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6e PCRD Diabète. Au secours des cellules béta

Les patients diabétiques sont près de 150 millions dans le monde, leur nombre devrait doubler d'ici 2025 : le diabète est aujourd'hui un problème de santé publique majeur. L'Europe n'échappe pas à ces courbes ascendantes, comptant pour l'heure plus de 30 millions de diabétiques. Autant de millions de personnes qui voient leur qualité et leur espérance de vie diminuer. À long terme, le diabète est une cause majeure de rétinopathie et de cécité, d'amputations ou encore de dysfonctionnements rénaux et de neuropathie. Le diabète est aussi associé à un risque accru de maladies cardiovasculaires (infarctus...). Soigner un patient pendant 25 ans coûte entre 100.000 et 200.000 euros.

Maladie en hausse constante, le diabète sucré peut être classé en deux types : le diabète de type 1 (T1D) qui touche 10 à 15 % des malades et le diabète de type 2 (T2D) qui concerne près de 85 % des patients. Le T1D se caractérise par une absence quasi-totale de production d'insuline, causée par la destruction des cellules pancréatiques beta. Il semble que la perte des cellules beta soit le résultat d'un processus auto-immune (dirigé contre son organisme) pendant lequel une inflammation chronique entraîne la perte des cellules beta par apoptose (mort cellulaire programmée). Le T2D résulte quant à lui d'une capacité réduite des cellules pancréatiques beta à secréter assez d'insuline pour stimuler de manière optimale l'utilisation du glucose par les tissus périphériques. Ce mécanisme entraîne une diminution de la tolérance au glucose.

Deux types de diabète

Le Laboratoire de médecine expérimentale de l'ULB - composé de 23 chercheurs et techniciens - s'intéresse à ces deux types de diabète, avec une attention particulière pour le T1D. Plus précisément, il étudie les mécanismes moléculaires qui conduisent à un événement-clef : la destruction des cellules beta productrices d'insuline, l'hormone qui contrôle le taux de sucre dans le sang. Après des études au Brésil, une dizaine d'années de recherche en Suède et un passage à la VUB, Decio L. Eizirik a rejoint l'ULB, sur le campus Erasme. Depuis 2002, il a pris la direction du Laboratoire de médecine expérimentale. Son hypothèse de travail actuelle est que les interactions entre les réseaux de gènes-clés associées à une insuffisance des réponses protectrices déclenchent le programme d'apoptose dans les cellules beta et empêchent leur régénération. Reste à le démontrer et à comprendre comment cela fonctionne.

6e PCRD

Grâce au soutien du 6e programme-cadre de l'Union européenne, le travail devrait progresser... Le laboratoire de l'ULB coordonne le projet européen SAVEBETA qui vise à comprendre les mécanismes moléculaires impliqués dans la perte des cellules beta dans les diabètes sucrés de type 1 et 2. Le projet a démarré en novembre dernier pour une durée de trois ans. Bénéficiant d'un budget total de 2,75 millions d'euros, il réunit autour du Laboratoire de la Faculté de médecine de l'ULB, huit autres partenaires venus d'Allemagne (Hannover Medical School), de Belgique (KUL), du Danemark (AROS), de Finlande (University of Helsinki), de Grande-Bretagne (Babraham Institute et Imperial College of Science, Technology and Medicine), d'Israël (Hadassah University Hospital) et de Pologne (Jagiellonian University).

Le projet SAVEBETA adopte une approche pluridisciplinaire, impliquant de la génomique fonctionnelle à la fois in vivo et in vitro. Il pourrait aboutir à l'identification de nouvelles cibles sur lesquelles une intervention précoce permettrait de préserver les cellules beta en cas de diabète, afin de stopper ou de ralentir le développement de la maladie. S'il est aujourd'hui prématuré d'annoncer une avancée scientifique majeure, SAVEBETA ambitionne cependant d'ouvrir une perspective de traitement pour les patients diabétiques. À suivre...

Nathalie Gobbe

Le Laboratoire de Médecine expérimentale de l'ULB coordonne le projet européen SAVEBETA. Objectif : comprendre les mécanismes moléculaires conduisant à la destruction des cellules beta dans les deux principaux types de diabète sucré.



Partenaire de Keymarker (BioWin)

Le Laboratoire de médecine expérimentale de l'ULB, dirigé par Decio L. Eizirik, collabore avec les équipes de Serge Goldman et d'Isabelle Salmon de l'Hôpital Erasme dans le cadre de Keymarker, le premier projet labellisé par le pôle de compétitivité wallon BioWin. Keymarker a pour but d'identifier de nouveaux types de biomarqueurs pour l'imagerie médicale. Ces biomarqueurs peuvent être utiles pour différentes recherches médicales parmi lesquelles on peut citer le développement et la validation de nouveaux traitements. Dans ce projet, les chercheurs du Laboratoire de médecine expérimentale, actifs dans le domaine du diabète, s'intéressent plus particulièrement à l'imagerie in vivo des cellules beta, cellules productrices d'insuline.

 
  ESPRIT LIBRE > JUIN 2007 [ n°50 ]
Université libre de Bruxelles