Au pied de la mangrove
Le tourisme, enjeu de développement durable
Ce projet est né d'une volonté de l'Universidad del Atlantico de se doter d'un centre de recherche et d'enseignement dans
le domaine du tourisme. " Suite à un premier accord bilatéral conclu entre nos universités, l'IGEAT a introduit un projet
à la Commission universitaire pour le développement pour permettre un échange à la fois scientifique et des échanges entre
étudiants et professeurs belges et colombiens " explique Bernard De Myttenaere, assistant à l'IGEAT et coordinateur scientifique
du projet. La particularité de l'IGEAT étant de pouvoir offrir au partenaire colombien une approche globale et multidisciplinaire
de la problématique.
Si la Colombie est un pays divisé par une guerre larvée entre groupes armés illégaux d'extrême droite et d'extrême gauche
avec le pouvoir en place, la région de Barranquilla, concernée par le projet, est, elle, totalement épargnée par le conflit
armé. " Cette région jouit d'une situation géographique et naturelle des plus intéressantes ; le parc naturel de Salamanca,
lieu du projet mené, étant situé au milieu de deux épicentres touristiques actuels, Carthagène et Santa Marta ", précise le
chercheur.
Actuellement, si les touristes affluent, ils sont surtout issus des environs et viennent sur la côte des Caraïbes colombiennes
pour passer des vacances de délassement ; le public international représentant entre 15-20 % du total. Un des enjeux scientifiques
du projet consistait à étudier les possibilités de développer un tourisme intégré aux activités des populations locales tout
en respectant la fragilité de l'écosystème. Pour les populations du parc naturel de Salamanca, cela représente la possibilité
de développer des alternatives à la pêche et l'agriculture.
Équipe belgo-colombienne
Aux premières missions pour rencontrer professeurs, acteurs de terrain et populations locales, a succédé la mise sur pied
d'une formation de type " troisième cycle " dans le domaine du tourisme, du développement territorial et de l'environnement
; une formation proposée par des enseignants de l'ULB, de l'ULg en collaboration avec des collègues de l'Université de l'Atlantique.
Ensuite, certains étudiants colombiens ont bénéficié de bourses de stages et d'études. Un groupe d'étude multidisciplinaire
a finalement été constitué pour travailler en Belgique et en Colombie, entre 2002 et 2006.
Une carte des potentialités et des acteurs touristiques, ainsi que du patrimoine a pu être dessinée. Le travail du groupe
ayant également consisté à cerner les populations et le type de rapports qu'elles entretenaient avec leur environnement. Composée
essentiellement d'agriculteurs et de pêcheurs, ces populations sont très diversifiées culturellement et socialement.
" L'idée était surtout de créer des méthodologies d'analyses pour mieux comprendre les enjeux et anticiper les problèmes en
les définissant, en formant des chercheurs dans le cadre d'une réflexion multidisciplinaire : anthropologie, sociologie, géographie,
architecture, économie, spécialistes en tourisme " souligne Bernard De Myttenaere. Le dénominateur commun, tant pour les populations
concernées que pour les chercheurs et acteurs de terrains, étant... la mangrove. Cette espèce ligneuse si particulière, qui
se développe notamment dans les régions côtières, a donc permis de créer des ponts entre spécialistes et populations locales,
entre savoirs pluridisciplinaires et savoirs locaux.
Enjeux
Ce projet actuellement clôturé a donné lieu à un rapport de recherche et à des contributions scientifiques (colloques, publications).
Il propose, entre autres, des pistes de réflexion pour pérenniser la formation en utilisant par exemple les compétences des
chercheurs colombiens ayant bénéficié des bourses chez nous. Ces formations ont déjà bénéficié à quelque 200 étudiants colombiens.
Un séminaire a par ailleurs rassemblé au niveau régional d'autres partenaires académiques et scientifiques potentiels autour
de l'enseignement et de la recherche en tourisme, développement territorial et environnement. Un colloque international, à
Bogota, a aussi accueilli 200 chercheurs et professeurs issus des pays d'Amérique latine et d'Europe. Financé par les ministères
du tourisme et de l'environnement colombien, il sera réitéré tous les deux ans. Avec comme objectifs sous-jacents de créer
des liens entre des chercheurs du Sud entre eux, d'une part, mais aussi de permettre aux chercheurs de l'ULB - ceux de l'IGEAT
(unité Aménagement du territoire, environnement et transport, analyse et gestion du tourisme), et du Laboratoire de botanique
systématique et de phytoscociologie - et de l'Université de Liège également impliquée (Unité sociologie, économie, environnement
et développement) de profiter des savoirs et de l'expérience de leurs collègues sud-américains.
Alain Dauchot
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Le tourisme comme facteur de développement territorial : sans être la panacée, il peut offrir de réelles perspectives pour
certains territoires du globe. Menée en partenariat avec l'Institut de gestion de l'environnement et d'aménagement du territoire
(IGEAT) de l'ULB et l'Université de Liège, une collaboration scientifique avec l'Université del Atlantico de Barranquilla
(Colombie) a permis d'appréhender les projets de tourisme dans la région de Barranquilla avec un regard multidisciplinaire
et dans le cadre d'une approche intégrée.
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