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Universités francophones : bientôt à l'heure européenne

Pierre de Maret, recteur de l'ULB, a tenu à marquer sa satisfaction : " Il était grand temps de sauter dans le train des réformes, au plus grand bénéfice des étudiants ", a-t-il déclaré. Et cela pour s'aligner sur le reste de l'Europe. En effet, inspiré par la déclaration de Bologne de 1999, ce projet de décret contribue à l'harmonisation des formations et grades en vue de reconnaissances mutuelles dans l'espace européen élargi à 40 pays.

Concrètement, l'objectif est de faciliter le passage des étudiants d'une université à l'autre, d'un pays à l'autre et, pour les diplômés, de faciliter la recherche d'un emploi dans n'importe quel pays européen. Ceci implique d'améliorer la lisibilité et la comparabilité des systèmes d'enseignement, des programmes et des diplômes, par une organisation harmonisée.

Une nouvelle structure d'études

Cette mobilité sera favorisée par un système de crédits (qui remplacent les anciennes " heures de cours ") pouvant être valorisés dans les universités européennes (dont les universités belges naturellement). Une nouvelle structure d'études est mise en place avec un premier cycle de trois ans menant au grade de bachelier, suivi d'un deuxième cycle de un an ou deux (selon le degré d'approfondissement souhaité par l'étudiant), la maîtrise.

Le troisième cycle universitaire mènera au grade de docteur à l'issue d'une formation spécifique et après soutenance d'une thèse. Pour que notre enseignement supérieur reste performant au niveau européen, Françoise Dupuis a souhaité jeter les bases de collaborations entre universités, notamment en les regroupant au sein de trois académies autour de l'ULB, de l'UCL et de l'ULg. Pour exemple, L'ULB sera associée à l'Université de Mons-Hainaut et à la Faculté Polytechnique de Mons.

" Les académies ne sont pas des corsets ", a souligné Françoise Dupuis, " elles obligent à envisager un certain nombre d'opérations ensemble pour être plus grands, plus visibles et plus efficaces ". La première tâche des académies consistera en l'organisation conjointe des doctorats.

Les autres établissements d'enseignement supérieur - Hautes écoles, Instituts d'architecture ou Écoles des arts - pourront comme par le passé conclure des conventions de partenariat avec une université ou une académie, si ils le souhaitent. C'est donc le cas des Hautes écoles constituées récemment en pôles autour des universités.

Des craintes écartées

Françoise Dupuis, appuyée par les recteurs, considère que le spectre de la privatisation est écarté parce que le politique a repris l'initiative par rapport à l'enseignement privé en réaffirmant la garantie d'un enseignement public et en refinançant les universités à hauteur de 20 millions d'euros. Un refinancement bienvenu : faut-il rappeler le " fameux milliard des recteurs ", réclamé à cor et à cri par les universités depuis de nombreuses années suite à l'évolution du nombre des étudiants et à celle des conditions d'apprentissage ?

Le système de financement proposé corrigera l'impact des modifications de structure sur le financement des différents établissements. " Nous avons tout recalculé, dit Françoise Dupuis, pour préserver les équilibres budgétaires des universités, notamment celles accueillant des boursiers ". L'enveloppe budgétaire contient désormais une partie fixe, révisable, à concurrence de 25 % de l'enveloppe, la partie variable restant comme aujourd'hui répartie en fonction de la moyenne du nombre d'étudiants finançables. Ces dispositions invitent aux collaborations autant qu'à accueillir les étudiants en grand nombre.

Le challenge de la mobilité

Reste bien sûr la question de la mobilité des étudiants. L'absence de financement pour les séjours à l'étranger tend en effet à privilégier les étudiants favorisés. Sur ce point, la ministre rassure en soulignant que le décret prévoit que l'université qui exigerait la mobilité de ses étudiants devrait s'engager à leur en fournir les moyens. Et de reconnaître que des efforts restent à faire et " qu'on y travaille d'arrache-pied " tout en précisant que la mobilité sera favorisée par une meilleure lisibilité des diplômes par la hausse de l'enveloppe des programmes Erasmus et par des mesures d'immersion linguistique.

Isabelle Pollet


Avec l'accord en gouvernement le 22 octobre dernier sur son avant-projet de décret favorisant l'intégration de notre enseignement supérieur à l'espace européen, Françoise Dupuis a fait franchir un pas important aux universités francophones dans le cadre du processus de Bologne. Une fois soumis aux concertations officielles (Hautes écoles, étudiants, syndicats...), le projet devrait être approuvé en décembre et entrer en vigueur à la rentrée 2004.



L'avant-projet de décret est consultable sur le site de la ministre à l'adresse : http://www.francoisedupuis.be

Vous avez dit Bologne ?

Pour présenter les profondes modifications auxquelles l'enseignement supérieur a à faire face et les réformes entreprises dans le cadre du processus de Bologne, une séance d'information se tiendra le 17 février à 19h45 à la maison de l'UAE. Thèmes abordés : la raison d'être du processus ; les objectifs ; la teneur et les grandes lignes de la mise en oeuvre de la réforme prioritairement en Communauté française.

Lieu : Maison de l'UAE, Campus de la Plaine Boulevard du triomphe Accès 4 - 1050 Bruxelles. Inscriptions par fax 02 650 56 66, par téléphone 02 650 51 52 ou par mail : uae@ulb.ac.be.

 
  ESPRIT LIBRE > DECEMBRE 2003 [ n°18 ]
Université libre de Bruxelles