Chaque mois, l'ULB et son Union des anciens étudiants éditent un magazine intitulé "Esprit libre". Pour permettre au plus grand nombre de le lire, notamment nos diplômés séjournant à l'étranger, nous vous proposons ici une version "Web" du magazine. Pour des raisons de simplicité et pour vous éviter le chargement de fichiers trop lourds, cette version a sa mise en page propre dans laquelle nous avons choisi de ne garder que les textes et de ne pas reprendre les illustrations.

En 1945, peu après l'explosion de la première bombe atomique, Albert Camus signait un article prophétique dans Combat : " Il va falloir choisir, nous disait l'auteur de La Peste, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques. " La dégradation rapide de notre écosystème lui a amplement donné raison : il fallait... il faut choisir. Et si, en 1945, on pouvait encore s'interroger sur l'avenir, soixante ans plus tard, ce luxe-là n'est plus de mise. Pour ma part, j'ai vu, au cours de mes activités d'anthropologue, à quoi nous mènent l'économisme forcené, la science sans conscience, l'expansion à n'importe quel prix et la marchandisation cynique du monde. C'est pourquoi je suis très enthousiaste, très heureux, à l'idée que notre communauté universitaire se soit inscrite résolument dans la dynamique du développement durable. De quoi s'agit-il ? En quelques mots, d'un " développement qui puisse répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ". Pour mettre en oeuvre cette ambition vitale, il s'avère indispensable d'abandonner les retranchements dans les tours d'ivoire institutionnelles, les activités autarciques et les domaines réservés : tout le monde, sans exception, est concerné par la qualité de l'air, de l'eau, de l'alimentation, par les nuisances sonores, par la mobilité, la conservation de la nature et des ressources énergétiques. Bref : par la vie, tout simplement.

Dans la foulée de cette prise de conscience, une nouvelle notion est apparue : la transversalité. En d'autres termes : comment initier une meilleure gestion de notre environnement collectif en impliquant et en coordonnant activement chacun de ses acteurs ? Nous avons donc créé, au sein de notre Conseil d'administration, un groupe de travail " Développement durable " qui a efficacement planché et a remis ses conclusions le 24 novembre. Sept grands axes ont été retenus : réaliser un état des lieux de la situation prévalant au sein de notre Université, développer un programme d'amélioration environnementale, sensibiliser, former et responsabiliser notre Communauté universitaire, mettre en oeuvre de bonnes pratiques de gestion environnementale, constituer une interface avec des partenaires extérieurs, et - condition sine qua non - assurer le suivi et la coordination de ce programme en remettant chaque année un rapport approfondi sur l'état de la situation.
Dans cet effort, nous ne sommes pas seuls, puisque notre Région s'est dotée d'outils très efficaces, et je songe notamment à l'Institut bruxellois de gestion de l'environnement (IBGE) qui a institué un label " Entreprise écodynamique " auquel nous pouvons et nous devons prétendre.

L'effort à mener est très important, à commencer par la création d'une structure-relais chargée de la coordination et permettant le dialogue des différentes composantes de notre Maison avec un interlocuteur unique. Oui, il va falloir remettre en question pas mal de nos attitudes, revoir notre façon de procéder, être rigoureux. Peu importe ! Car si nous pouvons jeter nos mouchoirs, remplacer nos essuie-glaces, changer de vêtements ou convertir nos ordinateurs, il n'y a pas de Terre de rechange.

Pierre de Maret
Recteur