Vivre ensemble au XXIe siècle
Esprit Libre : En 1894, Ernest Solvay fondait l'Institut des sciences sociales, précurseur de l'actuel Institut de sociologie. Est-ce qu'on
peut parler de continuité dans l'esprit, dans l'approche développée ?
Firouzeh Nahavandi : Les objectifs premiers qui étaient ceux d'Ernest Solvay en créant l'Institut des sciences sociales et ceux qui sous-tendent
la création de l'Institut de sociologie n'ont pas fondamentalement changé. Plusieurs préoccupations sont restées les mêmes
: au sein de l'Institut, nous effectuons de la recherche fondamentale et de la recherche contractuelle. Et nous avons toujours
cette volonté de lier la recherche et l'intervention sur la société. Autre similarité, l'interdisciplinarité, que nous avons
bien évidemment renforcée et que nous développerons encore.
Esprit Libre : Troisième socle : éclairer le politique sur les grands domaines sociaux...
Firouzeh Nahavandi : Un grand nombre de nos recherches répondent effectivement à des demandes externes, et nous participons également à des concours.
Une bonne partie de nos projets sont financés par le FNRS, la Fondation Roi Baudouin, les différents ministères de la Région
de Bruxelles-Capitale, de la Communauté française, la Commission européenne, la Politique scientifique belge, la Région Wallonne,
etc. Les sciences humaines, elles aussi, sont " pourvoyeuses " de budgets pour la recherche universitaire, il est utile de
le souligner ! Et, il ne faut pas oublier, les Mini-Arcs et les Arcs, essentiels à la poursuite des recherches.
Esprit Libre : Vous organisez, les 6 et 7 octobre, un colloque : " Vivre ensemble au XXIe siècle ". C'est une occasion de rassembler les
forces vives de l'Institut, qui travaillent sur des thématiques parfois très éloignées...
Firouzeh Nahavandi : Une majorité de nos 20 centres de recherche ont des origines et des vocations différentes. Si beaucoup d'entre eux font de
la sociologie, d'autres ont comme domaine d'étude la psychologie, l'économie, la philosophie, l'environnement. L'un des buts
du colloque était de faire travailler nos équipes ensemble (nous préparons ce colloque depuis près de deux ans), d'apprendre
à mieux se connaître.
Par ailleurs, l'Institut, c'est aussi une cellule " gestion " qui soutient le travail des centres, une cellule " publications
" qui coordonne nos revues, dont Transitions, L'Année sociale, Civilisations et d'autres éditions plus ponctuelles. Nous avons
également lancé les " Midis de l'Institut " qui permettent d'aborder des questions d'actualité, etc. Ma volonté, en reprenant
la direction de l'Institut, était de rendre plus visible toutes nos actions.
Esprit Libre : Peut-on affirmer que nos sociétés occidentales modernes vivent une crise, une mutation profonde, comme à la fin du XIXe siècle
?
Firouzeh Nahavandi : Il y a de nombreux points communs avec cette période : fin XIXe, l'industrialisation pose problème, elle interpelle les sociologues
sur la réorganisation de la société. Avec une différence peut-être : la problématique était alors centrée sur l'Europe et
les colonies. Aujourd'hui, il est question de globalisation, de délocalisation, d'immigration, de citoyenneté mondiale, d'inégalités
mondiales, du rôle des religions, etc.
Esprit Libre : Autant de problématiques que vous avez essayé de rassembler en sept ateliers...
Firouzeh Nahavandi : " Vivre ensemble " est un thème général pour dire comment nous vivons, dans l'intimité, dans la société, dans le monde. Nous
avons choisi d'inviter des personnes extérieures qui nous tiennent particulièrement à coeur et avec qui nous pourrions travailler
dans le futur. Et aussi de travailler dans la convivialité : nous aurons donc deux séances plénières (dont l'une sera axée
sur la controverse des sexes) et un concert clôturera l'événement.
Esprit Libre : Quelles sont les perspectives de développement de l'Institut ?
Firouzeh Nahavandi : Il nous faudra travailler de plus en plus en réseau, au niveau européen et international. Accentuer le travail interdisciplinaire
et interfacultaire, s'adapter aux nouvelles donnes européennes en termes de recherche, de contrats, de circulation des professeurs
et des étudiants... Si l'Institut a connu des heures plus difficiles à la fin des années 80, je crois qu'actuellement il se
porte plutôt bien et j'espère que ce colloque reflétera cette bonne santé, tout comme l'esprit de liberté qui caractérise,
je le pense, notre manière de fonctionner.
Alain Dauchot
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Vivre ensemble... Un bien beau thème que l'Institut de sociologie de l'ULB a choisi d'aborder à l'occasion d'un colloque international.
Au-delà de l'aspect purement scientifique de cette rencontre, Firouzeh Nahvandi, directrice de l'Institut, désirait rassembler
ses équipes autour d'un projet commun. Pour apprendre à mieux se connaître... et à mieux vivre ensemble.
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Ateliers
* Émotions et politiques des corps
* Citoyenneté et espace public
* Territoires urbains et esprit des lieux
* Enseignement et retraites en Europe
* Regards croisés sur la globalisation
* Migrations et multiculturalismes
* Politique climatique : équité et enjeux socio-économiques.
Les 6 et 7 octobre, à l'Institut de sociologie. Plus d'infos : www.ulb.ac.be/socio/colloqueIS/
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