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Apprendre à apprendre... les langues

Définis dans un cadre européen, les objectifs des enseignements de langue doivent permettre de rencontrer en Europe des niveaux communs de référence dans les diverses compétences langagières : " comprendre ", " parler ", " écrire ". Pourtant, les différences aux quatre coins cardinaux de l'Europe restent énormes quant à la motivation des apprenants, aux méthodes d'apprentissage et aux moyens mis en oeuvre. Qu'en est-il en Belgique et plus particulièrement chez nous à l'ULB ? Notre université bénéficie depuis deux ans de l'apport d'un " Plan Langues " (*) initié en interne ; un plan qui reste une initiative originale mais encore trop rare en Communauté française.

Fainéants ou pas motivés ?

En mai dernier à l'ULB, de nombreux enseignants de langue, des responsables de cursus (présidents de filières, doyens, coordinateurs...) se sont réunis pour partager leurs expériences, faire part de leurs constats et tracer l'esquisse de solutions pour rendre cet enseignement des langues plus efficient. Parmi les participants à cette journée, Henny Bijleveld et Ian Tudor, responsables académiques du Plan Langues à l'ULB, respectivement pour le néerlandais et l'anglais. " La motivation joue un rôle des plus importants dans l'apprentissage des langues - c'est sans doute le facteur le plus important, explique Ian Tudor. Pour beaucoup d'apprenants, elle est fortement liée à leur perception de la pertinence des langues vis-à-vis de leurs préoccupations et de leurs intérêts plus ou moins immédiats : leur programme d'études ou leur carrière future ".

Impliquer, valoriser

Beaucoup d'enseignants se plaignent de la " paresse " de leurs étudiants. " Je pense personnellement aussi qu'il s'agit d'un problème de motivation, explique Henny Bijleveld. Une des solutions, est de permettre à l'étudiant de s'investir dans le cadre de travaux personnels. C'est ce que nous voulons promouvoir à l'ULB, en cherchant notamment à faire des liens entre certains cours spécialisés et le cours de langue proprement dit : des travaux réalisés dans tel cours sont présentés par l'étudiant au cours de néerlandais, par exemple. Cela fonctionne déjà en Faculté de Droit, dès le BA2. En BA3, l'étudiant doit réaliser une interview filmée d'une personnalité liée à son domaine de spécialisation. J'utilise les meilleurs interviews comme parties de l'examen, ce qui stimule beaucoup les élèves ".

Sortir des habitudes de cours donnés ex-cathedra est parfois difficile pour certains enseignants mais les étudiants sont demandeurs. Cette approche permet par ailleurs d'installer une relation de confiance entre professeurs et étudiants et elle valorise ces derniers. " Les francophones sont parfois encore un peu frileux, souligne Henny Bijleveld. Ils ont peur de faire des fautes, alors... ils évitent de parler tant qu'ils estiment que leur niveau n'est pas excellent. Au contraire, la tradition anglo-saxonne et néerlandaise est différente : on cherche avant tout à communiquer, peu importe le peu de moyens dont on dispose à la base ".

EMILE

L'apprentissage des langues en intégrant celle-ci dans les cursus spécialisés se pratique déjà en Europe. Une des directives de la Commission (EMILE) pousse à aller dans ce sens. Un travail de réflexion est sans doute à mener dans le cadre d'EMILE pour améliorer les liens entre cours de langue et cours donnés en langue étrangère, et également en matière d'adaptations pédagogiques. Cela étant, EMILE est de plus en plus pratiqué en Europe, notamment dans les pays nordiques. En Hollande par exemple, une majorité de cours se donnent en anglais. EMILE fait également partie des stratégies linguistiques prônées dans le cadre du Processus de Bologne et soutenues par la Commission européenne.

Plan Langues

Le Plan Langues consiste en cours de néerlandais et d'anglais (aujourd'hui, l'anglais représente environ 95 %) pour 8 crédits ECTS. Ils sont pour l'essentiel enseignés en 2e et 3e année de Bachelier (BA2 et BA3) actuellement dans quatre facultés. Dans le cadre de ce Plan, des cours de mise à niveau sont également offerts gratuitement aux étudiants qui en éprouvent le besoin dès la fin de la BA1. Ces cours sont donnés par petits groupes, à la Fondation 9. Ils ne se substituent pas aux cours - tel n'est pas leur objectif - mais ils permettent souvent de rendre à l'étudiant la confiance en ses moyens.

Cette session d'examens 2007 aura vu les premiers étudiants de BA3 des 4 " Facultés Plan Langues " terminer leur cycle de Bachelier... " C'est un grand accomplissement pour l'ULB! Bien sûr, il reste des choses à faire et des rectifications de tir à apporter. Mais nous sommes sur la bonne voie : cela nous situe très bien au niveau européen par rapport aux objectifs de Bologne. ", conclut Ian Tudor.

Alain Dauchot

Défi majeur, l'apprentissage des langues reste un enjeu complexe. Dans un monde globalisé où la mobilité - celle des étudiants, des professeurs, des travailleurs - s'est déjà banalisée, connaître une seconde voire une troisième langue est primordial. Qu'en est-il chez nous ? Les méthodes d'apprentissage sont-elles encore valides ? Ont-elles évolué ? Et comment les adapter ? Un colloque organisé par le Conseil interfacultaire de didactique des langues vivantes tentait récemment de faire le point sur l'intégration des langues dans les cursus universitaires.



(*) En savoir plus sur le Plan Langues ?
http://www.ulb.ac.be/espritlibre/html/el032006/32.html

 
  ESPRIT LIBRE > JUIN 2007 [ n°50 ]
Université libre de Bruxelles