMO ?
Yves Geerts : NAIMO est l'acronyme de " Nanoscale integrated processing of self-organizing multifunctional organic materials ". Ce projet est destiné à jeter les bases scientifiques et technologiques d'une nouvelle industrie d'électronique organique. C'est un projet à objectif défini qui vise l'obtention de films minces de matériaux organiques, nano-structurés dans les trois dimensions, possédant des propriétés spécifiques. L'idée n'est donc pas de produire des éléments venant concurrencer ceux utilisés en électronique inorganique, mais plutôt d'inventer des matériaux pouvant déboucher sur des applications novatrices pour lesquelles les composants classiques ne sont pas adaptés.

Inforsciences : Quelles sont ces nouvelles applications possibles ?
Yves Geerts : Un exemple concret concerne l'emploi de " transistors organiques " pour la mise au point de code-barres électroniques qui peuvent contenir une grande quantité d'information et sont utilisables, notamment, pour l'étiquetage des médicaments et pour la traçabilité des produits alimentaires. Les écrans flexibles et dépliables, ce que l'on appelle déjà le " papier électronique ", en sont un autre exemple ainsi que la fabrication de cellules solaires.

Inforsciences : Quels avantages peut-on mettre en avant avec ces nouvelles technologies ?
Yves Geerts : Ces nouvelles technologies sont intéressantes parce que peu polluantes, nécessitant une faible consommation d'énergie et de faibles investissements en termes financiers. Prenons l'exemple de la fabrication de cellules photovoltaïques prônées comme source alternative d'énergie : l'élaboration d'un m2 de cellules au silicium génère 400 kg de CO2, alors que les cellules construites avec des semi-conducteurs organiques en produiraient 100 fois moins !

Inforsciences : Qu'est ce qu'en retire l'ULB ?
Yves Geerts : Un certain prestige, puisque NAIMO a été évalué 1er sur plus de 400 projets intégrés et réseaux d'excellence en nanotechnologies. NAIMO est le plus grand réseau jamais coordonné par l'ULB. À ce titre, il présente un défi de gestion administrative, financière et scientifique. Par ailleurs, au travers d'un projet comme celui-ci, l'ULB participe à son intégration dans le monde socio-économique ; un objectif reconnu comme le 3e pilier de l'activité universitaire.

Inforsciences : Qui finance le projet et quelle est l'importance de ce financement ?
Yves Geerts : Le projet est financé par l'Union européenne à hauteur de 15 millions euros et par l'industrie à concurrence de 8 millions euros. Ce financement permet de mener des activités de recherche fondamentale et appliquée, ainsi qu'un volet formation à la recherche et diffusion des résultats. L'ensemble de ces activités, représentant environ 2.000 mois de travail, est intégré dans un cadre de gestion cohérent. Les nanotechnologies exigent une approche interdisciplinaire très étendue impliquant sciences de l'ingénieur, chimie et physique. Pas moins de 22 institutions y participeront, mobilisant 50 chercheurs sur contrat et 100 permanents.

Inforsciences : Qui sont les membres de ce consortium ?
Yves Geerts : Le groupe est constitué d'universités issues de neuf pays, de sept entreprises et encore de deux spin-offs de technologie de pointe : Plastic logic et Cambridge display technology. Ces deux PME ont été fondées par le professeur Sir Richard Friend de l'Université de Cambridge, dont la contribution à la compréhension des propriétés des semi-conducteurs organiques est essentielle. Les efforts de ce professeur sont illustratifs d'un cercle vertueux dont il convient de s'inspirer : la recherche fondamentale publique débouche sur des innovations technologiques qui génèrent une activité industrielle à haute valeur ajoutée dont les bénéfices financiers alimentent la recherche publique. Il apporte également une réponse à un problème majeur en Europe : notre continent est le premier producteur de savoir, grand exportateur de cerveaux mais néanmoins importateur de technologies.

Jesus Millor


Mohamed El Aydam


Marie Jose Gama


Depuis quelques années, la recherche en nanosciences est en pleine expansion. La maîtrise de l'infiniment petit aura des répercussions dans des domaines aussi divers que l'électronique, la santé, l'industrie chimique, les transports ou l'aérospatial. À ce titre, ce domaine constitue un des objectifs stratégiques de la recherche communautaire (voir site d'ActuSciences). Nous sommes heureux de vous annoncer que le premier projet de recherche en nanosciences dans le cadre du 6e programme de l'Union européenne est le projet NAIMO, coordonné par le professeur Yves Geerts du Laboratoire de chimie des polymères de l'ULB. Il nous parle de ce projet.



Site d'ActuSciences
www.ulb.ac.be/inforsciences/actusciences

 
  ESPRIT LIBRE > MARS 2004 [ n°20 ]
Université libre de Bruxelles