Le programme européen de mobilité d'étudiants Erasmus fête ses quinze ans. L'ULB a donc décidé de remettre les insignes de docteur honoris causa à quatre "pionniers" qui ont contribué à la mise en œuvre et au succès de ce programme : Angélique Verli, Hywel Ceri Jones, Domenico Lenarduzzi et Alan Smith.

Au cours de cette même cérémonie, les facultés et instituts de l'université ont attribué des doctorats honoris causa à des personnalités pour leurs mérites scientifiques et moraux. De plus, le président de la Commission européenne, Romano Prodi, s'est vu remettre la médaille de l'université.

L'ULB a voulu associer à cet événement les universités du réseau Unica, qui regroupe les universités de pratiquement toutes les capitales européennes et qui fut créé à l'initiative de l'ULB au début des années 90.

Comme l'a expliqué le recteur Pierre de Maret dans son discours d'éloge, en conférant le titre de docteur honoris causa de l'université à quatre acteurs emblématiques d'Erasmus, l'ULB a souhaité honorer en même temps le programme lui-même, l'équipe qui l'a conçu et mis en œuvre et, enfin, la Commission européenne "à qui revient le mérite d'avoir posé, par la coopération et la mobilité, les fondements d'une Europe éducative, malgré un mandat initial étriqué, dont l'éducation était la grande absente".

Extraits

Esprit libre vous propose quelques morceaux choisis, extraits du discours de Pierre de Maret.

"Le 15 juin 1987, le programme Erasmus est donc créé. Il va familiariser tous les établissements - et plus seulement quelques institutions d'excellence - à la coopération européenne dans le domaine de l'éducation et à une mobilité structurée, intégrée au cursus étudiant et institutionnalisée. Il ne s'agissait plus pour quelques individus brillants ou fortunés de prolonger leurs études à l'étranger, mais pour un grand nombre d'étudiants de bénéficier d'une période d'études en Europe, se substituant au parcours dans leur université d'origine et reconnue par celle-ci".

"En créant Erasmus en 1987, ses fondateurs ont fait œuvre de visionnaires ; on mesure aujourd'hui à quel point la dynamique induite par Erasmus était déjà empreinte de tous les défis actuels : apprentissage tout au long de la vie, lisibilité, visibilité, comparabilité des cursus et des systèmes d'enseignement supérieur, contrôle de qualité, etc. Le processus de Bologne et les bouleversements de l'Espace européen de l'éducation auxquels nous assistons s'inscrivent dans le droit fil d'Erasmus".

"Les quatre personnalités à qui nous allons remettre les titres et les insignes de docteur honoris causa ont été des bâtisseurs, au sens de la Renaissance, où l'architecte était aussi maître d'œuvre et maître maçon. Ils ont contribué à bâtir l'espace européen de l'éducation. Avec leurs rêves, leur imagination, leur ardeur, leur détermination, leur truelle et leur mortier."

"La marche de l'histoire, la construction de l'Union européenne, ne suffisent pas à expliquer un tel accomplissement, une telle réussite. Il a fallu, au départ, la vision, l'imagination, la volonté, la conviction, l'intelligence, la générosité, et aussi la force de travail, la force de persuasion et - pourquoi pas ? - le pouvoir de séduction, qui caractérisent ces quatre personnalités pour dépasser le rêve, l'utopie, pour que l'idée devienne action, que l'œuvre se structure, se déploie et fasse sens."

"Nul n'ignore, dans les sphères européennes et académiques, votre efficacité, votre modestie, l'approche rigoureuse, le bagage théorique dont vous avez talentueusement habillé votre motivation européenne pour qu'elle s'adapte à la culture et aux valeurs académiques profondes, terreau privilégié du renouveau de la pensée."

"Si la figure historique de la Passionaria n'était pas empreinte d'intolérance et de dogmatisme, j'aurais eu plaisir à reprendre l'expression en votre honneur, Madame Verli, pour souligner votre force de conviction et le courage dont vous avez dû parfois faire preuve pour affronter des assemblées houleuses d'universitaires bien décidés à ne rien changer de leurs habitudes séculaires."

"Devant tous les publics, aux quatre coins du continent, vous avez mis votre passion et vos talents d'orateur au service de la cause européenne, en sachant que le dialogue entre les Universités - parce qu'il permet un dialogue entre les savoirs, les cultures, et entre les jeunes - était un fondement essentiel de l'Europe de demain, un merveilleux outil au service de la paix et de la démocratie."

"Toute la politique européenne de l'apprentissage tout au long de la vie, la validation des acquis éducatifs et professionnels se sont construites sur la trame que vous aviez conçue dès la fin des années 80, sur votre approche visionnaire, humaniste et démocratique. A ce titre, vous méritez la gratitude et l'estime de tous ceux qui croient au "capital humain" comme facteur de progrès et luttent pour l'équité et la cohésion sociale."

Nicolas  Van den Bossche

Doctorats honoris causa des facultés et instituts de l'ULB

Faculté de philosophie et lettres
Carlo GINZBURG
Professeur à l'University of California, Los Angeles