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esprit libre

[à l'université]
 
 
 
Recherche : objectif valorisation

Esprit Libre : Vous formez tous les deux, la cellule valorisation de l'interface ULB : qu'entend-on par valorisation ?
Anne Delvaux : C'est la création de valeur économique autour de résultats de recherche. En l'occurrence, étant créée avec le soutien de la Région wallonne, notre cellule s'intéresse en particulier au développement économique wallon qui, à terme, pourra déboucher notamment sur la création d'emplois.

Esprit Libre : La valorisation à l'Université, c'est aujourd'hui une réalité ?
Patrick Di Stefano : Bien sûr, les mentalités ont changé : les chercheurs accordent un intérêt aux retombées économiques éventuelles de leurs travaux tandis que la Région wallonne insiste désormais sur le fait que la recherche subventionnée doit être de qualité et faire évoluer les connaissances. L'ancienne dichotomie entre recherche fondamentale et recherche appliquée n'a aujourd'hui plus de sens. Et le mécanisme de financement de la Région wallonne fonctionne bien.

Esprit Libre : Au-delà des mentalités, note-t-on aussi des évolutions dans les chiffres, sur le terrain ?
Patrick Di Stefano : Oui, bien sûr. Lorsque la cellule de valorisation a été créée, en 1999, l'ULB comptait 12 brevets et demandes de brevet. Début 2002, il y en avait environ 25. Aujourd'hui, nous sommes à près de 45 brevets ou demandes de brevet. Cette démarche est cruciale : une spin-off telle que Delphi Genetics à Charleroi a été créée autour d'un portefeuille de brevets et ce n'est pas la seule. C'est aussi une démarche lente puisqu'il faut entre 3 et 5 ans pour obtenir un brevet au terme d'une procédure très formalisée et coûteuse. Notre cellule accompagne les scientifiques dans cette procédure, assure la gestion administrative, etc.

Esprit Libre : Le brevet est une première étape. Que peut-il advenir ?
Patrick Di Stefano : Le brevet est en effet un investissement : ensuite, nous essayons que cet investissement rapporte. Le comité de valorisation récemment instauré et réunissant des représentants du département recherche et du département financier assure le suivi de cette valorisation, sous la présidence du vice-recteur à la recherche, Véronique Cabiaux. Il est là pour poser une première analyse sur chaque projet, valider le schéma de valorisation soit via une licence, soit via la création d'une entreprise spin-off. Nous avons aujourd'hui une dizaine de licences sur 45 brevets : c'est un très beau taux, comparé à nos voisins européens.

Esprit Libre : La DGTRE de la Région wallonne lance chaque année un ou plusieurs appels à projet. L'Université y est aussi active ?
Anne Delvaux : Oui, l'ULB a aujourd'hui une centaine de projets de recherches qui tournent en Région wallonne, dont près de 75% sont soutenus par la DGTRE. La tendance actuelle est celle d'un programme mobilisateur par an, qui porte en alternance sur les technologies de l'information, les matériaux et les technologies au service de la médecine. Un deuxième appel est en général lancé dans l'année : il est réservé aux consortiums wallons dont au moins un participant est partenaire d'un réseau d'excellence dans le 6e Programme-cadre européen. Il existe également des projets First : First Europe qui implique une entreprise des zones Objectif 1 ou 3 et un laboratoire européen ; ou encore First spin-off qui soutient un chercheur pendant 2 à 4 ans avant la création de son entreprise.

Esprit Libre : Quel est le rôle de la cellule de valorisation face à ces différentes opportunités ?
Anne Delvaux : Idéalement, nous devrions passer du temps à sensibiliser les équipes à ces appels à projet, et ensuite à suivre tous les projets en cours en Région wallonne en ce qui concerne la valorisation des résultats obtenus, etc. Dans les faits, nous intervenons surtout en aval : nous aidons le promoteur à structurer son schéma de valorisation et à trouver les partenaires scientifiques ou industriels à associer, etc. On peut d'ailleurs souligner qu'un vrai esprit de collaboration existe aujourd'hui entre les universités : nous multiplions les contacts entre nous via notamment le réseau LIEU (Liaison interface entreprise université). Nous avons également noué d'excellentes relations avec des universités étrangères, comme par exemple celle de Lille 1. Enfin et surtout, la majorité de notre temps est consacré à la gestion administrative des brevets et demandes de brevets.

Nathalie Gobbe


En 1999, l'ULB créait, avec le soutien de la Région wallonne, une cellule de valorisation sur le campus de Parentville. En cinq années, le transfert technologique s'est installé dans les esprits et les rouages se sont perfectionnés. Rencontre avec Patrick Di Stefano, chargé de la valorisation dans les sciences de la vie et Anne Delvaux, chargée elle, des sciences de l'ingénieur.



En savoir plus sur la DGTRE : http://mrw.wallonie.be/dgtre/

 
  ESPRIT LIBRE > JUIN 2004 [ n°23 ]
Université libre de Bruxelles