Relations entre universités : miser sur les collaborations
Esprit Libre : Vous avez été désigné comme vice-recteur en charge des relations institutionnelles. Dans quel contexte s'inscrit votre mission
?
Yves Roggeman : L'ULB, comme toutes les universités de la Communauté française, est de plus en plus amenée à collaborer avec ses homologues
belges et étrangers. C'est d'ailleurs le message principal de la réforme dite de Bologne : mettre en place des collaborations
entre les acteurs de la recherche et de l'enseignement supérieur. Mais ces collaborations ne vont pas naître de rien : il
faut les initier, les animer. C'est dans cet esprit que l'ULB s'est dotée d'un vice-recteur en charge des relations institutionnelles.
Esprit Libre : Dans votre titre, il y a les mots " relations " et " institutions ". Qu'entend-t-on par là ?
Yves Roggeman : Ma fonction porte sur les trois missions traditionnelles de l'Université : enseignement, recherche et services à la collectivité.
Je serai donc amené à susciter des collaborations pour ces trois missions. Si les universités ont une longue tradition de
collaboration en matière de recherche, les partenariats en matière d'enseignement et de services restent encore aujourd'hui
peu nombreux. Quant aux institutions visées, ce sont bien sûr les universités mais aussi les hautes écoles, les acteurs de
la recherche, les pouvoirs publics...
Esprit Libre : Collaborer avec vos collègues sera aussi une priorité dans votre travail ?
Yves Roggeman : Oui, je souhaite travailler en articulation directe avec les vice-recteurs et conseillers qui ont les matières traitées dans
leurs compétences. Mon rôle est d'initier la collaboration, d'ouvrir le dialogue et de coordonner les actions et le suivi
spécifique ; mes collègues prendront le relai pour la mise en oeuvre.
Esprit Libre : Votre mission nous conduit directement à une nouvelle structure de collaboration : l'Académie universitaire Wallonie-Bruxelles,
dont vous êtes par ailleurs le secrétaire...
Yves Roggeman : L'Académie universitaire Wallonie-Bruxelles est en effet un bel exemple de structure de collaboration. Le décret prévoit que
toute académie organise dorénavant la formation doctorale : on se trouve là dans le champ à la fois de l'enseignement et de
la recherche. L'académie est également là pour organiser les missions que ses composantes - l'ULB, l'Université de Mons-Hainaut
et la Faculté polytechnique de Mons, en ce qui nous concerne - veulent mettre en commun. Dans cet esprit, un groupe de travail
construit actuellement un centre de didactique supérieure, visant l'aide à la réussite des étudiants. Des projets de formation
continuée sont également à l'étude.
Esprit Libre : Les universités se sont également organisées en pôles avec les hautes écoles. Serez-vous, là également, amené à intervenir
?
Yves Roggeman : Oui, dans une dynamique de collaborations, le Pôle universitaire européen de Bruxelles Wallonie et son équivalent hennuyer,
le Rhésu, sont les premiers interlocuteurs. Nous serons certainement amenés à réfléchir autour des passerelles entre les universités
et les autres institutions d'enseignement supérieur : hautes écoles, écoles supérieures des arts et instituts supérieurs d'architecture.
C'est d'ailleurs une matière que je connais bien puisque j'avais été chargé par le Cref (Conseil des recteurs de la Communauté
française) de la construction des premières passerelles. Notre objectif est bien sûr de présenter aux étudiants une offre
d'enseignement de proximité la plus large possible, avec de réelles possibilités de poursuites d'études.
Esprit Libre : Vous vous êtes installé sur le campus de Parentville, siège jusqu'alors du vice-rectorat à la politique wallonne. Faut-il
voir là un changement de cap ?
Yves Roggeman : Comme le recteur le déclarait récemment dans un quotidien : il y a dix ans, le terme " Vice-rectorat à la politique wallonne
" était approprié. Aujourd'hui, personne ne songerait à nier que nous sommes un partenaire wallon à part entière. Le prochain
défi est d'établir un Eurotriangle, reliant Bruxelles-Charleroi-Mons-Lille-Valenciennes. C'est dire que la Wallonie - et en
particulier le Hainaut - a un rôle-clef à jouer dans ce processus. Je serai amené à interagir beaucoup avec l'Académie universitaire
Wallonie-Bruxelles dont le secrétariat est installé sur le campus de Parentville, et dont un des objectifs est de faire de
Charleroi, un véritable pôle universitaire.
Nathalie Gobbe
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Homme de dossiers, Yves Roggeman connaît bien l'enseignement supérieur. Il a notamment été vice-recteur aux affaires académiques
et directeur de cabinet adjoint auprès de la ministre Dupuis, alors en charge de l'enseignement supérieur et de la recherche
scientifique. Le Conseil d'administration de septembre l'a désigné comme vice-recteur en charge des relations institutionnelles
à l'ULB. Un nouveau titre et une mission novatrice que le vice-recteur nous définit...
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