Enseignement supérieur en Communauté française :
la métamorphose
Par sa dimension internationale et son enjeu, la mise en oeuvre du processus de Bologne en Communauté française a été l'occasion
de modifier une organisation de l'enseignement supérieur qui, pour certains de ces aspects, est restée inchangée depuis plus
de 150 ans.
Structure des études initiales
La réforme ne fait pas table rase des structures existantes, heureusement très proches du modèle visé. L'enseignement supérieur,
fondé depuis toujours sur une structure binaire - enseignement à l'université et hors université - offre déjà, comme le prévoit
" Bologne ", des formations professionnalisantes en trois ans et des formations plus longues structurées en deux cycles.
Les études de type court sont donc maintenues dans leur structure actuelle, organisées en un seul cycle professionnalisant
(généralement en 3 ans) menant au grade académique de bachelier. Les études de type long sont maintenues dans leur durée actuelle,
et organisées en deux cycles :
- un premier cycle de transition en 3 ans (180 crédits) menant au grade académique de bachelier ; >br/>
- un deuxième cycle menant au grade académique de master. Les études complémentaires (DEC) ou de spécialisation (DES-DEA)
disparaissent dans la nouvelle structure; dès lors, beaucoup de cursus universitaires offriront le choix entre divers types
de master :
* un master en 1 an (60 crédits), si les études existaient en 4 ans ;
* des masters en 2 ans *1 (120 crédits) à finalité didactique et formant les enseignants du secondaire, à finalité approfondie
et préparant à la recherche et à finalité spécialisée, permettant l'acquisition d'autres compétences professionnelles particulières.
Cette réorganisation réduit pour l'étudiant le nombre d'étapes et la rigidité de la découpe qu'aurait introduit une structure
systématique de type 3+1+1 comme d'autres pays le proposent. Certaines formations extrêmement pointues, telles les spécialisations
médicales, continueront de faire l'objet d'études spécifiques accessibles à l'issue d'un premier master en 120 crédits au
moins. Elles mènent au grade académique de deuxième cycle de master complémentaire.
Doctorat et académies universitaires
Les universités délivrent le grade de docteur après une formation approfondie à la recherche scientifique et la soutenance
d'une thèse, organisation déjà conforme aux standards internationaux.
Mais, de plus en plus, les universités doivent assurer une réelle formation doctorale qui nécessite l'accès à un équipement
de pointe et des équipes hautement spécialisées, multidisciplinaires et de taille suffisante pour offrir un encadrement correct
au chercheur débutant. Le modèle privilégié sera dès lors celui d'une école doctorale rassemblant tous les chercheurs d'une
discipline en Communauté française. De même, les universités se regrouperont en trois académies.
Ceci devrait permettre de présenter au niveau international des équipes de recherche de taille et de qualité comparables aux
meilleures de l'espace européen de l'enseignement supérieur.
Qualité
La réforme a suscité de nombreuses réflexions au sein des institutions universitaires, une comparaison intelligente avec d'autres
systèmes, donc un enrichissement potentiel de l'offre d'enseignement et de la qualité des diplômés.
Le contrôle de la qualité de l'enseignement fait déjà partie des pratiques des établissements d'enseignement supérieur en
Communauté française. C'est l'occasion pour tous les acteurs d'une formation - enseignants, étudiants, administratifs et diplômés
- de réfléchir sur l'organisation d'une filière d'études et de ses spécificités en termes d'objectifs, de contenu et de démarche
pédagogique, au regard des pratiques et expériences des autres établissements organisant des formations équivalentes. Une
agence officielle " Qualité " a vu le jour ; elle coordonnera les démarches d'évaluation.
Enseignement, service public
En travaillant à rendre plus lisibles et plus compatibles leurs systèmes d'enseignement supérieur, les pays partenaires du
processus de Bologne tentent aussi de répondre à la menace de privatisation. Indirectement, cette démarche vise à rendre notre
système plus attractif, donc à retenir ou rapatrier nos cerveaux.
L'avenir nous montrera si ce défi pourra être relevé. Dès à présent, il aura eu le mérite de gommer certaines disparités formelles
liées à l'histoire des divers établissements et de mettre ainsi en évidence le haut niveau des formations organisées en Communauté
française, qui s'inscrivent parfaitement dans l'Europe de la connaissance.
Claude Henschel Responsable du Département enseignement de l'ULB
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Le Parlement de la Communauté française a adopté quatre décrets, sanctionnés le 31 mars 2004, couvrant l'ensemble de l'enseignement
supérieur (universités, hautes écoles, écoles supérieures des arts, instituts supérieurs d'architecture). La Vlaamse Gemeenschap
l'avait devancé d'un an et la Deutschsprachige Gemeinschaft rejoindra bientôt le processus. La Belgique sera ainsi dans le
peloton de tête des 40 pays décidés à construire l'espace européen de l'enseignement supérieur.
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*1 Ou 3 ans pour la médecine vétérinaire, ou 4 ans pour la médecine.
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