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esprit libre

[à l'université]
 
 
 
De l'eau pour la vie

À l'échelle de la planète, le manque d'accès à l'eau potable tue plus que le sida. Diarrhée, dysenterie, choléra, typhoïde, poliomyélite sont quelques-uns des fléaux, provoqués par la mauvaise qualité de l'eau, qui déciment le Tiers Monde. Tueurs sournois véhiculés par un liquide vital, ils s'en prennent aux plus fragiles, les enfants en priorité, dans une relative indifférence générale. Comme si ce n'était pas encore suffisant, au manque de qualité s'ajoute désormais la pénurie, qui découle de la mauvaise gestion des ressources et l'accroissement rapide de la population. Comment ne pas être scandalisé face à des situations telles qu'au Kerala (Inde), où l'implantation d'une usine de boissons gazeuses épuise les nappes aquifères d'une région densément peuplée, en utilisant neuf litres d'eau pour produire un litre d'un certain rafraîchissement avec une étiquette rouge.

Les gestes simples…

Vue de Belgique, la question est tout autre. Les problèmes sanitaires d'origine hydrique sont résolus depuis longtemps. Nous ne sommes pas directement menacés de pénurie avec l'eau qui tombe généreusement du ciel comme un cadeau dont, parfois, nous nous serions bien passés. Par ailleurs, quelle que soit notre compassion par rapport aux difficultés des populations du Tiers Monde, il n'est pas aisé de voir comment une économie d'eau au Nord, pourrait étancher la soif au Sud. Dès lors, les nombreuses campagnes pour économiser l'eau, développées autour des gestes simples du genre " ne pas laisser couler l'eau pendant que l'on se brosse les dents ", nous paraissent dérisoires, dépourvues de sens et donc inefficaces.
Les problèmes du Nord et du Sud sont bel et bien différents mais, pourtant, étroitement liés. Que cela ne nous décourage de faire la chasse au gaspi : l'eau est, chez nous comme ailleurs, un bien précieux qu'il faut apprendre à respecter. Ne pas la polluer avec des substances considérées indispensables à notre confort quotidien ou produites par les activités industrielles est une priorité, pour réduire la pression que nos déversements imposent aux écosystèmes de nos régions. La gaspiller revient de fait à la polluer, par le mélange inutile d'eaux propres avec des eaux usées. Notre comportement a un prix au niveau des systèmes de potabilisation de l'eau, lequel se retrouve dans la facture à payer pour avoir le privilège de jouir d'une eau propre qui coule des nombreux robinets de nos maisons.

Chercheurs d'eau…

Comprendre les mécanismes qui régissent la circulation de l'eau dans le système Terre, tant comme molécule que comme produit économique, est très complexe et demande des connaissances scientifiques considérables et très diverses. Résoudre efficacement les problèmes de distribution d'eau potable, de collecte et d'assainissement des eaux usées, suppose la maîtrise de beaucoup de données théoriques et techniques. De nombreux chercheurs de l'ULB, tant de sciences de la nature, de l'ingénieur que de sciences humaines, ont engagé leur compétence et leur créativité dans ce passionnant domaine. La nécessité d'inscrire les recherches de chacun dans un projet plus global et intégratif les a amenés à créer Hydrosys, Centre transdisciplinaire de recherches sur l'eau et les hydrosystèmes.

Jeunes Chercheurs…

Par ailleurs, pour la troisième année consécutive, Inforsciences a organisé l'opération " Chercheurs d'eau " avec le soutien de la Région Bruxelloise. Cette action de vulgarisation propose aux élèves de l'enseignement secondaire de découvrir l'importance des sciences et des technologies dans la prise en compte des dimensions environnementales, sociales et économiques qu'exige la gestion de l'eau, dans une société développée qui se veut durable.
Cette année encore, environ 150 jeunes bruxellois, repartis en 12 groupes, se sont initiés à la recherche scientifique en étudiant, pendant plusieurs mois, une question de leur choix, mais toujours dans le cadre de l'étude de l'eau et sa gestion. Ils ont ainsi travaillé, y compris expérimentalement, sur des thèmes aussi divers que le lagunage, la qualité de l'eau des fontaines de Bruxelles ou la consommation de l'eau à l'école. Dans leur entreprise, ils ont été parrainés par des chercheurs de l'université, pour la plupart appartenant au centre Hydrosys, qui témoignent de cette belle manière leur engagement à contribuer à résoudre les problèmes de la gestion de l'eau, en y ajoutant la dimension de la transmission des savoirs et d'éducation au développement durable.

Marie José Gama


Le 22 mars 2005, " Journée mondiale de l'eau ", fut le moment choisi par les Nations Unies pour lancer la décennie internationale de l'eau. Dix ans pour mieux gérer les ressources en eau indispensable à notre survie. Un défi qui passe tant par la recherche de solutions aux problèmes actuels que par la sensibilisation de la population et l'éducation à une gestion durable. Les chercheurs de l'ULB s'engagent avec détermination aux deux niveaux de cette bataille, en créant Hydrosys, Centre transdisciplinaire de recherches sur l'eau et les hydrosystèmes, et en soutenant l'opération " Chercheurs d'eau " organisée par Inforsciences.



Pour plus d'info voir, www.ulb.ac.be/inforsciences, rubrique Opérations jeunes chercheurs

 
  ESPRIT LIBRE > MAI 2005 [ n°31 ]
Université libre de Bruxelles