Chaque mois, l'ULB et son Union des anciens étudiants éditent un magazine intitulé "Esprit libre". Pour permettre au plus grand nombre de le lire, notamment nos diplômés séjournant à l'étranger, nous vous proposons ici une version "Web" du magazine. Pour des raisons de simplicité et pour vous éviter le chargement de fichiers trop lourds, cette version a sa mise en page propre dans laquelle nous avons choisi de ne garder que les textes et de ne pas reprendre les illustrations.

Qui ne se rappelle ces doctes sentences familiales, littéraires et politiques des siècles précédents, destinées à nous éclairer sur notre avenir si bien tracé de travailleur : " Tout travail mérite salaire " ; " Ne remets jamais à demain un travail que tu peux faire le jour même " ; " Travaillez, prenez de la peine, c'est le fonds qui manque le moins " ; " Tu seras avocat, mon fils " ; etc

La valeur du travail était centrale dans nos sociétés, et les relations (parfois dévoyées ou inégales) éducation - emploi, employeur - employé, travail - bonheur, guidaient nos aspirations et notre avenir.
L'obtention d'un diplôme, technique ou universitaire, était devenu le garant d'un emploi stable.
Par ailleurs, le libre accès au marché de l'emploi et la négociation des conditions de travail ont assurément constitué un des grands progrès du XXème siècle, qui nous a progressivement libéré de la servitude de ce même travail.
Mais que reste-t-il encore aujourd'hui de ces acquis et de ces espoirs ?
Un important chômage endémique, une précarité angoissante de l'emploi, toujours de l'esclavage dans certaines parties du monde, des actionnaires oublieux de la contribution du capital humain à leurs richesses, etc. Et à côté de cela, une consommation de plus en plus effrénée de biens et de loisirs.

Qui doit-on critiquer pour cette situation paradoxale ?
Les pères fondateurs du rationalisme et du progrès scientifique, source de notre technologie foisonnante et de notre surconsommation ? Ou la perte de nos valeurs essentielles de contrôle et de prudence ?
N'est-ce pas l'excès de raison qui, actuellement, nous mène droit vers un monde dont l'unique valeur devient un marché dont on nous répète qu'il va se réguler.
Par une confusion progressive de genre, l'homme a fini par prêter à la raison une force morale, alors qu'elle ne devrait rester qu'une méthode, un moyen de pensée pour accéder au progrès de l'homme.
Si la science et ses technologies reculent sans cesse les limites de notre connaissance et de notre entendement, encore faut-il que science et humanité se rencontrent pour réfléchir sur ce que nous fûmes, sur ce que nous sommes, sur ce que nous serons.

La présente édition de l'Esprit libre est riche de cette réflexion.
L'Institut du travail fête ses 50 années d'existence et ses 50 années de recherche.
L'opération "Chercheur d'eau" annonce ses journées sur nos campus.
La période des " Saints de Glace " nous permet de dialoguer avec deux de nos éminents glaciologues, ainsi que de vous présenter le récent colloque sur les Inuit.

Voilà de quoi assurément nous donner l'envie de penser notre vie.

Éric Gouder de Beauregard
Président de l'UAE