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esprit libre

[à l'université]
 
 
 
L'âge d'or des sciences arabes Un voyage au pays des 1001 sciences

Esprit libre : Quelles raisons ont motivé les porteurs du cycle " Histoire des savoirs " ?
Ahmed Medhoune : Il s'agissait tout d'abord d'engager davantage notre Université dans une ville dans laquelle elle est à la fois un sanctuaire et une éponge. À nous associer aux cotés de tous ceux qui font la chasse aux stéréotypes et qui tentent de ramener les questions de société à la température de la raison. Il s'agissait aussi de contribuer à défaire l'européocentrisme, toujours très présent, et qui s'est longuement construit sur les mémoires amputées de l'Histoire de l'humanité. Mettre à l'honneur les contributions non européennes aux savoirs universels, c'est tout simplement rappeler ce que nous leur devons. Le patrimoine scientifique mondial s'est construit par des filiations et des héritages successifs trop souvent oubliés.

Esprit libre : La première étape du cycle nous emmène " À la découverte de l'âge d'or des sciences arabes "...
Ahmed Medhoune : Ce premier programme du cycle " Histoire des savoirs " poursuit plusieurs objectifs. Tout d'abord créer une exposition et des activités visant à déconstruire les stéréotypes. La restauration de la mémoire amputée de l'Histoire des savoirs a aussi pour ambition de valoriser les identités culturelles des populations originaires du monde musulman. Dans un contexte souvent dominé par la peur de l'Autre, et en particulier de tout ce qui touche au monde arabe, une telle thématique place sous un autre angle les relations interculturelles. " À la découverte de l'âge d'or des sciences arabes " permet d'évoquer les relations entre l'Occident et l'Orient autrement qu'en ayant recours au " choc des civilisations ". Ce projet tente enfin de combler le déficit d'intérêt des jeunes pour les sciences, comme en témoigne la désaffection des filières scientifiques. Une des premières missions de l'Université est de produire et de diffuser des savoirs, c'est sans doute l'une de ses singularités. Elle était donc la mieux placée pour initier ce cycle Histoire des savoirs et contribuer à sa manière à un mieux vivre ensemble.

Esprit libre : " Histoire des savoirs ", c'est d'abord une exposition, mais c'est également toute une série d'évènements ...
Ahmed Medhoune : Oui. Dès le début, nous avons souhaité organiser le cycle " Histoire des savoirs " autour d'un événement pivot : une exposition, que nous avons voulue accessible au plus grand nombre, intelligible et didactique. Nous sortons du schéma classique des expositions dans des universités, en exploitant à la fois les illustrations, le graphisme, les couleurs, les lumières, le parcours, l'esthétique, l'émotion. Et cela marche : nous avons déjà plus de 4000 visiteurs ! Par ailleurs, cette exposition a été conçue pour devenir itinérante, afin de réellement permettre au public le plus large de la visiter. Elle est accompagnée d'un catalogue et d'une programmation culturelle. Autour de l'exposition, viennent en effet se greffer une série d'activités déclinant le thème des sciences arabes : conférences, tables rondes, spectacles, concerts, ciné-clubs, animations scolaires... Avec cette exposition, ces évènements et tous ceux qui suivront, l'Université espère contribuer à susciter un appétit pour les sciences, à déconstruire les stéréotypes de part et d'autres, et peut être à soigner les identités abimées en puisant dans tout cela des raisons de fierté et de dignité.

Esprit libre :
Ahmed Medhoune :

Sophie François

Pour la première fois, l'Université libre de Bruxelles et ULB Culture organisent un programme d'activités consacré à l'Histoire des savoirs. Chaque année, les apports d'une civilisation à l'Histoire universelle des savoirs seront ainsi mis à l'honneur. En 2007, la première étape de ce tour du monde rend hommage à l'apport des civilisations arabo-musulmanes aux sciences (médecine, chimie, mécanique, astronomie, mathématiques, architecture, musique...). Rencontre avec Ahmed Medhoune, commissaire général de ce cycle.



Des clés pour comprendre

L'exposition " À la découverte de l'âge d'or des sciences arabes " a bénéficié de la collaboration scientifique de l'Institut du monde arabe (Paris) et de Hossam Elkhadem, premier professeur d'Histoire des sciences arabes à l'ULB. Ce dernier a endossé le rôle de commissaire scientifique de l'exposition avec passion, compétence et humour, en concevant, avec l'aide de toute l'équipe d'ULB Culture, de Schola ULB et d'un comité scientifique, un tour du monde des illustrations, selon un parcours organisé en trois sections.

L'exposition commence par donner " les clés de compréhension ", qui permettent de poser le cadre historique et de comprendre pourquoi et comment se sont développées les civilisations arabo-musulmanes entre le VIII e et XV e siècle. Les deux autres sections, " le ciel et la terre " et " l'homme dans son environnement ", montrent l'importance des apports, parfois insoupçonnés, de ces civilisations aux sciences. Mathématiques (y compris l'origine des chiffres), cartographie (céleste et terrestre), médecine, chirurgie (y compris les techniques de fabrication des instruments chirurgicaux), pharmacopée, chimie, astronomie, mécanique... : en près de 800 ans, les civilisations arabo-musulmanes ont hérité, complété, puis transmis à la société occidentale de nombreux savoirs.

Une invitation au voyage, à découvrir du 10 mars au 2 juin 2007, salle Allende.

En savoir plus : www.histoiredessavoirs.ulb.ac.be

 
  ESPRIT LIBRE > AVRIL 2007 [ n°48 ]
Université libre de Bruxelles