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À vos marques... Prêts ? Allons-y !

Enseignement supérieur : l'ère Bologne

Le décompte est enclenché : en septembre, les universités entreront dans l'ère " Bologne ". Ce processus, qui porte le nom de la cité italienne où il a officiellement vu le jour, modifie en profondeur tout l'enseignement supérieur chez nous, mais aussi dans 39 autres pays. À quelques encablures de ce moment crucial, nous vous proposons un dossier qui devrait répondre aux interrogations essentielles que chacun est en droit de se poser sur cette gigantesque métamorphose.

Esprit Libre : La rentrée 2004 sera celle du changement : est-ce que vous l'appréhendez ou êtes-vous serein ?
Pierre de Maret : Je suis surtout enthousiaste ! Nous venons d'accoucher - dans un temps relativement record - du plus grand bouleversement du paysage de l'enseignement supérieur. Avec beaucoup de satisfactions, et aussi des zones qui restent à défricher... Comme tout changement, Bologne a suscité un certain nombre d'appréhensions et d'interrogations. Mais, comme toujours en pareil cas, beaucoup de membres de notre institution ont fait preuve de bonne volonté, d'imagination, de ressources... et nous voici prêts. Vous me trouvez donc plutôt impatient par rapport à cette rentrée.

Esprit Libre : Le processus de Bologne était nécessaire pour redynamiser notre enseignement. Quels sont les enjeux ?
Pierre de Maret : Les règles du jeu changeaient tout autour de nous. Nous devions donc nous adapter. À l'échelle européenne et à celle du monde, nous sommes une Université appartenant à une Région et une Communauté bien petites. Après une période d'intenses réflexions et de multiples échanges, un accord académico-politique important a permis ce changement. Je m'en réjouis, car le monde bouge. Ceux qui entreront cette année à l'Université sont nés en 1986 ; c'est la génération du " zapping ", d'Internet et du GSM... Face à des bouleversements culturels et éducatifs majeurs dans notre société, l'Université devait aussi évoluer, et garantir jalousement la qualité de notre enseignement.

Esprit Libre : Bologne a été l'occasion d'une longue réflexion sur les programmes, les méthodes d'enseignement...
Pierre de Maret : Sur les programmes, les Facultés ont réalisé un effort important. Une réflexion plus systématique et stratégique a permis de faire évoluer une série de domaines : les poids excessifs de différentes matières dans certaines filières, le recentrage de la place des langues dans l'enseignement, l'importance de l'informatique, etc. Par ailleurs, une réflexion plus stratégique a été initiée sur les objectifs pédagogiques en général et sur les moyens à y consacrer.

Esprit Libre : En matière d'offre de formation, y a-t-il des nouveautés ?
Pierre de Maret : Oui, et ce n'est qu'un début. Par exemple, il y a l'ouverture à Mons d'un premier cycle bachelor en Droit. Il y a également la mise en place d'un partenariat plus étroit avec l'Université de Mons-Hainaut et la Faculté polytechnique de Mons avec qui nous formons à présent une Académie.

Esprit Libre : Où en est-on dans la structuration de cette Académie ?
Pierre de Maret : Le but de l'Académie universitaire Wallonie-Bruxelles est de faire mieux ensemble ce que chacun avait du mal à faire tout seul. Il s'agit de répondre à la demande croissante de la société en termes de recherche, de développement économique, de service, d'expertise, de débat intellectuel, d'ouverture internationale. Grâce à cette coopération, notre présence sera beaucoup plus effective au niveau de la Région wallonne, sans oublier Bruxelles et nos partenaires du Pôle universitaire européen. L'idée est de développer tous ensemble un Eurotriangle, entre le Nord-Pas de Calais, le Hainaut, le Brabant et Bruxelles.

Esprit Libre : Le nouveau système encourage la mobilité. Il s'agira d'attirer plus d'étudiants étrangers vers nos masters. Ne craignez-vous pas que beaucoup de nos étudiants aillent à l'étranger poursuivre leur formation ?
Pierre de Maret : Ceux qui auront obtenu leur BA chez nous seront les ambassadeurs de la qualité de notre enseignement s'ils poursuivent leur formation ailleurs. De ce côté-là, je ne suis pas inquiet. La crainte que vous évoquez, c'est que nous ne soyons pas suffisamment attractifs pour que ces départs soient compensés par des arrivées d'étudiants venant d'ailleurs. Ma réponse est claire et nette : il s'agit de penser les masters de façon à leur conférer un maximum d'attractivité. Nous devrons pousser nos avantages compétitifs : nous sommes une Université d'Europe, un lieu d'excellence multiculturel, engagé, ayant des traditions de solidarité Nord-Sud, à la confluence entre les mondes latin, germanique et anglo-saxon.

Esprit Libre : Le refinancement des neuf institutions universitaires prévu d'ici 2010 sera-t-il suffisant pour relever tous les défis ?
Pierre de Maret : Par rapport à l'enveloppe disponible, un certain refinancement est effectif, c'est mieux que rien, et beaucoup mieux que la situation antérieure. Par-contre, si l'on compare avec ce qui se passe à l'étranger, c'est nettement insuffisant. Nous sommes de plus en plus déforcés, que ce soit en termes de moyens, d'encadrement de recherche, ou de besoins de constructions. À ce sujet, un mémorandum a été établi au Cref (ndlr : Conseil des recteurs de la Communauté française). Il nous faut insister encore pour faire évoluer les choses et défendre un enseignement public, de qualité et accessible au plus grand nombre.

Esprit Libre : En un mot, Bologne à l'ULB, c'est... ?
Pierre de Maret : Une formidable opportunité pour faire de l'ULB une Université d'Europe

Alain Dauchot


Notre Université est sur la ligne de départ. Non pas pour un 100 mètres, mais pour une course de fond en plusieurs étapes, dont la première est programmée le 15 septembre. La rentrée 2004 sera en effet celle du changement : le processus de Bologne est enclenché, avec l'entrée en vigueur de la première année de Bachelor, qui remplace la première candidature dans notre système d'enseignement supérieur. Pour faire le point sur les enjeux de cette vaste réforme, nous avons rencontré Pierre de Maret ; un recteur enthousiaste et impatient de voir son Université se métamorphoser dans le nouveau cadre européen...



 
  ESPRIT LIBRE > JUIN 2004 [ n°23 ]
Université libre de Bruxelles