Chaque mois, l'ULB et son Union des anciens étudiants éditent un magazine intitulé "Esprit libre". Pour permettre au plus grand nombre de le lire, notamment nos diplômés séjournant à l'étranger, nous vous proposons ici une version "Web" du magazine. Pour des raisons de simplicité et pour vous éviter le chargement de fichiers trop lourds, cette version a sa mise en page propre dans laquelle nous avons choisi de ne garder que les textes et de ne pas reprendre les illustrations.

Depuis bientôt 3 ans, le campus de l'ULB voit épisodiquement mais régulièrement surgir des organismes vivants non identifiés (OVNI). Le phénomène a été étudié de plus près. En voici les principales constatations que le lecteur prendra avec réserve puisqu'elles résultent d'études observationnelles (et non expérimentales) dont on connaît les limites :

* Les OVNI sont apparus pour la première fois en octobre 2004 sous forme de colonies proliférant sur le sol et les murs du foyer de la cité Héger, alors en travaux. Ils ont la propriété de secréter un matériel gluant suffisamment puissant pour que leur adhésion au sol ait empêché très longtemps leur évacuation par le service de sécurité et d'hygiène de l'ULB. Cette force adhésive a d'ailleurs été ré-observée en octobre 2006 lorsqu'une colonie d'OVNI, pourtant peu nombreuse, s'était agglutinée sur la porte du Conseil d'administration, empêchant la réunion de celui-ci.

* En dépit de l'adhésivité de leur sol, les OVNI sont doués de locomotion et de diapédèse à travers les murailles. En octobre - novembre 2006, on les a ainsi retrouvés dans les locaux du rectorat et dans l'amphithéâtre Chavanne, ce qui a d'ailleurs amené un taxonomiste pressé à les qualifier de " Chavannii species " (en français " Chavannistes "). (1)

* Tout récemment (avril 2007), le bombardement photonique du changement climatique brutal a fait passer les OVNI en aérobiose. Ils ont quitté leur habitat enfumé habituel pour s'étaler, avec un mimétisme scoutismophile jamboreïque étonnant, sur les pelouses jouxtant l'avenue Héger.

* L'origine des OVNI est inconnue. Un spécialiste de la CIA (2) l'attribue à une expérimentation ratée du laboratoire du BEA (Bureau des étudiants administrateurs). Ces apprentis sorciers auraient donné naissance aux OVNI à des fins politiques obscures mais, comme les fables du Golem et du Dr Frankenstein, leurs créatures se sont retournées contre eux : quelques OVNI, particulièrement agressifs, ont effectivement détruit en novembre 2006 le laboratoire qui les a vus naître.

* Les OVNI ont un tropisme positif exclusif pour le Solbosch. On ne les a pas vus, ni à la Plaine, ni à Erasme, ni à Gosselies.

* Les OVNI sont très sensibles à certaines fréquences sonores, en particulier celles de la microphonie du Janson quand un orateur prononce le mot " valeurs de l'ULB ". Cette stimulation de leur cochlée provoque une curieuse réaction (3) associant l'émission d'éructations étranges à la métamorphose catapultiforme des membres antérieurs dont les extrémités distales secrètent une pâte molle surmontée d'une mousse blanchâtre qu'ils projettent vers l'orateur. Heureusement que le développement cérébelleux des OVNI est encore imparfait : l'incoordination motrice qui en résulte fait généralement échouer le projectile à côté de la cible.

* Les OVNI sont doués de parole dont l'émission s'apparente à la logorrhée voire à la jargonaphasie. Des observateurs attentifs ont cependant cru comprendre que les OVNI s'auto-dénommaient " acéphales ". Un éminent anatomiste (4) consulté signale, qu'à sa connaissance, il n'existe pas d'êtres vivants multicellulaires acéphales qui ne soient également anencéphales. Dont acte.

Quoi qu'il en soit, on ne peut, à ce jour, exclure que les OVNI ne soient oncogènes. La communauté universitaire, au nom du principe de précaution, interpelle donc les autorités :
" Mais que fait la police ? ".

Jean-Louis Vanherweghem
Président du CA de l'ULB

(*) Pour les lecteurs " non avertis ", cet éditorial de Jean-Louis Vanherweghem fait référence aux actions et aux occupations diverses et variées de locaux et autres espaces de l'ULB par des étudiants et des personnes extérieures à l'ULB durant ces trois dernières années ; la dernière opération en date étant l'installation d'un camp de tentes sur les pelouses situées à l'arrière de la Bibliothèque des Sciences humaines.