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Immunité en laboratoire

Esprit libre : Vous dirigez l'Unité de mesure des réponses immunes du nouveau Centre de recherche en vaccinologie de Biovallée. Quelles sont les missions de cette unité ?
Arnaud Marchant : Notre mission est double. D'une part, un axe " service " : nous aidons les entreprises à évaluer l'efficacité de nouveaux vaccins. Nous sommes capables de mesurer les réponses du système immunitaire aux vaccins, depuis le premier stade de leur évaluation clinique jusqu'à leur mise sur le marché. D'autre part, nous développerons une activité de recherche sur les nouvelles manières de mesurer des réponses aux vaccins afin d'offrir un service toujours à la pointe. Dans cet axe " recherche ", nous nous intéressons aux biomarqueurs ou marqueurs biologiques qui nous permettent de prédire l'effet attendu d'un candidat vaccin.

Esprit libre : Comment se définiront vos axes de recherche ?
Arnaud Marchant : Biovallée définira lui-même ses axes de recherche. Nous aborderons des thèmes qui concernent l'ensemble des pathogènes infectieux comme la mémoire immunologique, le " homing " qui gouverne le trafic des cellules du système immunitaire ou encore les liens entre différenciation et acquisition de fonctions effectrices par les cellules du système immunitaire. Par ailleurs, nous étudierons des pathogènes spécifiques comme par exemple le cytomégalovirus, un pathogène responsable d'infections sévères du foetus. Nous menons d'ailleurs, en collaboration avec GlaxoSmithkline Biologicals, une évaluation d'un candidat vaccin contre ce virus. Le centre est également appelé à s'inscrire dans des projets de recherche initiés par d'autres, qu'il s'agisse d'autres centres de recherche, d'industriels, de laboratoires académiques, de spin-offs ou d'hôpitaux.

Esprit libre : Vous dirigez l'unité de mesure des réponses immunes mais aussi différentes recherches au sein de l'IMI. Cette proximité est-elle un " hasard " ?
Arnaud Marchant : Non, le Centre de recherche en vaccinologie bénéficie, par mon intermédiaire, de l'expérience de l'IMI. Ma présence à la fois dans Biovallée et dans l'IMI va favoriser les interactions sans pour autant les monopoliser : Biovallée sera un partenaire pour l'IMI, tout comme il le sera pour l'IBMM, pour d'autres laboratoires universitaires, pour différentes entreprises ou hôpitaux, etc. L'objectif de Biovallée est de favoriser la recherche collaborative au maximum. Si le coeur de notre activité est les vaccins, nous comptons développer des compétences tant de service qu'en recherche, pour toute maladie impliquant le système immunitaire de l'homme, comme par exemple les maladies auto-immunes ou la transplantation d'organes.

Esprit libre : L'Unité est-elle déjà opérationnelle ?
Arnaud Marchant : Oui, nous avons réalisé, en collaboration notamment avec les services techniques de l'ULB et le BUC (Biopole ULB Charleroi), les aménagements indispensables à une telle unité. Nous avons aménagé de nouveaux laboratoires de culture cellulaire, des espaces de stockage des échantillons cliniques ainsi que des outils informatiques adaptés. Nous devions satisfaire à des normes de qualité sévères appelées GCLP (bonnes pratiques de laboratoire à des fins d'études cliniques) et qui concernent l'ensemble des étapes constituant les études cliniques. Nous avons dès à présent démarré l'activité " services " qui permettra d'assurer la viabilité financière du projet : nous comptons actuellement 5 collaborateurs (4 techniciens et un post-doc), nous devrions passer à 10 en 2008. D'ici un an également, nous lancerons l'activité " recherche ".

Esprit libre : Expliquez-nous en quelques mots ce que signifie aujourd'hui l'activité " service " ?
Arnaud Marchant : Nous sommes capables de mesurer différents types de réponses immunitaires notamment la production d'anticorps et l'activation des lymphocytes T. L'Unité reçoit des échantillons cliniques de patients ou de volontaires qui selon le pathogène étudié, peuvent être des échantillons de sérum où nous pouvons mesurer la réponse immunitaire liée aux anticorps ; ou des échantillons de cellules qui permettent de mesurer les réponses des lymphocytes T. Nous stockons ces échantillons et leur allouons un numéro d'identification unique pour garantir leur traçabilité. Nous testons ensuite ces échantillons en mesurant le taux d'anticorps, leur qualité, leur capacité à neutraliser le pathogène ou encore la fréquence des lymphocytes T, leur fonction, etc. L'expertise de Biovallée reposera notamment sur la cytométrie de flux. Nous venons d'ailleurs d'acquérir un cytomètre de flux parmi les plus performants.

Nathalie Gobbe

Chercheur FNRS au sein de l'IMI (Institut d'immunologie médicale), Arnaud Marchant se partage désormais entre l'institut de l'ULB et le Centre de recherche en vaccinologie de Biovallée où il a pris la direction de l'Unité de mesure des réponses immunes.



 
  ESPRIT LIBRE > MARS 2007 [ n°47 ]
Université libre de Bruxelles