[page précédente]    [sommaire]    [page suivante]  
esprit libre

[à l'université]
 
 
 
L'archéologie du 3e millénaire

Se mettre ensemble pour s'ouvrir aux autres sciences. Tel était l'objectif du Centre de recherches archéologiques de l'ULB lors de sa création en 2001. Il fallait alors répondre à la demande de rationalisation de la recherche émanant des autorités de l'ULB et aux évolutions de la science archéologique elle-même.

Aujourd'hui, 50 enseignants-chercheurs - qu'ils soient archéologues, anthropologues, historiens, géologues ou encore linguistes - issus de cinq des sept facultés de l'ULB, 25 chercheurs-doctorants, 5 chercheurs post-doctorants et plusieurs chercheurs sous contrats extérieurs travaillent désormais sous l'égide du CReA. Le centre dispose également d'un technicien-archéologue, d'un paléoenvironnementaliste et de deux infographistes, et il contribue à la formation des futurs archéologues en organisant des stages. La structure favorise ainsi l'apprentissage par la pratique, les échanges et la construction de projets scientifiquement ambitieux.

Choisir et découvrir ensemble

Les médias parlent souvent du célèbre chantier de Pachacamac au Pérou. Il n'est pourtant pas nécessaire de parcourir des milliers de kilomètres pour faire des découvertes : rien qu'en Belgique, les chantiers en cours sont nombreux. À tel point que l'ouvrage publié récemment par le CReA est loin d'être exhaustif : il présente et illustre en détails certains sites belges et étrangers et quelques programmes d'études.

S'il est difficile de présenter la totalité des chantiers du CReA et de ce qui a pu être mis au jour, comment alors opérer une sélection parmi les sites potentiels ? " Cela dépend d'abord des crédits dont nous disposons, explique Didier Viviers, directeur du CReA et vice-doyen de la Faculté de philosophie et lettres. Ensuite, nous nous concentrons sur les chantiers les plus intéressants sur le plan scientifique. En Belgique, la possibilité de comparer les sites entre eux et la corrélation avec nos thématiques de recherche - la céramique, les études paléoenvironnementales, les reconstitutions en 3D et la paléoanthropologie - font office de critères de sélection ".

En 5 ans, le CReA a poursuivi les chantiers qui ont précédé sa naissance et a commencé de nouvelles campagnes de fouilles : pour son compte, seul ou en partenariat avec d'autres universités, mais aussi pour le compte des Régions bruxelloise (Cellule archéologie de la Direction des monuments et sites) et wallonne (Direction de l'archéologie de la Division du patrimoine). Ces collaborations ont été grandement facilitées par la création même du CReA.

Les fouilles... et après

Toute fouille est par définition un travail minutieux et donc, un processus de longue haleine. À Apamée, en Syrie, l'ULB est étroitement associée aux fouilles depuis 1965. Depuis plus de 40 ans donc, la cité antique distille ses secrets en matière d'urbanisme romain. Les campagnes de fouilles s'y succèderont. Il faut cependant préciser que ce ne sont pas forcément les fouilles qui durent le plus longtemps. Alors qu'elle venait de passer 3 mois sur un chantier, Valérie Decart, chercheuse sous contrat extérieur au Centre de recherches archéologiques (CReA), savait qu'elle passerait encore plus de temps à étudier les pierres bleues d'Ecaussines et autres morceaux de carrelages anversois mis au jour près de la chapelle du château de Boussu. " Le travail post-fouilles peut en effet prendre plus de temps que les fouilles elles-mêmes, explique Didier Viviers. Il faut étudier les résultats, en faire part dans une publication scientifique, et penser à la mise en valeur. N'oublions pas que fouiller, c'est détruire ".

Comme c'est le cas dans bien des disciplines, les technologies sont à l'origine de l'évolution de la science archéologique. Avant toute fouille, la télédétection et la recherche géophysique permettent de " voir " ce qui se cache sous terre avant même de commencer à creuser. De même, la modélisation en 3D après numérisation permet de reconstruire virtuellement un vase, un élément architectural et même une cathédrale. Cette technique aide les archéologues à tester des hypothèses de restitution et présente un intérêt didactique pour le grand public.

Désormais liée à des disciplines aussi diverses que la céramologie (analyse typologique combinée à un examen chimique ou pétrochimique qui permet de déterminer le lieu et l'atelier de production de ces objets), l'infographie, la topographie, la botanique, l'ingénierie..., l'archéologie n'a pas fini d'évoluer. En s'adaptant à cette évolution et en renforçant ses collaborations internes et externes, le CReA mène plus que jamais à bien ses missions de recherche, d'enseignement et de services à la collectivité en contribuant à la conservation du patrimoine archéologique belge et mondial.

Amélie Dogot


Du château de Chimay à la cité antique d'Itanos au Nord-Est de la Crète, la passion de la découverte conduit les archéologues du Centre de recherches archéologiques de l'ULB aux quatre coins du monde. Cinq ans après sa création, le CReA célèbre son anniversaire avec une publication, véritable " photographie instantanée " de quelques chantiers et études en cours.



Plus d'info ? http://www.ulb.ac.be/philo/crea

L'archéologie à l'Université libre de Bruxelles (2001-2005). Matériaux pour une histoire des milieux et des pratiques humaines, collection Études d'archéologie 1, Bruxelles, CReA, 2006, 208 pages.

 
  ESPRIT LIBRE > OCTOBRE 2006 [ n°43 ]
Université libre de Bruxelles