Alice Hecht
La diplomatie au service de la paix
Esprit libre : Vous êtes diplômée en sciences sociales à l'ULB. En entamant vos études, aviez-vous d'emblée le désir de mener une carrière
au sein d'une organisation internationale ?
Alice Hecht : Je pensais déjà à l'ONU pendant mes études. À l'époque, les organisations internationales étaient moins nombreuses et il était
nettement moins compliqué d'y entrer qu'aujourd'hui. Nous sommes d'ailleurs quatre de ma promotion à s'être retrouvés aux
Nations unies. À la fin de mes études, j'ai eu la chance d'être recrutée par le Centre de la population et de la famille -
qui dépendait de l'Institut de sociologie de l'ULB - pour y faire des études démographiques sur la Belgique. Cette expérience
dans le domaine de la démographie a clairement joué en ma faveur lors de mon engagement à la Division de la population du
Département des affaires économiques et sociales des Nations unies. J'ai donc quitté la Belgique pour m'installer de l'autre
côté de l'Atlantique en 1974.
Esprit libre : En 32 ans, quels événements, quelles missions vous ont particulièrement marquées ?
Alice Hecht : Quand je travaillais au Département de la coopération technique en tant que chef adjoint du Service administratif dans les
années 80, je me suis rendue au Vietnam. J'ai été fascinée par la manière dont ce pays se rlevait alors qu'il était complètement
isolé du reste du monde. Ce n'était pas le Vietnam d'aujourd'hui, on pouvait encore y voir les restes de la colonisation française
et de la période américaine. De 1992 à 2003, d'abord au sein de la Commission spéciale, puis de la Commission de contrôle,
de vérification et d'inspection des Nations unies, j'ai travaillé avec les inspecteurs du désarmement des armes de destruction
massive en Irak. Le fait d'être si près du contexte politique international à travers ces inspections m'a particulièrement
marquée.
Esprit libre : Vos différentes fonctions à l'ONU vous ont donc menée au quatre coins du monde...
Alice Hecht : J'ai voyagé en Afrique, en Asie, principalement au Bengladesh et au Vietnam quand je travaillais dans la coopération technique.
Ensuite, quand je m'occupais de la logistique au Département des opérations de maintien de la paix, j'ai été au Sahara occidental,
pays en crise depuis plus de trente ans. Après l'Irak, j'ai été directrice de la Division de l'administration de la Mission
d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo pendant deux ans. Et plus récemment, je me sui rendue en République
démocratique du Congo.
Esprit libre : Vous avez été nommée chef du protocole par Kofi Annan en janvier dernier. En quoi consiste ce poste ?
Alice Hecht : Ce poste consiste à entretenir la liaison entre le secrétariat de l'ONU et les missions des 192 pays membres qui sont représentés
à New York. Je m'occupe également des aspects protocolaires du travail officiel du secrétaire général : organisation des visites
de chef d'État, des assemblées générales, de la nomination du secrétaire général, etc.
Esprit libre : Avec la récente élection de la Belgique au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent, vous allez sans doute côtoyer
plus de Belges...
Alice Hecht : J'ai déjà rencontré Guy Verhofstadt et Karel De Gucht à plusieurs reprises. Lorsque que j'ai pris mes fonctions de chef du
protocole en janvier 2006, ils sont tous les deux venus en visite officielle aux Nations unies. Le hasard a voulu que mes
premiers visiteurs à accueillir soient donc des Belges ! Avec l'arrivée du nouveau secrétaire général, le ministre des Affaires
étrangères sud-coréen, Ban Ki-moon, qui prendra la place de Kofi Annan à partir du 1er janvier, je suis persuadée que ces
deux membres du gouvernement belge reviendront très bientôt. Et en ce qui concerne les autres Belges présents à New York,
les membres de la section new-yorkaise de l'Union des anciens étudiants se retrouvent une fois par an à l'occasion de la Saint-Verhaegen.
Esprit libre : Revenez-vous régulièrement dans votre pays natal ? Quels aspects de la Belgique avez-vous tenu à faire connaitre à votre fils
?
Alice Hecht : Je reviens en Belgique pour un long week-end environ tous les trois mois. Même après trente ans, j'ai toujours gardé contact
avec ma famille et j'ai conservé de très bons amis à Bruxelles. Mon fils de 29 ans est né à New York où il est aujourd'hui
policier mais il connait bien la Belgique car il m'a souvent accompagnée. J'ai tenu à ce qu'il apprenne le français et il
le parle d'ailleurs très bien. Quand il était petit, je l'emmenais à la mer du Nord tous les étés. La vie quotidienne en Belgique
est très agréable et lui aussi y a de très bons souvenirs. Pour nous, la Belgique est synonyme de vacances et nous sommes
donc toujours très contents d'y revenir.
Amélie Dogot
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Née à Ixelles en juin 1949, Alice Hecht a quitté la Belgique pour rejoindre l'Organisation des nations unies à New York en
mars 1974. Après avoir joué un rôle actif dans de nombreuses missions de terrain au coeur des conflits internationaux, Alice
Hecht est désormais à la tête du Service de liaison et du protocole, un poste extrêmement important pour la diplomatie multilatérale
où chaque détail compte.
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