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Science et ville

Selon le Petit Robert, la ville est un milieu géographique densément peuplé et dont la population travaille à des tâches de commerce, d'industrie ou administratives. Ainsi, la ville est un lieu d'échange de produits et de services, mais aussi un lieu de pouvoir et de gestion. Dans les pays industrialisés, entre 80 et 90 % de la population habite en ville. La moyenne mondiale, nettement plus basse, se situe entre 30 et 40 %, mais nous assistons à un exode rural massif et à la concentration de la population des pays du Tiers-Monde dans de très grandes villes.

Un peu d'histoire

De la Haute Antiquité à nos jours, les villes se créent aux carrefours des voies de communication. Au départ très bien délimitées, souvent entourées d'enceintes pour protéger leurs habitants, les villes ont grandi, se sont embellies et ont évolué en fonction des structures politiques et du développement économique et technique de la société. Ainsi, au tournant du XIXe siècle en Europe du Nord, et en Belgique en particulier, l'essor industriel attire massivement une population rurale en expansion. Les ouvriers s'entassant autour de leurs lieux de travail, parfois dans des conditions d'une extrême précarité. Des considérations de salubrité publique, mais aussi la peur des conflits sociaux conduisent les autorités à la construction de cités pour les travailleurs, au pavement des chaussées et à la mise en place des réseaux d'égouts.

À cette époque, les villes débordent largement de leurs enceintes qui, parfois, ont été détruites. Mais, toujours, la ville reste distincte de la campagne. En effet, les travailleurs se déplacent surtout à pied et, dès lors, les distances entre les lieux de travail et d'habitat sont nécessairement limitées. Et puis, brusquement, tout s'accélère. La réussite industrielle provoque, fort heureusement, une nette amélioration des conditions de vie de la majorité de la population et l'accès à la propriété de sa maison va presque de pair avec l'acquisition de moyens de locomotion individuels. Les déplacements n'étant plus une limitation stricte, nous assistons en Belgique à un large essaimage de l'habitat, rendu d'autant plus anarchique que la politique d'affectation des sols est particulièrement permissive.

La ville à la campagne...

Le choix de mettre la ville à la campagne sous prétexte que l'air y serait plus pur (dixit Alphonse Allais) ne reflète pas seulement le goût immodéré du Belge pour la brique et le jardinage. C'est aussi le résultat d'une politique de la ville que nous devons aujourd'hui questionner, voire modifier. Nos voisins hollandais, qui détiennent pourtant le record mondial du nombre d'habitants au km2, ont fait des choix diamétralement opposés, densifiant l'habitat afin de préserver leurs zones cultivables et espaces verts.

Comme tout choix, la dispersion de l'habitat entraîne une série de conséquences, positives et négatives, dont il convient d'être conscient. D'un côté, les Belges disposent incontestablement d'habitations de meilleure qualité que la moyenne. Nous évitons aussi les quartiers faits de tours inhumaines avec leur cortège de difficultés de cohabitation, voire de violence. Par contre, pour desservir une population clairsemée, il faut étendre le réseau routier et l'entretenir, disperser les services aux personnes, que ce soit les écoles, les dispensaires, les transports en commun, la poste ou encore la collecte des déchets. Cela oblige aussi un nombre considérable de personnes à parcourir beaucoup de kilomètres pour aller travailler. Le problème est particulièrement aigu à Bruxelles, où nous assistons à l'arrivée massive de navetteurs chaque jour ouvrable. Temps, argent et nerfs mis à rude épreuve dans les embouteillages, dépense excessive de combustibles fossiles, production tout aussi excessive de gaz à effet de serre, détérioration du patrimoine architectural sous effet de la pollution... et que dire alors des voies respiratoires des habitants.

Si on en parlait...

Tout cela a un coût, financier et environnemental, et doit être discuté par des citoyens, informés et critiques. Sous le chapiteau de l'Exposition des Sciences toutes ces questions, et bien d'autres encore liées à notre quotidien de citadins, seront abordées d'un point de vue scientifique : pour comprendre, mais aussi pour proposer des solutions. Les étudiants seront prêts à répondre aux questions des visiteurs avec leur enthousiasme habituel. Leurs travaux viendront se greffer sur l'exposition " Ma ville, un milieu vivant ", conçue par les chercheurs de l'ULB, et qui traite de l'urbanisme, la gestion de l'eau, la qualité de l'air, la biodiversité et la santé. Jeunes et moins jeunes pourront ainsi s'initier à la science tout en s'imprégnant d'une foule d'informations qui les feront regarder et aimer leur ville sous un jour nouveau.

Marie-José Gama
ActuSciences

Du 14 au 20 mars, le Printemps des Sciences revient avec, comme fil rouge, la ville. Pas moins de 400 étudiants des Facultés des sciences, sciences appliquées et médecine de l'ULB, ainsi que des étudiants des Hautes écoles supérieures scientifiques de Bruxelles et de l'enseignement secondaire se relayeront pour présenter quelque 80 projets, sous le chapiteau installé à la Plaine pour accueillir l'Exposition des Sciences. Et c'est gratuit !



Expo des Sciences
Campus de la Plaine
Les 14, 15, 17 et 18/03 de 13h à 16h
Le 16/03 de 9h30 à 12h30
Le week-end, de 13h à 17h.
Programme : www.ulb.ac.be/infosciences

Une grande diversité d'activités encadrées seront également proposées dans les locaux de l'ULB et ceux des Hautes écoles. Il y en aura pour tous les goûts et tous les âges.

 
  ESPRIT LIBRE > MARS 2005 [ n°29 ]
Université libre de Bruxelles