Compétences à l'école : savoir et pouvoir au coeur du débat
Cette exigence définit des compétences minimales à acquérir par les élèves à chaque stade du développement scolaire. Elle
répond aux injonctions du décret de 1997 de la Communauté Française de Belgique et est également un élément moteur dans la
politique de l'éducation dans de nombreux pays.
L'élève, activateur de ses acquis
La tâche que s'est donnée Bernard Rey consiste à sensibiliser les enseignants à une définition la plus claire possible de
la notion de compétences et à proposer les outils pour implémenter cette mission de l'école vis-à-vis des élèves.
C'est une notion assez complexe, explique Bernard Rey, qui fait référence au monde du travail, mais qui appliquée à l'enseignement,
possède quelques spécificités. Ainsi, nous partons du postulat que l'élève n'est plus à considérer comme le récepteur passif
d'un savoir qu'on lui transmet. Il doit désormais pouvoir s'activer intellectuellement à partir des compétences qui lui sont
enseignées, et qui dépassent les automatismes d'exécution acquis par la répétition.
Implémenter ce dépassement des procédures acquises telles qu'accorder un verbe et un sujet, exécuter une opération arithmétique,
etc., constitue une difficulté pour les enseignants eux-mêmes. Ils doivent désormais mobiliser leurs élèves face à une situation
nouvelle, inédite. Cette situation doit les stimuler à faire appel à une ou plusieurs procédures pour y trouver une solution,
par exemple, un problème de physique est une situation neuve pour l'élève et pour le résoudre il doit sélectionner parmi ses
acquis la ou les formules adéquates. Il doit donc interpréter la situation inédite et construire un schéma de réflexion propre.
"Nous avons désormais étudié les compétences acquises sur près de 5.000 élèves des écoles primaires, poursuit Bernard Rey.
Néanmoins, les épreuves d'évaluation des compétences dans une situation nouvelle pour l'élève, présente un risque de mise
en difficulté, voire en échec pour de nombreux enfants. On rompt le contrat didactique en leur demandant une chose à laquelle
on ne les a pas entraînés. Ce qui pose un problème éthique."
Une évaluation démocratique des compétences
Pour contrer ce risque, l'équipe de recherche du Professeur Rey a donc élaboré une instrumentation qui intègre tout le monde
et a développé un système d'évaluation qui détermine les compétences en trois phases.
Premièrement : confronter l'élève à une situation nouvelle, utilisant des procédures qu'ils connaissent, même s'ils ne savent
pas lesquelles ils doivent choisir.
Ensuite, on propose le même exercice, mais en éclairant l'élève sur les étapes de la démarche.
Enfin, on vérifie par des petits exercices si les élèves possèdent effectivement les procédures utiles pour résoudre la situation.
Bernard Rey commente : C'est un système plus objectif d'évaluation. Cette approche de type diagnostic permet de s'interroger
sur les causes de l'ignorance de l'élève et donc s'intéresse à chacun d'entre eux, et à leur niveau de connaissance.
Les compétences reprises dans la définition du socle applicable à l'enseignement fondamental et au premier cycle du secondaire
sont celles qui sont indispensables à tous dans notre société, selon Bernard Rey et elles rencontrent aisément l'assentiment
des enseignants. Il y a un consensus sur le fait que les enfants doivent savoir utiliser leurs acquis comme outils de résolution
de problèmes posés en correspondance avec ce qu'ils apprennent.
Mais pour l'enseignement secondaire, la définition devient beaucoup plus problématique. Prenons l'exemple de l'enseignement
professionnel, commente Bernard Rey. On vise à le faire correspondre le plus étroitement possible avec la réalité de l'activité
économique. Or, il sera toujours en décalage par rapport aux évolutions technologiques et seul le biais de la formation continue
pourra aider à combler ce fossé.
"L'enseignement général est lui aussi sujet à débat. Il y a une réflexion à mener sur les savoirs et les compétences enseignés
dans les écoles secondaires, souligne Bernard Rey. Tout savoir demande une compétence et doit être considéré comme une pratique,
une activité intellectuelle qui se sert des acquis pour résoudre des problèmes. La grande question étant aujourd'hui est de
savoir quelles activités nous attendons de nos élèves ?"
Christophe Sokal
|
Depuis plusieurs années, le Professeur Bernard Rey et son équipe au sein de la faculté des Sciences psychologiques et de l'Education
développent leurs recherches en matière d'intégration des socles de compétences à chaque niveau d'enseignement, du fondamental
au secondaire supérieur.
|
Salon éducation - Namur Expo
Invités d'honneur du 11e Salon de l'éducation qui aura lieu à Namur du 20 au 24 octobre, Bernard Rey et son équipe ont choisi
d'aborder, lors de leurs interventions, deux thèmes spécifiques :
Jeudi 21 octobre, 11h-12h
"Question d'autorité - discipline"
Intervention Bernard Rey - Grand auditoire
Vendredi 22 octobre - 11h30-12h30 à confirmer
Compétences et évaluation des compétences
Intervention du Service des Sciences de l'Education de l'ULB - Grand forum
Ce salon se déroule du 20 au 24 octobre 2004, de 10h à 18h, à Namur Expo, 2, av. Sergent Vrithoff, 5000 Namur.
Vous retrouverez l'ensemble du programme sur www.saloneducation.be
|