Chaque mois, l'ULB et son Union des anciens étudiants éditent un magazine intitulé "Esprit libre". Pour permettre au plus grand nombre de le lire, notamment nos diplômés séjournant à l'étranger, nous vous proposons ici une version "Web" du magazine. Pour des raisons de simplicité et pour vous éviter le chargement de fichiers trop lourds, cette version a sa mise en page propre dans laquelle nous avons choisi de ne garder que les textes et de ne pas reprendre les illustrations.

Le rôle social de l'Université. Sujet bateau si on veut voyager sur les océans de la dialectique abstraite, et radeau de la Méduse pour les obsédés de la rentabilité à court terme.

Pour ce qui concerne l'ULB, il s'agit au contraire d'une réalité, d'une exigence de tous les jours. Le dossier " les enfants pas comme les autres " qu'aborde ce numéro - de même que les actions menées par notre service de tutorat ou encore le travail interdisciplinaire mené sur les " médicaments intelligents " permettant de lutter contre le cancer - en constituent quelques exemples éloquents et nous avons légitimement le droit de nous en montrer fiers. C'est que notre Université n'est pas exclusivement axée sur la transmission des connaissances, mais aussi sur un intense travail de recherche et une ouverture active au monde. En effet, nous avons appris que notre devise " Scientia vincere tenebras ", la science vaincra les ténèbres, reste un voeu pieux (si on me permet l'expression dans cette Maison) tant que des objectifs précis d'utilité sociale et de travail sur la société ne sont pas fixés à l'usage qui est fait des moyens scientifiques.

Ce double flambeau de la recherche et de l'ouverture, du coeur et de la raison, devra nous éclairer plus puissamment encore dans les années à venir. En effet, d'une part, l'évolution démographique interne de notre personnel académique va s'accélérer dans les années à venir : la génération du " Papy Boom " va céder la place aux générations montantes. Et d'autre part, l'internationalisation croissante de notre communauté étudiante va se poursuivre. Aujourd'hui, un quart de notre population étudiante est d'origine étrangère, provenant de 130 nations différentes. Demain, nous commençons à l'apercevoir avec les effets de la réforme de Bologne, ce nombre et cette qualité croîtront encore.

Qu'est-ce que ces changements nécessitent très concrètement ?

D'abord, il nous faudra transmettre à ceux qui arrivent cet esprit social, cette dimension philosophique et cosmopolite, cette volonté d'être utiles à l'humanité, et en même temps, l'adapter aux changements du monde. Ensuite, nous devrons poursuivre notre combat pour obtenir les moyens que nécessite une grande Université située au coeur de l'Europe, en renforçant parallèlement nos coopérations avec le monde universitaire, tant au sein de la Communauté française Wallonie-Bruxelles, qu'avec nos partenaires européens et internationaux.

Nous avons vécu ces dernières années des changements très importants qui ont modifié nos structures et nos comportements. Or, tout indique que cette évolution-là va se poursuivre. Aussi, je propose que nous réfléchissions tous activement à la façon de pérenniser notre rôle d'Université sociale, et à la manière de renforcer pratiquement cette dimension unique qui conjugue la liberté de penser avec la volonté de rayonner au service du progrès de l'humanité.

Si nous voulons préserver ce bien commun, le chantier est ouvert...

Pierre de Maret
Recteur de l'ULB