Hôpital Erasme : le futur se dessine
Esprit libre : En 2007, l'hôpital académique fête ses 30 ans. Le bel âge ?
J.-P. Van Vooren : 30 ans, c'est déjà vieux pour un hôpital. Il y a 30 ans, par exemple, les chambres étaient souvent à quatre lits, rarement
à deux alors qu'aujourd'hui, les patients exigent une chambre à deux lits, voire une chambre individuelle ; il y a 30 ans,
on ne parlait pas d'endoscopie ou d'hôpital de jour, etc. Nous sommes donc en train de repenser l'hôpital au vu de ces innovations
et de ces nouvelles exigences notamment en termes d'espace, d'accueil ou de parcours du patient.
P. Goblet : Nous profitons également de l'arrivée du " new Bordet " pour élaborer le plan directeur " 15-5-1 ", c'est-à-dire une vision
du campus Erasme conjointe ULB-hôpital à 15 ans, une programmation à 5 ans, et une planification annuelle.
Esprit libre : Commençons par ce vaste chantier que vous appelez le " new Bordet ". Pourquoi d'ailleurs cette appellation ?
J.-P. Van Vooren : Il ne s'agit pas de transférer " simplement " l'institut Bordet de la Porte de Hal au campus Erasme mais bien de construire
un centre d'excellence en cancérologie en prise sur le XXIe siècle. Adapté aux patients en oncologie, ce centre est pensé
en tenant compte de complémentarités avec l'hôpital Erasme, notamment via la mise en commun de technologies. Il sera aussi
en connexion directe avec la recherche fondamentale et clinique menées en Faculté de médecine.
Esprit libre : Restons dans les briques, y a-t-il d'autres chantiers en vue ?
P. Goblet : Oui, nous devons agrandir l'Hôpital Erasme qui est aujourd'hui à saturation. Un nouveau bâtiment est déjà planifié : nous
y regrouperons notamment les laboratoires et l'administration, ce qui libèrera des espaces dans l'hôpital qui pourront être
réaménagés.
J.-P. Van Vooren : La transversalité est aujourd'hui devenue essentielle en médecine, nous devons organiser notre hôpital dans cet esprit. À
titre d'exemple, lorsqu'un patient est admis pour une menace d'infarctus, il doit être hospitalisé à proximité de l'endroit
où la coronaire rétrécie pourra, si possible, être dilatée ; lorsqu'un patient est porteur d'un anévrisme cérébral symptomatique,
il pourra aujourd'hui être pris en charge dans l'Unité de radiologie interventionnelle ; avant on l'opérait. Les nouvelles
techniques impliquent des équipes différentes, des surveillances différentes, des environnements médicaux différents, etc.
Bref, nous devons reprogrammer l'hôpital en tenant compte des évolutions constantes de la médecine.
Esprit libre : Reprogrammer... le mot s'applique aussi à votre informatique...
P. Goblet : Nous devons en effet disposer d'une informatique intégrée, en optimiser la gestion, pouvoir organiser à travers elle les prises
de rendez-vous, la facturation, etc. Pour répondre à ces différentes exigences, il a été décidé en novembre 2005, d'implémenter
un ERP : la première phase de déploiement a eu lieu en janvier 2006, le tout devrait être opérationnel d'ici mai.
Esprit libre : On comprend, à vous entendre, que l'Hôpital Erasme est en pleine évolution. Qu'en est-il du côté des professionnels de la
santé qui animent cet hôpital ?
J.-P. Van Vooren : Nous sentons beaucoup d'enthousiasme au sein des équipes. Chacun comprend qu'il peut apporter des projets nouveaux s'ils s'inscrivent
dans le plan stratégique de l'institution. Notre premier objectif est de réussir à fédérer : que chacun pense " global ",
comprenne que ce qu'il fait a un impact sur sa vie et sur celle de son voisin. Nous espérons voir émerger de nouvelles initiatives
pilotées par des jeunes collaborateurs qui feront l'hôpital de demain.
P. Goblet : Il y a également une volonté de travailler plus étroitement avec l'ULB : ma présence à la fois à la direction du Département
financier de l'Université et comme directeur gestionnaire de l'hôpital en est une illustration ; la réflexion commune sur
le campus - notamment au sein des départements des infrastructures - en est une autre ; la création prochaine, ici, d'une
direction de la recherche qui travaillera en synergie avec les structures de l'ULB est encore un exemple.
Esprit libre : L'hôpital académique s'inscrit également dans un réseau. Le mot " évolution " est-il là aussi à l'ordre du jour ?
J.-P. Van Vooren : Il faut comprendre que chaque hôpital a ses spécificités et est référent dans certaines technologies. L'Hôpital Erasme ne
doit pas tout faire dans ses murs mais aider à offrir au patient ce qu'il y a de mieux pour lui. En pédiatrie, par exemple,
différents liens ont été récemment tissés entre l'Hôpital Erasme, l'Hôpital Saint-Pierre et l'Hôpital universitaire des enfants
Reine Fabiola, l'hôpital académique ne peut assumer aussi bien tous les services. Un tout autre exemple est celui des polycliniques
de Nivelles ou du Lothier, de l'Hôpital Français, qui offrent une médecine de proximité : pour tous, les synergies sont importantes.
Nathalie Gobbe
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À la veille des 30 ans de l'hôpital académique Erasme, rencontre avec le médecin directeur Jean-Paul Van Vooren et le nouveau
directeur gestionnaire Patrick Goblet qui assument la gestion quotidienne de l'hôpital " en tandem benji ", sourient-ils.
Entendez, deux vélos reliés par un élastique de benji de sorte que s'ils pédalent à des vitesses différentes - ou prennent
des directions distinctes -, tous deux tombent...
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