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esprit libre

[à l'université]
 
 
 
Le CHU Brugmann tient la forme

Esprit Libre : Le CHU Brugmann semble se porter comme un charme, est-ce le cas ?
Daniel Désir : N'exagérons rien ! Toutefois, Brugmann s'achemine gaillardement vers son centenaire, un âge plutôt respectable pour un hôpital. Sa santé est en effet relativement bonne car il ne présente pas de souci financier aigu à court terme, alors que d'autres centres hospitaliers connaissent actuellement des situations beaucoup plus alarmantes. Sans doute parce que le CHU bénéficie d'une série d'atouts non négligeables comme celui d'être, depuis sa fusion avec d'autres, le plus grand centre hospitalier de l'agglomération bruxelloise. Un effet de taille plutôt favorable dans ce cas.

Esprit Libre : N'existe-t-il vraiment aucun point noir ?
Daniel Désir : De l'extérieur, le paysage hospitalier semble un peu tendu et morose, il faut le concevoir. Mais néanmoins, il s'agit souvent de facteurs externes, inhérents à tous les hôpitaux et non spécifiques à Brugmann. Je pense par exemple à la difficulté de maintenir le personnel infirmier au travail, de manière stable et à long terme. Ces personnes viennent volontiers chez nous, et dans tous les autres hôpitaux aigus, mais elles ne restent pas et réorientent leur carrière car le volume de travail se révèle trop lourd. Je pense également au numerus clausus qui va nous priver de jeunes médecins, et ce dans des proportions importantes. Une situation absurde, amenée par le gouvernement et par les organisations syndicales de médecins, alors que les expériences menées dans d'autres pays industrialisés ont bien démontré le manque total de résultats probants de cette mesure.

Esprit Libre : Tous les hôpitaux publics de la région bruxelloise sont dorénavant mis sous la tutelle directe du Conseil d'administration d'IRIS. Comment avez-vous vécu ce changement de statut ?
Daniel Désir : La gestion hospitalière est une tâche tellement complexe que cette soi-disant modification de statut ne se confirme pas dans la réalité. Cependant, il demeure indispensable de développer un travail d'équipe, en particulier pour se défendre vis-à-vis des pouvoirs publics. C'est là qu'on apprécie l'utilité de pouvoir bénéficier de la force d'un holding, afin de mettre en oeuvre des projets d'envergure ou de pouvoir argumenter avec plus de poids, tout simplement. Le rôle de la tutelle d'IRIS est donc d'éviter toute dérive, mais le directeur général demeure, dans la pratique, chargé de prendre beaucoup de décisions concrètes pour la gestion de Brugmann. Devoir rendre des comptes et de ne pas pouvoir faire n'importe quoi ne signifie pas obligatoirement une perte de la capacité d'initiative.

Esprit Libre : Après neuf années de travaux, vous venez d'inaugurer deux nouveaux bâtiments pour les unités d'urgences, de soins intensifs et de maternité. Voilà une bien belle grossesse !
Daniel Désir : C'est effectivement la fin de la première phase. Elle ne pourra cependant jouir pleinement de la dynamique de changement et de la technologie de pointe des bâtiments et des unités, qu'après la construction de la seconde phase. À ce moment seulement, Brugmann bénéficiera de ce nouveau concept regroupant, sur une surface relativement réduite, tous les services d'hospitalisations aigues. Nous redistribuerons alors l'espace de façon optimale entre les autres services, tout en restant attentifs à la sauvegarde de l'héritage de Victor Horta, l'architecte du site original.

Laurent Cortvrindt


À une époque où certains centres hospitaliers semblent s'enrhumer, le plus grand hôpital public de la Région de Bruxelles-Capitale présente un bilan plutôt satisfaisant. Il vient d'ailleurs d'accoucher de nouvelles installations dernier cri, confortant ainsi son statut de fer de lance du pôle Nord d'IRIS. Esprit Libre a saisi l'occasion pour revenir sur l'actualité du secteur, en compagnie du directeur général de l'établissement, Daniel Désir. Diagnostic.



Brugmann en chiffres
Le CHU Brugmann résulte de la fusion des hôpitaux publics de Laeken (site Victor Horta), de Schaerbeek (site Paul Brien) et de Jette (site René Magritte). Un groupement hospitalier universitaire lié à l'ULB, à la VUB et aux Hautes écoles Francisco Ferrer et Paul-Henri Spaak, qui offre à la population un service médical complet (excepté la neurochirurgie, les transplantations d'organes et la radiothérapie) pour tous les âges de la vie. Mais le CHU, c'est aussi une excellence en chirurgie cardiaque, en chirurgie de la main et en grossesse à haut risque, une capacité totale de 1170 lits et 1810 équivalents de temps-plein. Sur une année, on peut totaliser 64.000 visites aux différentes gardes, 17.000 admissions à l'hôpital et 220.000 consultations pour une somme de 160.000 journées d'hospitalisation avec un taux d'occupation globale de 83%.

 
  ESPRIT LIBRE > DECEMBRE 2003 [ n°18 ]
Université libre de Bruxelles