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esprit libre

[à l'université]
 
 
 
L'ULB contribue à combattre l'ostéomyélite au Burkina

Le Burkina Faso est l'un des pays les plus pauvres du monde : 45 % de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté absolue ; l'espérance de vie à la naissance est de 47 ans, le taux de mortalité infantile est de 109 pour mille. Il y a un médecin pour 28.000 habitants.

Une maladie redoutable

L'ostéomyélite, infection aiguë ou chronique de l'os et de la moelle, constitue un véritable problème de santé publique dans ce contexte. Ce sont les os longs des membres qui sont les plus touchés par la maladie. Une hygiène défectueuse, une antibiothérapie inappropriée et le recours à des traitements traditionnels inefficaces contribuent à favoriser le passage des infections aiguës à la chronicité. À ces facteurs, on peut ajouter la malnutrition, les infections entraînant des septicémies et les déficits immunitaires de cause diverse. Enfin, chez l'enfant, la drépanocytose (voir Esprit libre n° 27) prédispose à cette affection.

La maladie qui touche bon nombre de jeunes en pleine croissance provoque des séquelles telles que des déformations et raccourcissements osseux parfois irrémédiables, laissant la personne handicapée dans un contexte où rien n'est prévu pour elle.
Le traitement classique, qui repose sur un curetage chirurgical de l'os atteint, associé à une antibiothérapie par voie générale, est inefficace dans plus d'un cas sur trois. Il est en effet impossible de stériliser véritablement le foyer infectieux par un simple curetage, mais aussi difficile de faire parvenir, par voie générale, les antibiotiques à doses efficaces au niveau de l'os infecté sans créer de dommages à l'organisme. Dernière cause de l'inefficacité du traitement : l'arrêt des soins en cours, faute de moyens financiers et suite à la guérison apparente.

Un médicament local

La chambre stérile installée à l'Université de Ouagadougou va permettre de développer des implants résorbables qui contiennent une forme de gel antibiotique. Ces implants, placés sur l'os malade, permettent de libérer de manière prolongée l'antibiotique, assurant localement une action antimicrobienne tout en minimisant le risque de toxicité générale.
Le médicament fabriqué localement sera accessible financièrement aux populations ; sa production en plus grande quantité pourrait être envisagée pour répondre à la demande des pays voisins.

La réussite de ce projet, qui s'inscrit dans un appui global à la pharmacie initié il y a une vingtaine d'années par l'ULB, repose sur la mise en place à l'Université de Ouagadougou de ressources humaines et matérielles depuis plus de 10 ans dans le cadre de projets de coopération belges. De nombreux cadres enseignants de la section de Pharmacie ont été formés en Belgique et ensuite intégrés à l'Université de Ouagadougou après leur retour au Burkina Faso. Des laboratoires destinés à l'enseignement et à la recherche ont été équipés dans les disciplines majeures de la Pharmacie : chimie analytique, pharmacie galénique, microbiologie et biochimie.

L'installation de la salle stérile constitue un aspect du projet global de recherche et de formation pharmaceutique initié et porté conjointement depuis 1997 par la Commission universitaire pour le développement (CUD), l'Association pour la promotion de l'éducation et de la formation à l'étranger (APEFE) et le CGRI-DRI (Relations internationales Communauté française - Région wallonne).

Ce projet de recherche, unique en Afrique subsaharienne, constituait un défi majeur. Il a pu être réalisé grâce à la collaboration entre des chercheurs du département des Sciences pharmaceutiques appliquées de l'Université de Ouagadougou et des chercheurs des instituts de Pharmacie de l'ULB et de l'ULg.

Grâce à cette collaboration, l'étape franchie rend aujourd'hui possible des activités de recherche et développement au niveau local. La fabrication de gels biodégradables pour soigner une maladie prioritaire au Burkina Faso permet ainsi à l'Université de Ouagadougou de jouer un rôle social et économique envers la population du Burkina.

 


Fin de l'année dernière, une délégation belge rehaussée de la présence des ministres Arena et Simonet et du recteur Pierre de Maret, assistait, en compagnie du ministre burkinabé Youma Zerbo, à l'inauguration d'une chambre stérile à l'Université de Ouagadougou. C'est une collaboration de 20 ans entre cette université et l'ULB, dans le domaine de la pharmacie, qui se concrétise ici dans le combat contre l'ostéomyélite.



Les coordonnateurs de ce projet sont : les professeurs Pierre Guissou et Mamadou Sawadogo (Université de Ouagadougou), le professeur Jacques Dubois, les docteurs Viviane Henschel et Karim Amighi (ULB) et le professeur Luc Delattre (ULg).
Le montant total investi conjointement dans le projet, de 1995 à 2003, s'élève à 1.044.000 euros.

 
  ESPRIT LIBRE > MARS 2005 [ n°29 ]
Université libre de Bruxelles