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Une question de santé... publique

Alors que les vaccins administrés à un nourrisson au début des années 1970 ne couvraient que quatre maladies - la poliomyélite, la diphtérie, le tétanos et la coqueluche -, le programme de vaccination de base actuellement proposé dans la plupart des pays industrialisés est dirigé contre 12 agents infectieux, tous associés à des maladies sévères. En 1980, l'OMS (Organisation mondiale de la santé) pouvait affirmer que la vaccination avait permis d'éradiquer la variole, près de 200 ans après que Jenner ait ouvert l'ère de la vaccinologie moderne en protégeant des individus contre cette maladie grâce à l'inoculation d'un virus animal apparenté, celui de la vaccine. Il n'aura fallu que quelques années pour que la vaccination limite une autre infection grave, la poliomyélite, à un petit nombre de cas confinés à deux continents, l'Afrique et l'Asie, et que la perspective de la voir disparaître endéans les années à venir soit réaliste.

Et les progrès se poursuivent. La prévention par la vaccination de certains cancers dont le facteur déclenchant est une infection virale est actuellement possible. Depuis plus de 10 ans, c'était déjà le cas du carcinome hépatocellulaire que les personnes atteintes d'hépatite B chronique ont un risque élevé de développer. C'est maintenant une réalité pour le cancer du col de l'utérus causé par le papillomavirus humain contre lequel des vaccins sont disponibles depuis cette année.

Au cours des années à venir, la vaccination est appelée à jouer un rôle encore plus important dans la promotion de la santé. Le succès de la lutte contre nombre de fléaux pour lesquels les approches curatives s'avèrent insuffisantes - le SIDA, la tuberculose, la malaria - dépendra de notre capacité à développer des vaccins. Seul un vaccin constituerait une riposte réaliste contre une pandémie causée par un virus grippal aviaire. La recherche sur les vaccins devrait aussi ouvrir de nouvelles perspectives pour la prévention ou le traitement des allergies, des maladies auto-immunes et des cancers.

Partenariat

Le développement des vaccins de nouvelles générations s'appuie sur la connaissance de plus en plus fine des mécanismes par lesquels les microorganismes causent les maladies et de la façon dont notre système de défense immunitaire y fait face. Les avancées technologiques importantes des dernières années dans les domaines de la génétique moléculaire, de la chimie des protéines et l'immunologie fournissent les outils de ce développement.

La complexité des approches de mise au point requiert pour la plupart des vaccins, un partenariat entre industrie pharmaceutique et laboratoires de recherche académiques. C'est dans cette logique que s'inscrit d'ailleurs le nouveau centre de recherche en vaccinologie de Biovallée.

Lorsqu'un candidat vaccin a été identifié et que les tests de toxicologie autorisent une première utilisation du produit chez l'homme, débute l'investigation clinique. Celle-ci a deux objectifs : déterminer la façon dont le candidat-vaccin est toléré et établir son efficacité. Les premières études réalisées avec la collaboration d'un nombre restreint de volontaires, ont pour but de démontrer l'innocuité du vaccin. Dans les études ultérieures, à plus grande échelle, la réponse immunitaire suscitée par le vaccin et son caractère protecteur sont évalués. Ces études cliniques sont bien évidemment entreprises dans des conditions de qualité strictement réglementées qui garantissent la sécurité des volontaires et la qualité des données qu'elles génèrent. Au terme de ce long processus d'expérimentation clinique, l'ensemble des données qui établissent l'efficacité et la bonne tolérance du vaccin sont évaluées et sa mise sur le marché est autorisée.

Au-delà de la protection individuelle obtenue en injectant un vaccin, une protection à l'échelle de la communauté peut être attendue si la vaccination d'un groupe adéquat permet d'interrompre la circulation de l'agent infectieux. L'incidence de la maladie en fonction de l'âge, la sévérité, les séquelles et la mortalité, l'impact économique, la durée de la protection induite par le vaccin, son coût, le taux de couverture vaccinale permettant d'interrompre la circulation du pathogène dans la population, autant de facteurs qui permettront d'élaborer une stratégie d'utilisation et d'information vers les patients et les soignants. Bref, de mettre en place une politique de santé publique : la vaccination, c'est l'affaire de tous.

 Dr Jack Levy
Directeur de l'Unité d'investigation clinique de Biovallée Chef du service de pédiatrie du CHU Saint-Pierre

Ces trente dernières années, la vaccination a fait d'immenses progrès. Et le mouvement se poursuit : qu'il s'agisse de SIDA, de grippe aviaire ou encore de certaines formes de cancer, la vaccination se dessine comme la réponse optimale, tant pour l'individu que pour la société.



 
  ESPRIT LIBRE > MARS 2007 [ n°47 ]
Université libre de Bruxelles