Chaque mois, l'ULB et son Union des anciens étudiants éditent un magazine intitulé "Esprit libre". Pour permettre au plus grand nombre de le lire, notamment nos diplômés séjournant à l'étranger, nous vous proposons ici une version "Web" du magazine. Pour des raisons de simplicité et pour vous éviter le chargement de fichiers trop lourds, cette version a sa mise en page propre dans laquelle nous avons choisi de ne garder que les textes et de ne pas reprendre les illustrations.

En matière de vérités, toujours revoir sa copie ! Fut une époque, en effet - on était au coeur des " Golden Sixties " - où régnait un credo bien partagé et politiquement correct : grâce aux progrès rapides de la science, les grandes é pidémies seraient bientôt éradiquées de la planète. Les événements qui suivirent se chargèrent hélas de démentir ces perspectives quelque peu utopiques. Or, au beau milieu de ces années 60, ne se fiant sans doute pas trop à cette vision enchanteresse de l'avenir, le Conseil d'administration de l'ULB décidait, sur proposition de la Faculté de médecine et pharmacie, de créer une École de santé publique. Réunissant les Laboratoires d'hygiène, de médecine du travail et de statistique médicale, l'École devait très vite grandir, et dé velopper une approche multidisciplinaire devenue essentielle au fil des ans : l'épidémiologie.

C'est ainsi que, créée en des temps plus sereins, avec deux siècles de médecine sociale pour vigie historique, l'École de santé publique constitue en 2004 un outil de référence pour s'attaquer aux nouveaux fléaux de l'ère contemporaine. Menaces liées à un environnement dégradé, pauvreté, pandémies, manque d'accès aux soins, ou encore risques cardiovasculaires et effets du stress, notre École joue sur ces différents terrains un rôle apprécié. Devenue également un centre d'excellence dans le domaine de la prévention, elle s'affirme comme un acteur majeur dans des domaines aussi divers que la recherche, l'enseignement et les services à la collectivité.

Le cadre d'action de l'École dépasse largement les frontières de la Belgique et de l'Europe. Mentionnons le soutien apporté à des formations, comme le DEA en nutrition à Dakar, le programme de santé publique au Bénin ou encore les recherches sur les systèmes de santé menées à Cuba ou au Nicaragua. Par ses projets d'aide humanitaire, via le CEMUBAC, en république démocratique du Congo, au Sénégal et au Burkina, l'École s'inscrit dans le cadre d'une indispensable solidarité Nord-Sud. Citons encore ses masters internationaux, particulièrement réputés, qui attirent un grand nombre d'étudiants et contribuent ainsi au rayonnement de l'ULB.

Si nous pouvons nous montrer légitimement fiers de ces résultats, il n'est é videmment pas question de nous reposer sur nos acquis. Il s'agit au contraire d'aller de l'avant en compagnie de nos partenaires et aussi de relever des dé fis récurrents. Des exemples éloquents et récents sont ainsi mis en lumière par les travaux menés par l'École sur la problématique de la maladie grave chez l'enfant ou encore sur la santé et le bien-être des jeunes et des adolescents. Nos recherches montrent, ici comme ailleurs, l'importance d'une approche franchement et résolument transversale, approche qui caractérise la philosophie et les méthodes de notre École depuis ses origines.

Aujourd'hui, alors que s'ouvrent les frontières et que naît un espace européen intégré de la recherche et des études, cette richesse et cette expérience peuvent s'avérer très utiles au bien commun. C'est pourquoi nous entendons bien développer encore le champ de nos compétences. Jeter, par-dessus les anciennes barrières, des ponts transdisciplinaires qui nous permettront de continuer à jouer le rôle qui est le nôtre : travailler à l'avenir de nos sociétés, avec pour seule certitude qu'il se chargera de nous remettre constamment en question.

Pierre de Maret
Recteur