Lui-même afro-américain, Michael Ray Charles joue avec le motif de la figure noire pour créer une imagerie stéréotypée qu'il dénonce, en obligeant le spectateur à prendre conscience des autres cultures.

Les premières oeuvres de l'artiste sont bidimensionnelles, des toiles rappelant les publicités des années trente aux Africains rieurs. Dans l'esprit du marketing de l'époque, l'image de l'africain était utilisée pour faire la promotion de produits comme le cirage, les bananes et le chocolat. Les tableaux que peints Michael Ray Charles contiennent une foule d'informations qui ne se laisse pas analyser en un seul coup d'oeil.

Archétypes

L'exposition à la Salle Allende mettra l'accent sur l'oeuvre tridimensionnelle, plus récente, de Michael Ray Charles et s'articulera en particulier autour d'une installation de sculptures exécutées dans un matériau moins durable que le bronze, mais très évocateur de l'oeuvre de l'artiste : le chocolat.

L'idée que le chocolat reste encore associé à la couleur de la peau des Africains est omniprésente. Une atmosphère mystique se dégage de cette installation plongée dans une pénombre qui n'est pas sans évoquer l'esprit des catacombes. Les figures y sont représentées dans différentes poses parmi des pots en terre cuite. Elles représentent une population de personnages aux grandes têtes africaines.

Michael Ray Charles utilise des images archétypales pour ces têtes : on distingue une tête égyptienne au front allongé, une tête hellénistique aux traits expressifs ou encore une tête sud-africaine aux grandes lèvres. L'avènement de l'esclavage a estompé les archétypes : un africain est un nègre, et, par conséquent, un représentant d'une minorité où il n'y pas de place pour l'aspect hétérogène.

David Wyckaert

ULB Culture
L'exposition se tiendra à la Salle Allende - 22 av. Paul Héger, 1050 Bruxelles - du 14 novembre au 20 décembre 2003, du lundi au samedi de 11h à 16h.
Entrée libre
Renseignements : David Wyckaert, 02 650 65 80