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Biocarburants À la rescousse des zones rurales?

Biocarburant : abus de langage pour " carburant d'origine végétale ". Englobe une large palette de carburants, différents par la biomasse primaire employée (colza, betterave, tournesol...), les procédés de transformation (estérification, fermentation...) ou les modes d'utilisation (ajouté aux carburants existants, emploi exclusif...). Son emploi est considérée comme plus respectueux de l'environnement que celui des hydrocarbures. En effet, le CO2 assimilé par les plantes pour leur croissance est émis lors de la combustion.

L'essor des biocarburants a démarré dans les années 70 à la faveur du premier choc pétrolier, surtout au Brésil, un pays pionnier et champion de la production de bioéthanol. En Europe, les biocarburants ne seront redécouverts qu'au début des années 90. Ce regain d'intérêt ne serait pas dû au prix du pétrole, bas à cette époque, mais à la réforme de politique agricole commune (PAC) en Europe (1992). La tendance s'est encore renforcée suite aux règles agro-environnementales imposées à l'agriculteur pour satisfaire les attentes du consommateur, au découplage du revenu de l'agriculteur et de la production (2003) et à la toute récente réforme du secteur sucrier. Tout cela dans un contexte d'obligations internationales liées à la libéralisation des échanges commerciaux des produits agricoles.

Enjeux cachés et bénéfices collatéraux ?

Du blé, du colza, de la betterave transformés pour alimenter nos véhicules de transport ? Est-ce le meilleur moyen de diversifier nos sources et d'accroître notre indépendance énergétiques ? L'environnement y gagnera-t-il ? Coûts de revient des biocarburants, efficacité énergétique, analyse des cycles ouverts et fermés du carbone, autant de questions qui alimentent un débat en cours, par ailleurs fort passionné. Sans attendre l'issue de ces légitimes discussions, le développement des biocarburants a été décidé. En effet, la valorisation non alimentaire des produits et sous-produits de l'agriculture et de la forêt est vue comme un moyen d'atténuer les problèmes créés par les réformes de la PAC et de renforcer le tissu économique et social des zones rurales.

Dans le même train de mesures, le budget de la recherche a été augmenté, car le défi est de taille si l'on veut que les biocarburants soient à la hauteur des attentes environnementales et économiques : adapter les moteurs, améliorer la qualité des plantes énergétiques, développer les biocarburants de deuxième génération (alcools obtenus à partir de matière " ligno-cellulosiques "), optimiser les étapes de la filière, de la production à la distribution...

Une chance pour tout le monde?

À l'horizon 2030, les biocarburants devront représenter 25% des carburants, dont la moitié produite en Europe. De nouveaux débouchés donc, qui sont une véritable aubaine pour l'agriculture européenne en général et, plus particulièrement, pour les dix nouveaux États membres, largement agricoles, lesquels ne peuvent plus prétendre aux subventions qui étaient de mise dans les années 80.

Une fois n'est pas coutume, voici une initiative européenne accueillie favorablement dans la plupart des milieux. Sa pleine réussite passera par l'implication et la créativité des régions et des communes dans la recherche de solutions adéquates pour leurs réalités et besoins. Elle entraînera le développement d'industries de transformation spécifiques, et en conséquence, la création d'emplois. Par ailleurs, la valorisation non alimentaire de la biomasse ne se cantonne pas au secteur des biocarburants. Les bioplastiques, les colles, les détergents, les encres d'imprimerie sont déjà produits à partir de sous-produits agricoles. Un nouveau champ d'activités qui suscite bien des espoirs et déjà quelques rivalités entre régions, en tout cas au niveau de la Belgique.

Mohamed El Aydam
ActuSciences

Marie-Jo  Gama
Inforsciences

Le climat actuel autour du pétrole n'est pas à la sérénité. Les crises dans les zones de production et l'augmentation de la demande entraînent une flambée sans précédent du prix du baril. Le développement économique du Sud, tant attendu mais très énergivore, menace l'approvisionnement. À cela s'ajoute la pollution atmosphérique. Aussi, les biocarburants sont-ils présentés comme une alternative aux hydrocarbures. Un cadre législatif européen contraignant a été mis en place pour leur développement. Il tient compte d'enjeux, au-delà du problème de l'énergie et de l'environnement, qui méritent un petit rappel.



Objectifs et enjeux
Les mesures relatives à la production et au développement des biocarburants s'inscrivent dans le cadre de la directive 2030/30/EC, contraignante pour les États membres. Objectif : faire en sorte qu'en 2010 et 2030, respectivement, 5,75 % et 25 % du total des carburants soient des biocarburants. Pour arriver à ces proportions, de 4% à 13 % de la surface agricole européenne serait nécessaire à leur production.
La motivation à la base de ce choix politique est multiple: environnementale (Protocole de Kyoto), énergétique (diversification de l'approvisionnement), économique (emploi, recherche, débouchés agricoles), sociétale (dynamisation des zones rurales). Actuellement, les transports fonctionnent aux hydrocarbures à plus de 98%, les biocarburants représentant moins de 2%.
Les estimations européennes indiquent que l'application de ces mesures créerait de 45 à 75.000 emplois dans les zones rurales.

Dossier complet d'ActuSciences sur : http://www.ulb.ac.be/inforsciences/inforsc.html

 
  ESPRIT LIBRE > JUIN 2006 [ n°41 ]
Université libre de Bruxelles