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Projet ARC La ville et ses élites

Réunissez dans une même salle un géographe (Mathieu Van Criekingen ), une historienne (Chloé Deligne) et une sociologue (Françoise Noël), et lancez-les sur un thème : la ville. Vous assisterez rapidement à un foisonnement de réflexions, commentaires, questionnements. Foisonnement mais pas cacophonie, loin s'en faut. Il est vrai que depuis quelques mois, les trois chercheurs de l'ULB participent aux travaux de l'ARC financée par la Communauté française et intitulée " Les élites dans la ville. Identification, rôle et place des groupes élitaires dans le processus de (re)composition urbaine ".

Focus sur Bruxelles

S'étalant sur cinq années, la recherche vise à mieux comprendre comment, quand et par quels moyens les élites ont agi sur le remodelage de la ville, ou de parties de la ville, etc. Le tout à partir d'un terrain empirique précis, Bruxelles, et pendant une période assez longue s'étalant depuis la fin de l'époque autrichienne jusqu'à l'époque contemporaine. " Notre volonté est aussi d'avoir prise directe sur la réalité actuelle. La mixité sociale dans la ville est aujourd'hui un leitmotiv idéologique mais est-elle vraiment questionnée ? L'idée qu'on assiste à un retour en ville est également un discours dominant. Mais les populations qui " re "viennent en ville y ont-elles jamais vécu auparavant ? Ou s'agit-il de nouvelles catégories de populations ? Nous espérons apporter une mise en critique sur une série de questions majeures pour Bruxelles ", insiste Chloé Deligne, jeune chercheuse FNRS au sein du Département Histoire, arts et archéologie de l'ULB.

" Élite ", une notion relative

Avec une première question fondamentale et pourtant si complexe : qu'entend-on par " élite " ? " La notion d'élite est relative, elle varie dans le temps et dans l'espace ; finalement, elle se définit plus à partir de ce qu'elle fait que de ce qu'elle est. L'élite regroupe des personnes auxquelles on reconnaît une certaine supériorité sociale ou une supériorité dans un domaine particulier. En tous les cas, 'élite' n'est pas synonyme de 'riche' ", relève Françoise Noël, directrice du Centre de recherche urbaine de l'ULB et co-promoteur de cette ARC. Les trois thèses de doctorat menées dans le cadre du projet traiteront chacune d'une catégorie d'élite différente : la doctorante géographe étudiera l'élite artistique dans la ville, l'historienne s'intéressera au patronat de la grande distribution et aux banquiers tandis que la sociologue partira d'espaces contemporains très valorisés socialement pour s'interroger sur les élites qui les occupent.

Chacun sous leur angle, avec leurs concepts propres, les chercheurs vont accumuler des données pour arriver, en les croisant, à établir une cartographie évolutive de Bruxelles, de ses quartiers et ses élites à travers le temps. Ou comment avec des méthodologies différentes mais une concertation scientifique étroite, des géographes, des historiens et des sociologues arrivent à des points de convergence ou de divergence... Parce que c'est effectivement là, dans cette multidisciplinarité, que se situe la principale originalité du projet. " À l'ULB, le dialogue entre géographe et historien ou entre géographe et sociologue avait une certaine tradition, mais un dialogue à trois comme dans ce cas, c'est une nouveauté ", constate Mathieu Van Criekingen, chercheur FNRS au sein du Laboratoire de géographie humaine de l'ULB.

Une telle démarche implique bien sûr que chaque spécialiste apprenne qui est l'autre, à quelles caractéristiques de la ville il s'intéresse, etc. Les trois thèses menées dans le cadre de cette ARC se nourriront mutuellement. Des réunions avec l'ensemble des partenaires sont programmées tous les quinze jours. Des séminaires de rencontre sont organisés, apportant notamment le regard d'experts internationaux (des spécialistes de Paris ou de Montréal ont participé aux premiers séminaires). Des outils communs - en particulier cette cartographie de Bruxelles inédite - vont être réalisés. " À travers cette ARC, nous réunissons différentes équipes qui travaillent sur la ville au sein de l'Université et qui ont une compétence sur Bruxelles. Nous avons là un pôle scientifique fort ", souligne Françoise Noël.

Nathalie Gobbe

Les élites dans la ville et leur rôle dans la (re)composition urbaine constituent le sujet central d'une recherche qui vient de commencer à l'ULB et qui - fait rare - réunit des historiens, des sociologues et des géographes. Découverte de cette ARC (Action de recherche concertée) multidisciplinaire.



Nouveau Master international
Synergie naturelle entre recherche et enseignement... L'ULB participe à la création d'un nouveau Master international en études urbaines. Créé au sein du réseau Unica (réseau des universités des capitales européennes), ce Master devrait réunir l'ULB, la VUB, deux universités madrilènes, l'Université de Vienne et l'Université de Copenhague. Les étudiants passeront six mois dans chaque capitale où ils étudieront différents aspects de la ville : géographie économique et sociale des villes européennes, dimension culturelle ou festive, démographie et migration, urbanisme et architecture ou encore, gouvernance urbaine. Le cycle sera lancé depuis Bruxelles. L'ensemble du cursus se fera en anglais.

Infos : www.4cities.eu

 
  ESPRIT LIBRE > MAI 2007 [ n°49 ]
Université libre de Bruxelles