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esprit libre

[à l'université]
 
 
 
L'ozone recto verso

L'été est passé. Quelques beaux jours ont rimé avec pics d'ozone dépassant la limite admissible pour la santé. Faut-il attendre placidement les prochains pics en hiver, alors que différentes études montrent que nous sommes disposés à changer nos comportements en faveur de l'environnement ?
Ainsi, l'eurobaromètre de juin 2005 indique que 85% des Européens sont prêts à payer plus cher pour des avions moins polluants. L'IBGE montre que 85% des Bruxellois sont conscients des problèmes de santé liés aux pics d'ozone, que 60% sont prêts à réduire l'utilisation de la voiture et que 38% le font déjà. Renoncer à l'emploi du 4x4 en ville et modérer l'utilisation de la voiture ne ferait plus peur. Comment traduire nos belles intentions en actes efficaces ?

Stratégie de la carotte

La prise de conscience, primordiale, des enjeux environnementaux par le citoyen a rarement été aussi grande. On peut la renforcer par la mise en évidence des résultats positifs déjà engrangés suite à des actions volontaristes. Ainsi, le rythme de réduction des substances appauvrissant la couche d'ozone dans la stratosphère devrait entraîner sa régénération vers 2050, qualifiée déjà du plus grand succès écologique de l'histoire contemporaine. On peut donc y arriver !

Protocole contre protocole

Depuis 1989, l'application du Protocole de Montréal régissant l'émission des substances nocives pour la couche d'ozone a entraîné la quasi disparition des CFC. Ce protocole a souvent été amendé pour tenir compte de l'évolution des recherches scientifiques et techniques et des usages en cours dans la société. Depuis 2002, la nouvelle bête noire est un pesticide agricole, le bromure de méthyle, très utilisé dans les pays du Sud. Pour l'éradiquer sans pénaliser l'agriculteur, la recherche de molécules de substitution est engagée. Alors que l'approche pragmatique du Protocole de Montréal porte ses fruits, le Protocole de Kyoto, par contre, est bien plus mal engagé.

Kyoto, mal adapté ?

Réduire les émissions de gaz à effet de serre en dessous des niveaux de 1990 est un objectif qui ne pourra être atteint en 2012. Un élève aussi assidu que l'Union européenne l'annonce d'ores et déjà. Pour réussir, il faudrait fortement changer nos modes de vie et de production, solution irréaliste dans l'immédiat tant pour les citoyens que pour les industriels. Le protocole est en décalage par rapport à de nombreuses réalités sociales et économiques. Les industriels se ruent donc vers les pays en développement pour l'achat de " permis de polluer " (*) et l'automobiliste attend toujours des alternatives. L'UE espère que la part des biocarburants atteindra 5 % à l'horizon 2010. En 2003, ils ne représentaient que 0,6%... En supposant que cela soit une bonne solution : leur combustion produit effectivement moins de polluants, entre autres les précurseurs de la production d'ozone, mais ne sont pas une solution pour l'émission de gaz à effet de serre et ils ne résolvent pas notre dépendance énergétique. En attendant, le trafic augmente : depuis 1990, le trafic aérien augmente de 4,5% par an en Europe et Bruxelles est plus que jamais encombrée quotidiennement par 450.000 voitures...

Tous les regards se tournent vers le politique. C'est à lui que revient en dernier ressort la responsabilité d'inciter, de motiver, de convaincre et de sévir. Une pression politique plus forte et des incitants envers les industriels est souhaitable pour qu'ils proposent moteurs et carburants plus appropriés. Parallèlement, un soutien plus ambitieux à la recherche, un amendement rapide du Protocole de Kyoto, une politique de mobilité cohérente, sont quelques points urgents à l'agenda de nos mandataires politiques. C'est à ce prix que s'acquiert une adhésion active du citoyen !

Mohamed El Aydam

ActuSciences, Openscience, Inforsciences
Marie-Jo Gama
ActuSciences, Openscience, Inforsciences

" Journée internationale pour la protection de la couche d'ozone ", " Semaine européenne de la mobilité ", " En ville, sans ma voiture! "... Autant de rendez-vous, devenus traditionnels au mois de septembre, appelant le citoyen européen à faire sa " rentrée environnementale ".



Ozone " d'en haut " et ozone " d'en bas "

L'ozone est une molécule de gaz constituée de 3 atomes d'oxygène (O3). Bien que présent en très faible quantité dans l'atmosphère, il joue un rôle important et paradoxal. Il se trouve à 90% dans la stratosphère, entre 15 et 50 kms d'altitude, les 10% restants dans la troposphère, entre le sol et 10 kms.
L'ozone stratosphérique est essentiel car il forme un écran au passage des rayons UV du soleil. Il peut être détruit par des réactions chimiques de certaines molécules comme les CFC (chlorofluorocarbones), sous l'action des rayons solaires. L'émission de ces molécules est régie par le Protocole de Montréal depuis 1989.
L'ozone troposphérique est nocif pour la santé et peut entraîner de graves désagréments pour des personnes fragiles. Considéré comme " polluant secondaire ", il est formé à la faveur de belles journées ensoleillées et de substances issues de la combustion incomplète de l'essence ou du diesel (composés organiques volatils, oxydes d'azote...). Ces substances, connues pour leur rôle dans " l'effet de serre ", doivent être limitées dans le cadre du Protocole de Kyoto depuis 2005.

Pour en savoir plus: www.brudisc.be/openscience

(*) Voir Il y a du changement dans l'air, Esprit libre, n° 28, 2005

 
  ESPRIT LIBRE > OCTOBRE 2005 [ n°34 ]
Université libre de Bruxelles