Antonio Nardone
Quand l'art décoiffe
Esprit Libre : Vous êtes fils d'immigrés italiens, venus en Belgique dans le cadre de l'expo 58. Vous n'étiez pas encore né mais c'était
une bonne prédisposition pour quelqu'un qui a choisi la culture comme terrain de jeu et de travail...
Antonio Nardone : (Rires). Mon père est venu en 57 pour travailler sur l'expo universelle... Mais de culture, à la maison, on n'en parlait jamais...
Ceci dit, on a fini par tomber dedans ! Mon frère est prof de physique à l'ULB, ma soeur est prof de math et de physique et
puis, moi, effectivement, j'ai suivi un cheminement vers l'artistique et le culturel.
Esprit Libre : Vous avez d'abord suivi des études de peinture aux Beaux-Arts puis des études en Histoire de l'art. Dès le départ, vous vouliez
être de l'autre côté du miroir, celui de la promotion des arts et des artistes ?
Antonio Nardone : J'ai fait mes deux premières années de peinture à l'Académie royale de beaux-arts, rue du Midi. J'ai ensuite entamé mes candis
à l'ULB, en même temps que mes deux dernières années en peinture. Je désirais surtout compléter ma formation avec plus de
théorie, ce que m'a apporté l'ULB.
Esprit Libre : Quels souvenirs gardez-vous de votre passage à l'ULB ?
Antonio Nardone : Je dois dire que les études que j'y ai suivies, je les ai vécues passionnément et... en coup de vent. Pendant toutes ces années,
je faisais autre chose en même temps : j'ai d'abord été assistant à l'Académie des beaux-arts, puis ensuite conseiller culturel.
Esprit Libre : Ensuite vient le service civil...
Antonio Nardone : Comme objecteur de conscience, j'ai pu travailler aux Musées royaux d'art et d'histoire, département arts chinois. En fait,
entre mes candis et mes licences, à la fin de mes cours d'académie, je suis parti un an en Chine, à l'Académie des beaux-arts
de Pékin. Une belle expérience ! Avoir fait mes études étalées sur des classes différentes m'a permis d'avoir pas mal de contacts,
et notamment de rencontrer des gens avec qui je travaille encore aujourd'hui. D'ailleurs, mon équipe est essentiellement constituée
de personnes qui ont suivi leurs études à l'ULB.
Esprit Libre : Vous en êtes rapidement venu à la production d'expositions...
Antonio Nardone : À la fin de mon service civil, j'ai proposé au conservateur des Musées royaux de monter une exposition avec mon expérience
" peinture chinoise " et j'ai invité à artiste chinois à venir exposer ; cela a donné " Lotus d'or, peinture érotique chinoise
". Depuis, j'ai continué avec des projets de tailles diverses.
Esprit Libre : Qu'est-ce que vous appréciez dans ce métier ?
Antonio Nardone : La diversité et le contact. Comme je ne suis un spécialiste de presque rien, chaque rencontre est riche : on travaille sur
six projets à la fois, quatre tombent à l'eau, on en réalise deux... Mais sur les quatre abandonnés, on a appris plein de
choses. Puis, le téléphone peut sonner le matin : quelqu'un vous propose un chouette projet, et on se lance dans l'aventure
!
Esprit Libre : Vous êtes à la tête d'un des rares magazines belges consacrés aux beaux-arts, Arte news. Qu'est-ce qui vous a poussé vers
l'édition ?
Antonio Nardone : Dès l'Unif, je me suis lancé dans l'édition, en créant avec un ami le magazine De facto. Après cette expérience, j'ai lancé
Arte news. La gageure en Belgique, c'est qu'il n'y a pas de magazine mensuel d'art, on arrive dans un marché inexistant. Au
niveau du grand public, la réponse a été très positive. Ce qui est plus dur, c'est de convaincre des annonceurs...
Esprit Libre : Au-delà de l'aspect artistique et éditorial de votre travail, il faut des qualités de manager...
Antonio Nardone : En fait, il faut bien s'entourer et ne pas hésiter à poser plein de questions ; sur les plans financiers qu'on élabore, par
exemple. Si on travaille avec une équipe de six à douze personnes, il faut également apprendre à la gérer. Ensuite, il faut
se battre pour obtenir des accords avec les médias, etc.
Esprit Libre : Que diriez-vous à des jeunes qui voudraient se lancer dans une aventure culturelle du type réalisation d'expos ? Laissez tomber,
c'est trop " casse-gueule " ou allez-y foncez ?
Antonio Nardone : Foncez ! Plus on est, mieux c'est ! Si il y avait cinq magazines d'art en Belgique, on serait beaucoup mieux vu par tout le
monde. Si demain, trois ou quatre boîtes montent de bonnes expos à Bruxelles, ça voudra dire qu'il y a un dynamisme.
Esprit Libre : Quels sont vos projets actuels ?
Antonio Nardone : On travaille beaucoup dans le cadre des 175 ans de la Belgique, sur la création d'un musée permanent à Bruxelles, sur trois
ou quatre expos temporaires dont une sur les fêtes de fin d'années, on travaille aussi à l'élargissement du magazine...
Esprit Libre : Vous êtes toujours gardien de but dans une équipe de foot ?
Antonio Nardone : Oui, une fois par semaine je vais à l'entraînement et il y a match le week-end. Je joue avec des jeunes d'une vingtaine d'années
de l'équipe " South side ". Cette saison, on est de nouveau champions, on monte en deuxième division. Ca fait du bien, mais
bon, je reste dans mes goals, je joue l'expérience... et mon poids (rires).
Alain Dauchot
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Le samedi, il est gardien de but dans une équipe de foot. Mais ça, c'est pour la détente. Car c'est toute la semaine, dans
le travail, qu'Antonio Nardone se défoule. Formé en peinture à l'Académie des beaux-arts et en Histoire de l'art à l'ULB,
il s'est fait une place dans le monde des arts plastiques en produisant des expos et en éditant un magazine : Arte news. Mais
qu'est-ce qui fait courir Antonio ?
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